La reine blanche

Evidemment, en cyclisme, le mois de mars, c'est Paris-Nice, Tirreno et plus encore Milan-Sanremo. Mais ce sont aussi les Strade Bianche. Disputée en Toscane, cette course emprunte les fameuses "routes blanches", totalement atypiques, d'un autre temps. Des portions de route non goudronnée, entre chemins de pierre et chemin de terre. Parfois comparée aux pavés du nord ou des Flandres, voire aux Ribinous bretons qui ont fait la gloire du Tro Bro Leon, les Strade Bianche ne ressemblent en fait à rien d'autre. D'où le caractère unique de cette épreuve.

Depuis son apparition au calendrier en 2007, la course toscane s'est taillé une jolie réputation. Grâce à son particularisme, mais aussi à la qualité de son plateau. Dès la première édition, il y a quatre ans, la victoire d'Alexandr Kolobnev, avec la deuxième place de Fabian Cancellara devant Alessandro Ballan, a donné le ton. Une nouvelle classique était née, d'emblée. Là-bas, loin des routes rectilignes et des autoroutes de la Vuelta, le cyclisme retrouve un peu de son parfum d'antan, du temps des pionniers. Pour ce sport, les Strade Bianche oeuvrent à la manière d'une madeleine de Proust.

Mais il est incontestable que l'étape du Giro, l'an dernier, a donné un relief supplémentaire à l'épreuve, de façon indirecte. Pour pimenter le premier tiers du Tour d'Italie, les organisateurs avaient choisi d'emprunter les Strade Bianche. Résultat, une étape dantesque, dans des conditions climatiques apocalyptiques. Impossible d'oublier ces visages maculés de boue, transis de douleur et de froid. Cadel Evans, maillot arc-en-ciel (dont ne voyait plus rien à vrai dire) s'y était imposé, Vincenzo Nibali abandonnant son maillot rose de leader à la suite d'une chute. Une des journées les plus épiques et les plus mémorables de ces 20 dernières années pour les amoureux du cyclisme. De celles qui vous rendent bien fades toutes les autres. De celles qui vous font dire, "on en redemande".

Du coup, cette édition 2011, qui se tient samedi, suscite une attente plus forte encore que les années précédentes. Il est peu probable que la course de ce week-end suscite autant d'émotions fortes que l'étape du Giro 2010, mais la liste des engagés a de quoi faire saliver. Les deux meilleurs coureurs de classiques de la planète, Philippe Gilbert et Fabian Cancellara, sont notamment au rendez-vous. "C'est une très belle course. Je l'ai déjà gagnée et je m'attends encore à une journée difficile mais intéressante samedi", a confié Cancellara, qui sera évidemment un des favoris, même s'il estime encore manquer d'un peu de tonus. "Je ne sais pas si ça suffira, ajoute le Suisse, mais la mission, c'est de donner le maximum".

Leopard Trek: Cancellara (Sui), Bennati (Ita), Posthuma (PB), Wegmann (All), O'Grady (Aus), A.Schleck (Lux)
Omega Pharma: Gilbert (Bel), Greipel (All)
HTC High Road: Cavendish (GB), Eisel (Aut), Albasini (Sui)
BMC Racing Team: Ballan (Ita), Evans (Aus), Hincapie (EU), Van Avermaet (Bel)
Lampre: Cunego (Ita)
Garmin-Cervelo: Hesjedal (Can), Farrar (EU), Hammond (GB)
Liquigas: Oss (Ita)
Farnese Vini: Visconti (Ita)