Chavanel au jour le rouge

Mardi, sur les hauteurs de la Sierra Nevada, Sylvain Chavanel, satisfait de son ascension finale qui lui avait permis d'endosser le maillot rouge, était heureux de tourner définitivement la page d'une Grande Boucle décevante. "J'ai vécu un Tour de France difficile mais, par chance, j'ai la possibilité de passer rapidement à autre chose. Je sais que je peux vivre une belle fin de saison et arriver aux Mondiaux en bonne forme. Mais d'abord, il y a la Vuelta et un maillot à honorer le mieux possible."

Ce paletot, le champion de France est parvenu à le conserver au prix d'un bel effort en préservant 9 secondes de marge sur l'Espagnol Daniel Moreno qui s'impose comme un lieutenant de choix pour son leader Joaquim Rodriguez, impressionnant dans les terribles pentes qui menaient à l'arrivée à Valdapenas de Jaen. Motivé par la perspective de garder ce maillot de leader qu'il avait porté une journée dans sa version or lors de l'édition 2008, Chavanel a couru avec ses moyens. Incapable de suivre les duettistes de la Katusha quand ils ont mis le feu aux poudres dans la portion à 23%, le Poitevin a fait le dos rond pour éviter de se mettre dans le rouge et caler ainsi dans la deuxième portion de la montée. Fort de son expérience, il s'est échiné à gravir la première moitié de la bosse à son rythme derrière les ténors avant de relancer l'allure dans les 500 derniers mètres où la pente se radoucissait.

Grâce à cette parfaite gestion du final, le protégé de Patrick Lefévère est donc parvenu à conserver 9 petites secondes de marge sur Moreno, 3e de l'étape. "La pente était trop dure pour moi. Heureusement que cela ne faisait pas plus d'un kilomètre", expliquait-il à l'arrivée conscient de devoir son salut à sa capacité à adapter son effort en fonction du terrain et de ses capacités physiques. Peu avant ce dernier coup de cul venu ponctué une journée disputée sur d'interminables montagnes russes, le champion de France avait déjà éprouvé ses limites. A deux kilomètres du sommet, dans la deuxième ascension de l'Alto de Valdepenas qu'il avait abordé à l'avant entouré de plusieurs de ses coéquipiers, Chavanel s'est soudain mis à reculer dans le peloton.

Le rythme imposé à l'avant par Capecchi et Caruso, qui chassaient derrière Moncoutié pour leur leader Vicenzo Nibali, soumettaient les organismes à un traitement de choc. Igor Anton et Dan Martin était alors à la limite de la rupture. Chavanel, conscient de l'impérieuse nécessité de basculer avec les meilleurs, a alors su se faire mal sans pour autant se faire exploser. "Je pense que je n'ai jamais aussi bien grimpé. Cela est sans doute dû à tout le travail spécifique que j'ai réalisé cette année en altitude", explique-t-il ainsi sur le blog qu'il tient quotidiennement sur le site cyclingnews.com. Après les deux jours tranquilles qui s'annoncent pour lui et son équipe jeudi et vendredi, il lui faudra au moins cela pour continuer à porter haut sa belle tunique sur la route de San Lorenzo De El Escorial où les ascensions difficiles ses succèderont.