Samedi, Froome s'attend "à un feu d'artifice"

Une seule chose sépare désormais Chris Froome de son premier sacre sur la Vuelta : l'Angliru. Le col le plus redouté d'Espagne fait un juge de paix idéal. La 19e étape, vendredi, n'a en rien modifié les positions au classement général et c'est donc avec une marge (relativement) confortable que le maillot rouge abordera cette terrible dernière échéance. Plus d'une minute trente de marge sur Vincenzo Nibali, a priori son dernier rival, ce n'est certes pas un matelas suffisant pour s'autoriser la moindre défaillance samedi, mais au vu de ce qu'il a montré ces derniers jours, le Britannique peut se montrer optimiste.

Chris Froome l'a admis à demi-mots, il redoutait cette veillée d'armes. Le profil peu spectaculaire mais accidenté de l'étape de vendredi lui faisait craindre un coup de Trafalgar, venant notamment d'un Alberto Contador. Le Castillan a bien tenté de secouer le cocotier, mais en vain. "Je suis content que cette journée soit derrière nous, a concédé le leader de la Sky après l'arrivée. Je voulais sauver un maximum d'énergie pour samedi. L'attaque de Contador ? Ce n'est pas une surprise, il essaie tous les jours, il attaque tout le temps."

Il serait fort surprenant que Contador ne remette pas ça samedi, pour la dernière journée de sa carrière en haute montagne. 5e du général à 3'34" de Froome, l'homme aux sept grands tours ne se berce pas d'illusions. "J'adorerais gagner la Vuelta, évidemment, mais je ne peux pas ignorer le temps perdu jusque-là", a-t-il soufflé. Il traine toujours comme un boulet les quelques trois minutes évaporées dès le troisième jour de course, en Andorre.

Mais Contador finit plus fort que n'importe qui d'autre, Froome compris, et on peut compter sur lui pour assurer le spectacle dans l'Angliru. Plus que la victoire finale, peut-être même plus encore que le podium, toujours accessible, c'est la victoire d'étape qu'il visera samedi. "J'ai de bonnes sensations, je termine très fort ces trois semaines et je courrais encore avec mon cœur demain (samedi) a-t-il promis, avant d'émettre ce pronostic : "je pense que ça va être complètement fou".

Voilà un point d'accord avec Chris Froome. Si l'Angliru est évidemment le gigantesque morceau du jour, l'ascension finale sera précédée de deux cols de 1re catégorie susceptibles de semer la zizanie avant le géant des Asturies. D'autant que l'étape est courte (117 kilomètres) donc sans doute nerveuse. "L'Angliru est une montée très difficile mais l'étape ne va pas se résumer à ça malheureusement, grimace Froome. C'est très court, je m'attends à un feu d'artifice. Il faudra être prêt dès le départ de l'étape, pas seulement pour l'Angliru."

Prêt, Froome l'est, sans aucun doute. Même s'il a affiché une certaine fragilité dans Los Machucos mercredi, il serait surprenant qu'il coince au point de laisser filer sa tunique rouge. Même dans l'Angliru. Pour le renverser, il faudrait peut-être l'attaquer de loin, mais qui y sera prêt ? Contador ? Oui, mais il est loin. Tenter l'impossible, c'est s'exposer à un énorme retour de bâton dans l'Angliru.

"Tout le monde est fatigué", rappelle d'ailleurs Froome, qui sait aussi pouvoir compter sur ses équipiers. La Sky, même avec un visage différent de celui du Tour, reste castratrice pour la concurrence. La bande à Brailsford se dit en mission depuis trois semaines. Il faudra être très, très fort pour lui faire lâcher le morceau. Angliru ou pas Angliru...