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Valverde, l'incessant rêve d'arc-en-ciel

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 30/09/2018 à 12:22 GMT+2

MONDIAUX INSSBRUCK - Voilà quinze ans qu'Alejandro Valverde joue les premiers rôles sur les championnats du monde. Recordman de médailles (6), l'Espagnol ne s'est toutefois jamais paré du maillot irisé. A 38 ans, les Mondiaux autrichiens sont sans doute sa dernière chance. Et si c'était enfin la bonne ?

Alejandro Valverde regarde la joie de Paolo Bettini, sacré champion du monde 2006 à Salzburg devant Erik Zabel et lui

Crédit: Getty Images

Il y a quinze ans, un jeune coureur espagnol éclaboussait la fin de saison de son talent, avec une 2e place sur la Vuelta et une médaille d'argent aux Mondiaux. Je me rappelle encore de la stratégie alors parfaite de l'Espagne, de ce démarrage foudroyant d'Igor Astarloa qui avait privé une jeune pépite nommée Alejandro Valverde d'un titre mondial sur le circuit canadien d'Hamilton.
Ce n'était que partie remise pensait-on. A 23 ans, complet au possible, on imaginait voir le Murcien se parer un jour d'arc-en-ciel. Il me paraissait alors inconcevable qu'il ne gagne pas le Mondial. Pourtant, ce jour ne viendra peut-être jamais. Il n'aura d'ailleurs rarement été aussi près, à l'exception de 2005, à Madrid, où il lance trop tôt son sprint face à Tom Boonen. Là encore, on pensait qu'il aurait le temps.
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Alejandro Valverde (Espagne), battu au sprint par Tom Boonen (Belgique), lors des Mondiaux 2005 de Madrid

Crédit: Getty Images

Mais en cyclisme encore plus qu'ailleurs, il faut savoir saisir ses secondes chances. Et celles-ci, l'Imbatido les a trop souvent laissées passer. C'est aussi ce qui fait la légende de l'Espagnol, ce qui le rend encore plus attachant que sa sympathie et sa disponibilité si rares pour un sportif de son envergure. Le grand public, celui pour qui le Tour est l'essentiel de la saison cycliste, a longtemps tardé à en prendre conscience, marqué avant tout par son côté calculateur, "gagne-petit" parfois, qu'il a parfois affiché sur les routes de juillet.
Les restes de sa suspension pour l'affaire Puerto ont joué bien sûr mais cela n'empêchait Contador (contrôlé positif) de bénéficier d'un certain capital sympathie. Mais ses larmes à l'arrivée de la 20e étape à l'Alpe d'Huez en 2015, au moment où il a compris qu'il monterait - enfin - le lendemain sur le podium du Tour de France, ont quelque peu contribué à le réconcilier avec le public français. Avec le public mondial.

Le Mondial, l'ultime accomplissement

Pourtant, plus que du Tour dont lui-même comme la grande majorité de ses supporters ont compris depuis longtemps qu'il ne le gagnerait pas, c'est bien des Mondiaux dont rêve le Murcien. Qui le hantent, même. Comment pourrait-il en être autrement ? Toujours favori, sur tous les parcours, toujours attendu, il a presque toujours répondu présent, récoltant six médailles. Un record. Mais aucune d'elles n'a été en or.
Pour le meilleur et pour le pire, l'Espagnol semble destiné à ne jamais décrocher le titre. Avec le temps, Alejandro Valverde s'est transformé en Poulidor des Championnats du monde. L'histoire d'un champion qui avait tout pour gagner, qui a parfois - souvent - été le plus fort mais qui n'aura jamais franchi l'ultime marche. Celle qui changent les champions en légende.
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Alejandro Valverde (Espagne), 3e des championnats du monde de cyclisme sur route 2012 à Valkenburg

Crédit: Getty Images

La faute parfois à d'incroyables stratégies d'équipes. Je n'aurais jamais cru possible de voir un tel scénario que celui des Mondiaux 2013 à Florence. En tête dans le dernier tour en compagnie de J. Rodriguez, NIbali et Rui Costa, il fait le jeu de l'équipe espagnole lors que le Catalan sort à 4km de l'arrivée. Mais il oublie de suivre le Portugais dans le final et c'est ce dernier qui va décrocher la timbale, lui son coéquipier d'alors à la Movistar.
Ce soir-là, je pensais que Valverde avait laissé passer sa dernière chance d'être champion du monde. Sa meilleure, surtout. Mais le Murcien a l'art de nous étonner, l'art d'en vouloir toujours plus, de surprendre alors qu'on ne pensait plus ça possible. Après sa chute et sa grave blessure sur la 1re étape du Tour l'an dernier, j'étais persuadé que sa carrière était finie. Et pourtant. Non seulement il s'en est relevé mais il est redevenu ce champion qui brille sur tous les terrains.
Depuis 2015, il ne manque plus qu'un seul accomplissement à l'Espagnol pour briguer le statut de meilleur coureur du XXIe siècle : le titre mondial. Un sacre qui pourrait bien l'attendre dimanche à Innsbruck.
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