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PARIS-ROUBAIX - Vingt-deux ans après, la France attend toujours le successeur de Guesdon

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 13/04/2019 à 14:28 GMT+2

PARIS-ROUBAIX – Après en avoir gagné quatre fois en sept ans, la France n’a plus triomphé dans l’Enfer du Nord depuis la victoire de Frédéric Guesdon, en 1997. Et, malgré l’arrivée d’une nouvelle génération performante sur les pavés, elle n’en a jamais semblé aussi loin.

Arnaud Démare (Groupama-FDJ) sur les pavés lors de l'étape de Roubaix sur le Tour de France 2018

Crédit: Getty Images

Lorsque Frédéric Guesdon a levé les bras sur le vélodrome de Roubaix un après-midi d’avril 1997, après avoir devancé au sprint des cadors comme Johan Museeuw et Andreï Tchmil, la France n’est déjà plus la reine de l’Enfer du Nord qu’elle avait été entre 1988 et 1994. En six éditions, elle en remporte trois, plaçant toujours au moins un coureur dans le top 4 et s’offrant même un doublé en 1991 avec le succès de Marc Madiot devant Jean-Claude Colotti. Mais en ce dimanche 13 avril 1997, la victoire de Guesdon remet les Tricolores sur le devant de la scène de Paris-Roubaix et les 26 ans du coureur de La Française des jeux laissent entrevoir un futur brillant. Il n’en sera rien, pour lui (un seul top 10 ensuite, 7e en 2006) comme pour les Français.
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1997 Paris Roubaix Frédéric Guesdon

Crédit: AFP

Depuis dix ans, c’est même globalement la soupe à la grimace, avec seulement sept coureurs à avoir accroché le top 10 de l’épreuve. Et, à l’exception de Sébastien Turgot (Europcar) en 2012, aucun n’est monté sur le podium. En 2011, c’est même Frédéric Guesdon, pourtant 41 ans au compteur, qui finissait meilleur Français, à la 11e place. Pire, l’an dernier, il n’y avait qu’un seul Tricolore parmi les quarante premiers (Sarreau, 26e). Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir vu passer des coureurs prometteurs, voire même parfois performants, sur pavés. On pense ainsi à Sylvain Chavanel, 2e du Tour des Flandres 2011 et 7e de Paris-Roubaix 2009, qui a tardé à se consacrer aux classiques et qui a également été bridé à sa plus belle époque chez Quick-Step. Mais les "déceptions" sont surtout venues de la récente génération.

Une génération 90-91 sans confirmation

Difficile de ne pas évoquer le cas d’Arnaud Démare, promu leader de cette génération tant par son titre mondial chez les Espoirs en 2011 que par ses résultats professionnels, à l’image de sa victoire sur Milan - SanRemo 2016. Quatrième de l’épreuve espoirs, le Picard est chaque année le chef de file de la Groupama-FDJ sur les Flandriennes mais, s’il brille parfois sur les classiques de préparation comme Gent-Wevelgem (3e et 5e), il tarde à confirmer ses prédispositions sur l’Enfer du Nord. Seule sa 6e place en 2017, récoltée au sprint à une vingtaine de secondes du vainqueur, laisse entrevoir un espoir pour le Français..
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Arnaud Démare dans un sprint sur Paris-Roubaix

Crédit: Getty Images

De la même génération (2e derrière Démare des Mondiaux espoirs 2011), Adrien Petit (Direct Energie) était lui moins attendu mais a su, à son niveau, régulièrement répondre présent sur Paris-Roubaix. Avec deux tops 10 au compteur (10e en 2016 devant Sagan, 9e en 2017). Mais c’est bien son coéquipier - plus expérimenté (il est né en 1986) - au sein de l’équipe vendéenne, Damien Gaudin, qui a attisé le plus de rêves. Vainqueur de l’épreuve espoirs en 2007, il signé des tops 25 sur ses trois premières participations avant de se hisser à la 5e place en 2013, battu au sprint pour le podium. Une performance qui laissait penser qu’il pourrait peut-être s’imposer un jour. Sauf qu’il n’a plus jamais connu le top 30 de l’épreuve depuis… Sur le Tour des Flandres dimanche dernier, les trois hommes ont été les trois meilleurs Français. Ils se sont tenus en cinq places et 22’’… au-delà de la 20e place. Tout un symbole.

