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Pinot : "En regardant le Tour à la télé, j’ai compris que je voulais y revenir à 100%"

Benoît Vittek

Mis à jour 25/03/2019 à 13:42 GMT+1

TOUR DE CATALOGNE - En 2019, Thibaut Pinot (Groupama-FDJ) change ses habitudes en quête d’un retour triomphal sur le Tour. Avant de se mesurer à un plateau des plus relevés en Catalogne, le dernier vainqueur du Tour de Lombardie s’est confié sur ses ambitions de la saison et la façon dont il aborde le rendez-vous toujours périlleux de juillet.

Thibaut Pinot

Crédit: Getty Images

Il a fini par lâcher le mot. Après avoir parlé de se "faire plaisir" ou encore de n’avoir "aucun regret à Paris", Thibaut Pinot a dessiné en creux un objectif plus concret pour son retour sur les routes du Tour de France, cet été : "Le podium, une fois qu’on l’a connu, on a envie d’y retourner de toute façon."
Pour y parvenir et tourner les pages de ses dernières désillusions juilletistes, le Franc-Comtois,, 3e en 2014, change ses habitudes avec un programme de course ajusté et des essais de préparation en altitude. "À 100% de mon potentiel, je sais très bien que je peux faire de belles choses sur le Tour", nous a-t-il expliqué depuis l’hôtel où loge la Groupama-FDJ à Calella pour le départ de la Volta a Catalunya, dernier objectif de début de saison avant de couper complètement en avril.
Quelles sont les sensations avant d’attaquer la Volta a Catalunya ?
Thibaut PINOT : J’ai bien fini Tirreno, donc c’est sûr que ça me met en confiance. La période de repos entre Tirreno et la Catalogne est très courte, même pas cinq jours, avec une journée de voyage… Ça fait vraiment très peu de repos mais je le savais et ça fait partie de l’enchaînement que j’avais préparé. J’espère être bien surtout à partir de mercredi et jeudi, pour les arrivées au sommet.
Concrètement, quels sont les objectifs ?
T. P. : À partir du moment où on vise les étapes qui arrivent au sommet, on vise forcément le général. Après… Quand on voit la liste de départ, il y a peut-être encore plus de niveau que sur un Grand Tour. La densité est impressionnante en termes de grimpeurs. On va se mesurer à tout ce monde-là et puis on verra où on se situe.
Vous avez déjà 16 jours de course au compteur, c’est beaucoup plus que l’an dernier (il avait seulement disputé le Tour du Haut-Var avant la Catalogne)…
T. P. : J’avais prévu de faire un bon bloc de mi-janvier à fin mars, avec le stage de pré-saison à Tenerife, deux mois et demi vraiment à bloc, où je suis tout le temps en déplacement et j’enchaîne les courses. Après la Catalogne, j’aurai une semaine ou dix jours de repos pour ensuite me préparer pour la deuxième partie : Tour de l’Ain, Dauphiné, Tour de France. Et enfin un programme autour des classiques italiennes. J’ai vraiment divisé ma saison en trois parties et dimanche prochain je finirai la première.
Ça fait partie de mes défauts, tomber malade quand il ne faut pas
Qu’est ce que vous retenez jusqu’à présent ?
T. P. : Le début de saison est bon. En termes de résultat, gagner le Haut-Var, c’était une bonne chose. C’est toujours important de gagner. Après, il y a eu du bon et du moins bon. Je suis tombé malade juste après le Haut-Var, ça m’a bien handicapé pendant deux bonnes semaines. Je n’ai pas pu évoluer à mon meilleur niveau à Tirreno et je dois me satisfaire d’une cinquième place. J’espérais un peu mieux quand même mais on va dire que ça fait partie de mes défauts, tomber malade quand il ne faut pas.
La nouveauté, c’est ce stage en altitude à Tenerife. Quel bilan vous en tirez ?
T. P. : Il s’agit de voir si l’altitude a vraiment un effet positif sur moi. Pour l’instant, on n’en a pas reparlé avec les entraîneurs et les directeurs sportifs pour savoir si on remettra ça en place durant le mois de mai. J’ai quand même évolué à un bon niveau à partir du Tour de Provence et du Tour de Haut-Var. Il y a du positif. Mais il y a aussi du négatif : je suis tombé malade ; est-ce que ça a un rapport avec l’altitude ou le fait de mettre son organisme à rude épreuve qui fragilise mes défenses immunitaires ? On ne sait pas trop donc on verra après la Catalogne. Pour l’instant, c’est trop tôt.
Entre grands rendez-vous du calendrier, objectifs à tenir et envies personnelles, comment est-ce que vous construisez votre calendrier ?
T. P. : De toute façon, en début de saison, on sait qu’on aura deux ou trois pics de forme. Pour moi cette année c’est assez simple : ces pics de forme sont assez éloignés entre mars, juillet et octobre, ça laisse pas mal de récupération. J’ai vu l’an dernier un modèle qui a bien marché : après le Giro, j’étais malade, j’ai fait trois semaines sans vélo et ça m’a permis d’évoluer à un très bon niveau à partir de septembre. On va dire que si je reproduis à peu près le même schéma au moment de ma coupure, sans être malade, ça amènerait à peu près à cette période du Tour de France.
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Thibaut Pinot tout sourire après sa victoire dans la 20e étape du Giro.

