Valverde voit en Alaphilippe son successeur : “Il a déjà fait la preuve de son grand talent”

"Nous ne serons pas là pour toujours." Alejandro Valverde (Movistar) a beau être le papy le plus résistant du peloton, lui aussi sait bien qu’il faudra un jour passer la main à une nouvelle génération. Et, s’il est prêt à aller chercher une cinquième victoire sur Liège-Bastogne-Liège, le roi des Ardennaises a identifié quelques candidats à sa succession… au premier rang desquels il place Julian Alaphilippe (Quick-Step Floors).

"(Dylan) Teuns est aussi très bon mais Alaphilippe me plaît vraiment beaucoup comme coureur", nous a expliqué Valverde la semaine dernière sur le Tour d’Abou Dabi, épreuve où sa science de la victoire a finalement eu raison de la fougue d’Alaphilippe (3e au sommet de Jebel Hafeet, 4e au général). "Il y a d’autres bons jeunes, évidemment, les générations changent, mais je crois que ces deux-là sont les plus forts. Et Alaphilippe a déjà fait la preuve de son grand talent."

Depuis 2006 et ses premiers triomphes à Huy et Liège, Alejandro Valverde a eu son lot de grands rivaux. Il cite Rebellin et Gilbert aux premiers rangs d’entre eux (les deux seuls à avoir remporté une même année l’Amstel, la Flèche et Liège, mais Rebellin l’a fait en 2004, avant l’émergence de Valverde, et Gilbert en 2011, lorsque Valverde était suspendu). Il évoque ensuite Dan Martin et Julian Alaphilippe, ses dauphins les plus persistants ces dernières années. De cette brochette, le Français est le seul coureur de moins de 30 ans (nettement, il en aura seulement 26 cet été).

Au même âge, Alejandro Valverde s’avançait seulement vers ses premiers succès sur la Flèche et la Doyenne, conquis lors de son 26e printemps. Depuis, il a triomphé de la Flèche cinq fois et levé les bras à quatre reprises à Liège, un score cumulé supérieur à celui du grand Eddy Merckx (cinq Liège, trois Flèches). "Julian est fait du même bois que Valverde", appuie son directeur sportif Geert Van Bondt, "mais avoir un tel palmarès, ce n’est pas évident."

Il fallait évidemment rapporter au principal intéressé les louanges de Valverde. Elles lui ont tiré un sourire - "ah bon, il a dit ça ?" -, à moins qu’il ne s’agisse d’un rictus d’effort, en plein échauffement pour le contre-la-montre du Tour d’Abou Dabi. L’adoubement prononcé par Valverde est flatteur par essence. Mais il ne répond pas aux aspirations d’Alaphilippe.

Le Français est là pour battre son aîné, qu’il retrouvera bientôt en course. Valverde fait l’impasse sur Paris-Nice mais les deux hommes ont rendez-vous début avril, sur le Tour du Pays basque. Viendra ensuite l'heure des retrouvailles sur les Ardennaises.