Confirmer ou passer le flambeau

Bien sûr, surtout en ce qui concerne Petit et Démare, le temps n’est pas encore à la résignation, leur heure n’est pas encore passée. Mais, à respectivement 28 et 27 ans, il serait temps d’enfin confirmer leur capacité à jouer la gagne sur le Monument pavé. Jusqu’ici, ni l’un ni l’autre n’a été en mesure de le faire, que ce soit sur le Tour des Flandres ou sur Paris-Roubaix. Ils ne sont même jamais rentrés sur le vélodrome en jouant une place sur le podium, au contraire de Damien Gaudin. Si 2019 et 2020 confirmait cette tendance, il se pourrait bien que la génération 1993-1994 prenne le pouvoir. Et très vite.
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Damien Gaudin (Direct Energie) sur les pavés lors de l'étape de Roubaix, sur le Tour de France 2018

Crédit: Getty Images

Elle aussi a ses fers de lance, brillants chez les Espoirs et qui n’ont pas tardé à confirmer leurs prédispositions pour les classiques pavées. On pense ainsi à Hugo Hofstetter (Cofidis, 24 ans), 3e de l’épreuve Espoirs en 2015, 3e et 5e d’une semi-classique comme le Danilith Nokere Koerse et qui compte déjà trois participations à Paris-Roubaix (79e en 2018). On peut également évoquer Alexis Gougeard (AG2R La Mondiale, 26 ans), 2e chez les juniors, 5e de l’Het Nieuwsblad en 2016 et vu à l’avant dans l’Enfer du Nord en 2015 (26e).

Sénéchal, nouveau Chavanel ou Terpstra ?

Mais les deux meilleures cartes françaises pour le futur sont sans doute Anthony Turgis (24 ans) et Florian Sénéchal (25 ans). Le premier, coéquipier de Gaudin et Petit chez Direct Energie, s’est révélé il y a quinze jours en prenant la 2e place d’A Travers les Flandres, seulement battu au sprint par Mathieu Van der Poel. Prometteur malgré un Ronde bien plus compliqué (97e). De son côté, Sénéchal a tout d’une pépite. Vainqueur chez les juniors en 2011, neuvième de la course espoirs en 2012, à 18 ans (!), il compte déjà cinq participations à l’Enfer du Nord à son actif, dont une 17e place en 2015, à 21 ans seulement. Avant de confirmer l’année suivante avec une 12e place.
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Florian Sénéchal (Deceuninck-Quick Step) lors de Kuurne-Bruxelles-Kuurne 2019

Crédit: Getty Images

S’il n’a pas été sélectionné sur le Ronde pour mieux se consacrer à Paris-Roubaix, il devrait y être un des éléments-clés de la Deceuninck-Quick Step. Difficile toutefois de l’imaginer pouvoir jouer sa carte dès cette saison, tant les chances de voir les Stybar, Lampaert voire Gilbert et Asgreen lui être préférés sont grandes. Mais, avec le Danois, il est sans doute l’avenir de la formation belge sur les classiques pavées, qui n’hésite pas à lui faire confiance. Laisser la bride à un étranger ambitieux sur une course moins importante pour mieux la serrer en faveur de ses stars, la Deceuninck-Quick Step sait faire. Demandez donc à Sylvain Chavanel, qui a sans nul doute perdu le Tour des Flandres 2011 gagné par Nuyens, et d’une certaine manière le 2008 gagnée par Devolder, en raison de stratégie pro-belge de sa formation. Mais l’équipe de Patrick Lefevere a su jouer la carte étrangère sur les classiques pavées depuis quelques années, notamment avec Zdenek Stybar et Niki Terpstra. Un changement de statut qui sera nécessaire pour rêver remporter un Monument. Et alors, enfin, succéder à Frédéric Guesdon.
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