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Tour d'Espagne : Dernières veillées d’armes pour la vieille garde espagnole

Benoît Vittek

Publié 16/08/2017 à 10:00 GMT+2

TOUR D’ESPAGNE - La retraite annoncée d’Alberto Contador marque un tournant pour le cyclisme espagnol entre une génération dorée qui quitte peu à peu les pelotons… et une relève qui peine à se faire une place dans des conditions bien plus difficiles.

Alberto Contador et Alejandro Valverde

Crédit: Getty Images

Les papys du cyclisme espagnol ont beau faire de la résistance, même eux ne sont pas éternels. L’incroyable génération dorée qui a écumé les pelotons ibériques et internationaux depuis bientôt 20 ans a tout gagné. Elle n’a pas hésité à jouer les prolongations, à l’image d’un Alejandro Valverde (Movistar) encore au sommet de son art ce printemps, son 37e. Mais l’heure inéluctable de la retraite approche. La Vuelta à venir s’apprête à en offrir la démonstration douce-amère avec la tournée d’adieux d’Alberto Contador (Trek-Segafredo) comme condiment principal d’une recette qui reste tout de même pleine de vitalité.
L’enfant de Pinto ne sera pas le premier à nous laisser seuls avec le souvenir de ses exploits. Il y a moins d’un an, Joaquim Rodriguez avait pris la même décision, à 38 ans. Bientôt, ce sera le tour d’Alejandro Valverde (même s’il se veut toujours conquérant à l’horizon 2018) et de Samuel Sanchez (en pleine réflexion avant d’attaquer la 10e Vuelta de sa carrière).

Des passionnés incorrigibles pour des carrières à rallonge

Alberto Contador, Alejandro Valverde, Joaquim Rodriguez, Samuel Sanchez… Autant de champions au caractère différent. Mais aucune tête brûlée dont le talent incandescent se serait trop rapidement consumé. Les étoiles espagnoles de ce siècle ne sont pas des diesels pour autant, plutôt des Ferrari dont le moteur exceptionnellement puissant fait également preuve d’une fiabilité extraordinaire. Sur la seule Vuelta, le Pistolero, l’Imbatido, Purito et Samu représentent :
  • 36 participations depuis 2002.
  • 4 victoires finales et 9 autres apparitions sur le podium du classement général (sans compter les classements annexes qu’ils ont également souvent dominés).
  • 28 victoires d’étapes (environ deux par édition).
  • 72 jours en oro ou rojo, puisqu’ils ont porté toutes les teintes du maillot de leader de la Vuelta.
Pour durer, ces champions de cette génération ont su entretenir leur corps et leur soif de compétition. On ne reste pas au sommet par la seule intervention des dieux du cyclisme, ni même celle d’Eufemanio Fuentes (qui a valu une suspension de deux ans à Valverde) ou Pepe Marti (l’ancien préparateur physique d’Alberto Contador, aujourd’hui suspendu pour son implication dans le système Armstrong).
“J’ai encore de l’envie, j’ai encore de l’espoir”, m’expliquait encore en début de semaine Samuel Sanchez (BMC), au moment d’évoquer son avenir de vétéran auréolé du titre de champion olympique… il y a désormais 9 ans. Près de 15 ans après ses débuts professionnels, Alejandro Valverde est l’un des coureurs dont l’envie de vélo est la plus saisissante sur les courses. Quant à Alberto Contador, il envisageait encore de disputer la saison 2018 avant de constater irrémédiablement sur le dernier Tour que ses jambes de feu n’étaient plus qu’un souvenir, aussi vif ce souvenir soit-il.

De qui les héritiers d’Indurain seront-ils les parents ?

“Il a tout donné et on voit bien que tôt ou tard nous devons tous abandonner le cyclisme professionnel et l’idée d’accrocher un dossard”, reprend Samuel Sanchez. Comme ses illustres compatriotes, le vétéran de la BMC est réputé pour son éthique de travail : méticuleux et entièrement investi, capable de revenir à la compétition deux semaines après une lourde chute sur le dernier Tour du Pays basque qui lui a notamment valu une rupture d’un tendon à la main au mois d’avril.
Aujourd’hui, son exemple inspire ses cadets des pelotons. Et aussi les futurs grands talents espagnols de demain ?
Nous, nous sommes les enfants de Perico et Indurain
“Nous, nous sommes les enfants de Perico et Indurain. Nous avons grandi en les voyant gagner le Tour (six succès entre 1988 et 1995). Je pense que cette génération est née grâce à ces succès. Il y avait beaucoup d’équipes en Espagne il y a dix ans et les coureurs pouvaient passer pro. Ensuite, la route nous a souri, avec Freire, Sastre, Purito, Contador, Valverde, Pereiro, moi… Ces années ont été très belles mais elles touchent à leur fin, c’est comme ça que la vie fonctionne.”
En décrochant des succès inédits pour le cyclisme espagnol, ces champions ont inscrit une empreinte unique dans les palmarès et les coeurs. Ils ont aussi longtemps repoussé un spectre de plus en plus menaçant, celui d’un trou générationnel avec une absence de relève à même de reprendre le flambeau. La prochaine Vuelta pourrait en offrir la preuve criante. Cette fois, Valverde et Purito ne seront pas là. Contador et Sanchez pourraient bien faire leur âge.

Pour la relève, les places sont chères

L’heure est plus que jamais venue pour les plus jeunes de s’affirmer. Sans ses leaders Valverde et Quintana, Marc Soler doit prendre du galon au sein de la Movistar, la dernière équipe espagnole du World Tour. On attend également beaucoup de Jaime Roson (Caja Rural), et qui sait jusqu’où la progression patiente de David de la Cruz (Quick Step) le mènera. L’Espagne compte sur eux pour accompagner Mikel Landa, qui va rejoindre la Movistar.
Pour Samuel Sanchez, la relève est ainsi assurée : "A court terme, sur un horizon de huit ou neuf ans. Mais l’absence d’équipes professionnelles est un problème qui se fait sentir. Les meilleurs coureurs amateurs abandonnent le vélo parce qu’ils ne trouvent pas de place chez les professionnels. Nous perdons de très belles générations.” Or personne ne veut passer à côté du Pistolero ou de l’Imbatido de demain.
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