Mollema, danger discret

Il y a tant de prétendants dans cette Vuelta qu'il est difficile d'évoquer tout le monde. Depuis le départ, on avait beaucoup parlé de Vincenzo Nibali, le tenant du titre. De Joaquim Rodriguez, dynamiteur annoncé. De Michele Scarponi, de Bradley Wiggins. Bauke Mollema, lui, a suivi son bonhomme de chemin sans faire trop de bruit durant les deux premières semaines. Mais sans la moindre fausse note, surtout. Résultat, à une semaine de l'arrivée à Madrid, le jeune Néerlandais est toujours là, en embuscade, et sa cote ne cesse de monter au fil des jours.

Samedi, au sommet des Lacs de Somiedo, Mollema a terminé dans un premier groupe aux côtés de Bradley Wiggins, Christopher Froome et Denis Menchov. Pendant que d'autres coinçaient plus ou moins sévèrement, de Kessiakoff à Nibali, de Fuglsang à Rodriguez, lui n'a pas cédé un pouce de terrain. Il compte toujours 36 secondes de retard sur Wiggins, mais il pointe désormais à la troisième place du général, derrière le tandem britannique de Sky, Wiggins-Froome. La question est maintenant de savoir ce qu'il peut espérer dans le derniers tiers de cette Vuelta. Garder sa position et s'offrir son premier podium dans un grand tour? Aller plus haut, encore, et succéder à Nibali au palmarès?

Chez Rabobank, on ne s'emballe pas. Chaque chose en son temps. Mollema a fini sur les rotules samedi, selon son directeur sportif, Erik Dekker. Il est déjà bien content d'avoir suivi Wiggins. "Bauke était à la limite et il m'a dit qu'il n'avait absolument pas les moyens d'attaquer dans les derniers kilomètres. Il était au maximum et on se contentera de ça, c'est déjà très bien. Les autres n'étaient pas très frais non plus", confie Dekker. La Vuelta est une course par élimination pour le moment. L'écrémage s'est essentiellement effectué par l'arrière, à l'image de la dernière ascension samedi. Tant qu'il ne coincera pas, ou en tout cas moins que d'autres, Mollema restera dans le coup.

Dimanche, il passera un test grandeur nature sur le terrible Angliru. C'est là, comme beaucoup d'autres, qu'il saura exactement ce qu'il peut viser. "On s'attend à une grosse offensive de Cobo dans l'Angliru", poursuit Erik Dekker. A 24 ans, Mollema manque encore de vécu sur les grands tours et sa faculté à tenir sur une troisième semaine alors qu'il est dans le coup pour la gagne demeure une interrogation. D'ailleurs, malgré sa présence dans le sillage des Sky au général, il est probable que Wiggins et Froome ne le considèrent pas comme leur principal adversaire. C'est en tout cas le sentiment du clan Rabobank. "Je pense qu'ils se préoccupent plus de Cobo que de Bauke, juge Dekker. Mais pour nous, ce n'est pas une mauvaise chose." Paradoxalement, Mollema continue de jouir d'une relative tranquillité. Jusqu'où?