Crédit: Eurosport

On vous a au contraire connu stakhanoviste, déterminé à courir trop de lièvres…
T. P. : C’est important de se reposer, c’est aussi important que l’entraînement. C’est quelque chose que j’ai bien compris au fil des années. Des fois j’enchaînais toutes les courses jusqu’au Tour de Romandie et après j’avais du mal à remettre en route en vue du Tour de France parce que j’étais fatigué du début de saison. Là j’ai un mois d’avril vraiment light pour bien me reposer.
À 100% de mon potentiel, je sais très bien que je peux faire de belles choses sur le Tour de France, que ce soit un podium ou des victoires d’étapes.
Quand avez-vous déterminé que le Tour serait le grand rendez-vous de cette saison ?
T. P. : Je suis quelqu’un qui pense beaucoup et très tôt au calendrier. Quand j’ai appris que je n’étais pas sur le Tour de France l’an dernier, puis que j’ai vu devant ma télé, j’ai tout de suite compris que je voulais revenir sur le Tour de France pour être à 100%. Quand tu vois les performances que fait Alaphilippe l’an dernier, ça donne envie de revenir sur le Tour et de regoûter à ces joies. Ma plus grande émotion sur le vélo, ça reste ma victoire à l’Alpe d’Huez. Pour un grimpeur, c’étaient des émotions fortes.
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Après un nouveau numéro, Alaphilippe double la mise : l'arrivée de la 16e étape

