Gilbert sur tous les front

Dernièrement, Philippe Gilbert s'est gentiment fait taper sur les doigts. Au détour d'une question, le coureur de Verviers a eu l'audace de dire qu'il n'était pas très fan du nouveau design du maillot de l'équipe Omega Pharma. Rien de bien méchant. Un gentil rappel à l'ordre du sponsor, rien de plus. De toute façon, Gilbert peut presque tout se permettre. C'est le patron. Il l'a encore rappelé samedi en remportant les Strade Bianche. Sur un terrain difficile et dans un contexte relevé, il a matés Ballan, Cunego, Cancellara et tous les autres, comme pour annoncer à tous, avant la campagne de classiques, que l'homme à battre, c'est lui.

Il avait bouclé 2010 par un succès majuscule, en Italie, lors du Tour de Lombardie. Une fois encore, la Botte lui sourit. "Ce sont deux victoires que je n'oublierai jamais.L'Italie est mon paradis. C'est un pays que j'adore, a-t-il d'ailleurs confié après sa victoire. J'ai accompli beaucoup de belles choses ici. Je suis content de revenir en Italie et de gagner à nouveau. Les Strade Bianche sont une très grande course.Rouler sur des chemins de terre, c’est très spécial. Cela me fait penser aux débuts de notre sport. Il est fondamental de bien rester concentré sur ce type de terrain. Je me suis servi des 60 derniers kilomètres comme d'un test grandeur nature." Test largement réussi, manifestement.

A 28 ans, Philippe Gilbert est aujourd'hui au sommet de son art. Dans la foulée de sa fantastique campagne 2010, il parait même capable d'aller encore plus haut cette année. Il a tout. Le talent, le Wallon l'a toujours eu. Mais il parvient depuis maintenant plusieurs mois à le sublimer. Et sa confiance est telle qu'il en impose à la concurrence. La marque des grands. "Il est vraiment très fort, admet Damiano Cunego, troisième samedi. Son démarrage a été mortel. J'ai tout donné, j'ai essayé de revenir, j'y suis presque arrivé, mais Gilbert avait un truc en plus."

Pour ne rien gâter, Il dispose, aussi, d'un groupe efficace autour de lui. "L’équipe a réalisé un gros travail avec Sieberg dans l’échappée, avant d’être remplacé par Hansen comme Sibi a été victime d’une crevaison", a estimé Roberto Damiani, le directeur sportif, dans les colonnes de La Dernière Heure. “Ensuite, Kaisen, Willems et Lang ont assuré la poursuite. Et dans le final, Reynes et Greipel ont bien guidé Philippe. Pour résumer : une grande équipe et un grand capitaine !” Un grand capitaine, qui voit s'avancer le printemps avec appétit. Il peut gagner sur tous les terrains d'ici la fin avril. "Maintenant, je vais ma concentrer sur Tirreno-Adriatico. Ce sera un moment important dans ma préparation pour Milan-Sanremo, le Tour des Flandres et Liège-Bastogne-Liège, trois courses que j'espère remporter", conclut Gilbert. Trois courses qui, pour l'instant, manquent encore à son palmarès. On ne serait vraiment pas étonné qu'il en épingle, au moins, une des trois.