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Mondiaux 2020 - Julian Alaphilippe, meilleure carte des Bleus à la forme incertaine

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 27/09/2020 à 02:04 GMT+2

MONDIAUX 2020 – Leader désigné de l’équipe de France, Julian Alaphilippe sera évidemment la meilleure chance tricolore de ramener un titre mondial pour la première fois depuis Laurent Brochard en 1997. Mais la forme "incertaine" du fer-de-lance français et ses résultats frustrants sur les Mondiaux laissent planer quelques doutes sur la stratégie tricolore.

Julian Alaphilippe lors du Tour de France 2020.

Crédit: Getty Images

"Ce n’est pas pour faire de l’intox : Julian Alaphilippe sera le coureur protégé mais il ne sera pas le leader unique." Les mots de Thomas Voeckler sont clairs. Le sélectionneur français n’est pas décidé à ne jouer que la carte Alaphilippe lors des prochains championnats du monde. Pourtant, sur le papier, le tracé du circuit d’Imola, en Italie, correspond très bien aux caractéristiques du double vainqueur de la Flèche Wallonne (2018, 2019), avec deux côtes assez courtes mais très pentues.
En l’absence de Pinot et Bardet, le coureur de la Deceuninck-Quick Step semble le seul Tricolore à même de ramener le maillot arc-en-ciel à la maison, ce titre tant recherché par l’équipe de France depuis celui de Laurent Brochard à San Sebastian en 1997. Mais le natif de Saint-Amand-Montrond n’est pas aussi flamboyant que l’année passée et ses derniers résultats, en 2020 comme sur les dernières éditions des championnats du monde, poussent Thomas Voeckler à de la retenue.

Le Tour, libérateur mais aussi inquiétant

"Le maitre mot, c’est humilité, expliquait-il à l’annonce de la sélection sur FranceTélévisions. Je vais parler franchement : ne pas s’enflammer. Rester à notre place. Ce serait faire preuve de suffisance de penser qu'on est favori. Objectivement, en ce moment, il y a plus fort que la France sur un type de parcours comme ça." Autant dire que l’ancien double porteur du maillot jaune (2004 et 2011, dix jours à chaque fois) doute de la capacité de Julian Alaphilippe à se défaire à la pédale des principaux favoris.
L’an dernier, à Harrogate, mais aussi à Innsbruck et à Bergen, l’équipe de France n’avait pas une seule seconde hésité à miser toute sa stratégie sur le coureur de Montluçon, sur des coureurs qui lui semblaient pourtant moins favorables et malgré d’autres cartes possibles intéressantes (Démare en Norvège mais surtout Pinot et Bardet en Autriche). "On ne fera pas sept coureurs pour Julian parce que, ça, on ne peut le faire que lorsqu’on a un seul coureur capable de briller, explique Voeckler. Il y a huit coureurs, une équipe articulée autour de Julian Alaphilippe, mais il ne sera pas leader unique et ça ne sera pas lui rendre service que de le désigner comme leader unique." Ce statut qui lui semblait promis, Alaphilippe l’a-t-il perdu sur le Tour ?
Pourtant, le puncheur de la Deceuninck-Quick Step avait entamé la Grande Boucle de la meilleure des manières en s’imposant sur la 2e étape à Nice, son premier succès de la saison, et en portant trois jours le maillot jaune. On pensait alors le natif de Saint-Amand-Montrond libérer et parti pour réussir un Tour de France aux plusieurs victoires d’étapes. Il n’en a rien été. "Ce n'était pas le même Julian qu'en 2019", expliquait le sélectionneur pour L’Equipe après le Tour. Souvent échappé, souvent dans le bon coup même, le Français s’est trop souvent fait piéger, lorsqu’il n’a pas tout simplement été distancé à la pédale, y compris sur des terrains qui semblaient taillés pour lui (Sarran, Villard-de-Lans).
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Trois cols puis le show Alaphilippe : Le résumé de la 2e étape

"En revanche, je suis sûr que physiquement et mentalement, il est beaucoup, beaucoup moins fatigué que l'an dernier", rassure Thomas Voeckler, conforté dans ses propos par le principal intéressé. "C’est difficile d’être sur la réserve mais j’ai vraiment la sensation d’avoir fini fatigué mais pas totalement épuisé comme l’année dernière, expliquait Julian Alaphilippe. C’est ce que je voulais. Après, ça ne voudra pas dire que tout va bien fonctionner mais, en tout cas, j’ai l’impression d’avoir fait le maximum." Suffisant pour rassurer sans aucun doute le sélectionneur mais pas de quoi l’inciter à ériger le Tricolore en fer-de-lance de l’équipe de France. "Julian ne m'en voudra pas dans la mesure où l'équipe de France est outsider, où on a d'autres coureurs de talent...", tempère le sélectionneur.

Si près mais si loin sur le Mondial

Effectivement, sur le papier, l’équipe de France se présente à nouveau avec une formation solide, notamment en ce qui concernera la première partie de course. "On a des Valentin Madouas, des Guillaume Martin et des gars pour faire le job comme Nans Peters, Quentin Pacher ou encore Kenny Elissonde et Julien Bernard pour le premier tiers de course", expliquait Voeckler à l’annonce de la sélection. Des coureurs solides, capable de briller sur le Tour à l’image de Guillaume Martin (11e du général) où de Nans Peters, vainqueur à Loudenvielle (9e étape).
Mais voir Martin ou Madouas, les lieutenants de luxe annoncés d’Alaphilippe, être sacrés dimanche relèverait d’un énorme exploit, bien plus gros que celui réussi par Mads Pedersen l’an passé à Harrogate. Si le Danois était déjà passé près de la gagne sur un Monument (2e du Tour des Flandres en 2018), cela n’a jamais été le cas des deux Tricolores, même si le puncheur de la Groupama-FDJ peut se targuer d’avoir joué la gagne sur l’Amstel Gold Race l’an passé (8e). Ce niveau de performance-là, seul Julian Alaphilippe le connait.
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Julian Alaphilippe, lors de la course en ligne des Mondiaux - 29/09/2019

Crédit: Getty Images

Le coureur de Montluçon est aussi le seul à déjà avoir brillé sur un championnat du monde, auquel il a participé à quatre reprises. Erigé en leader de l’équipe de France depuis 2017, le Tricolore a pour autant rarement répondu aux attentes. A Bergen, pour ses premiers Mondiaux comme favori, il passe à l’attaque dans le dernier tour mais se fait rattraper, sans regret, à 2km de l’arrivée.
En revanche, 2019 et, surtout, 2018 laissent de vrais goûts amers. Centrée autour de lui à Harrogate, l’équipe de France avait vu son leader exploser il y a un an, sans peser sur la course. Et, à Innsbrück, Thibaut Pinot et Romain Bardet s’étaient sacrifiés au pied de ka dernière ascension pour finalement voir Alaphilippe…exploser avant même la fin du relais de Bardet ! Sur le papier moins fort qu’en Autriche, à l’image de son leader, l’équipe de France ne veut pas reproduire la même erreur et tenter d’exploiter plus de cartes. Même si la meilleure reste finalement toujours la même. "Si Julian est à 100 %, c'est notre meilleure carte", avoue Thomas Voeckler. Reste à espérer que la 5e fois soit la bonne pour le coureur de Montluçon.
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