Vous aviez besoin de vous retrouver dans cette situation de frustration, devant la télé, à se dire : "mince, j’ai envie d’être au Tour" ?
T. P. : Oui, bien sûr. C’est pareil pour tous les coureurs français, quand on est devant le Tour à la télé on est frustré. Il n’y a que cette course qui provoque ça. Ça fait deux-trois saisons que j’ai du mal à évoluer à mon meilleur niveau sur le Tour de France et ça j’ai envie d’y mettre fin.
Qu’est-ce que vous voulez faire sur le Tour ?
T. P. : Je veux me faire plaisir déjà, en pédalant, en étant fort comme je l’ai été sur la Vuelta. Une fois que je suis en condition, à 100% de mon potentiel, je sais très bien que je peux faire de belles choses sur le Tour de France, que ce soit un podium ou des victoires d’étapes.
Vous avez avancé différents objectifs sur le Tour au fil de votre carrière : classement général, victoires d’étapes, maillot à pois… Quelle peut être la bonne formule ?
T. P. : On va dire qu’avant je me projetais beaucoup sur le classement général… Maintenant, j’essaye de prendre un peu de recul, que le classement vienne un peu tout seul sans se mettre de pression au jour le jour. Je l’ai toujours dit : ma seule inquiétude, c’est de ne pas être à 100%, ou être malade… C’est ce qui fait que sur le Tour de France je n’ai pas été dans de bonnes conditions. Est-ce que c’était le fait d’arriver déjà fatigué sur le Tour ? C’est pour ça qu’on essaye de faire une pause avec ce nouveau schéma, voir si me reposer un bon coup au mois d’avril me permettra de ne pas être malade en juillet.
Quel discours vous tient-on au sein de l’équipe au sujet du Tour ?
T. P. : On a une équipe très forte au niveau du potentiel. En montagne ou sur le chrono par équipe, on sera très bien équipé. L’encadrement sait très bien qu’on a un groupe qui se tire vers le haut, qu’on va donner le meilleur de nous même, donc il n’y a pas de problème. C’est important aussi de ne pas avoir de regrets à Paris, d’évoluer à notre niveau. Le podium, une fois qu’on l’a connu, on a envie d’y retourner de toute façon.
La victoire sur le Tour ? Plusieurs personnes l’ont pensé à ma place, mais c’est normal.
Les souvenirs du Tour qui résonnent le plus fort en vous, ce sont ces moments de réussite, ou au contraire les galères vécues ?
T. P. : Le plus marquant, ce sont mes deux victoires d’étape, ce sont des moments forts mais aussi assez courts. On tourne assez vite la page, alors qu’un podium ça reste un peu plus longtemps… Après, une image qui me reste, c’est quand j’étais malade sur le Mont Ventoux en 2013. J’étais à 40 de fièvre, j’avais une angine blanche et j’ai monté le Ventoux dans un état pas possible. Cette douleur, je m’en rappelle aussi !
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Thibaut Pinot à l'Alpe d'Huez en 2015.

Crédit: Getty Images

C’est comparable à votre défaillance sur le dernier Giro ?
T. P. : Ah… Le Giro c’était à peine plus, après je suis quand même parti à l’hôpital. Mais là j’avais trouvé le Ventoux vraiment long (rires).
Le podium à Paris, en 2014, qu’est-ce qu’il représente?
T. P. : C’était un grand moment. Pour moi, c’était la première fois que je montais sur le podium d’un Grand Tour, en plus sur les Champs, avec le maillot blanc… Il y a eu beaucoup de choses. C’était un Tour de France assez difficile avec les pavés, du mauvais temps aussi pas mal. C’était la première fois que je visais le haut du classement sur un Grand Tour, avec la pression de jouer le podium. C’était vraiment fatigant et je me rappelle très bien qu’après ce Tour j’étais out un petit moment parce que la fatigue était assez énorme.
À ce moment-là, vous vous projetez sur la suite ?
T. P. : Moi, non. Mais c’est sûr qu’à 24 ans, quand tu fais podium et maillot blanc, forcément on te voit en jaune sur le podium dans les années futures. Plusieurs personnes l’ont pensé à ma place, mais c’est normal. Moi, j’ai toujours dit qu’il y avait une marche énorme entre faire podium sur le Tour et gagner. Si ça doit arriver, ça arrivera. Mais ce n’est pas une obsession pour moi pour l’instant.
Vous avez atteint l’an dernier un objectif que vous vous étiez fixé il y a longtemps avec des victoires d’étapes sur la Vuelta après celles sur le Tour et le Giro. Vous en avez d’autres comme ça ?
T. P. : Gagner sur les trois Grands Tours, j’en étais limite soulagé parce que je l’avais dans la tête depuis toujours. Je voulais aussi faire podium sur les trois Grands Tours, parce que les gagner c’est vraiment une marche au-dessus mais podium partout, j’ai les qualités pour le faire. Ce sera peut-être mon défi d’ici la fin de ma carrière.
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