Guillen : "La Vuelta doit être la preuve que nous retrouvons nos vies"

Benoît Vittek

Mis à jour 29/04/2020 à 15:11 GMT+2

TOUR D'ESPAGNE - La Vuelta fête son 85e anniversaire cette semaine. Mais on ignore encore quand et comment elle se disputera en 2020. Une chose est sûre, elle est espérée et attendue par Javier Guillen, directeur du Grand Tour espagnol.

La Vuelta director Javier Guillen (C)

Crédit: Getty Images

L'organisateur Unipublic a annoncé mercredi l'annulation du départ de la Vuelta 2020 depuis Utrecht. Rien n'a été communiqué officiellement mais le Pays basque devrait accueillir les premières étapes relocalisées avant de voir l'épreuve espagnole retrouver le parcours dévoilé en décembre. Un départ depuis les Pays-Bas est désormais envisagé pour 2022, l'édition 2021 devant s'élancer de Burgos.
Les rumeurs se multiplient autour de l’organisation de la Vuelta : départ fin octobre depuis le Pays basque, réduction du nombre d’étapes… Que dit le directeur de la Vuelta ?
Javier Guillen : On a étudié toutes les possibilités. Mais face à une multitude de réponses, on ne peut en mettre en place qu’une seule. Je pense qu’on pourra dire dans quelques jours ce qu’il adviendra de la Vuelta. Nous discutons énormément et il faut saluer le travail de l’Union Cycliste internationale. Ce n’est pas facile de placer sur un temps aussi court toutes ces courses qui n’ont pas eu lieu et toutes celles qui doivent encore avoir lieu. Il reste des débats en cours. L’UCI a le mandat pour déterminer et annoncer le calendrier.
De votre côté, vous êtes prêts pour annoncer le nouveau format de la Vuelta d'ici quelques jours ?
J.G. : Je pense que oui. L'UCI a fixé le 15 mai pour l’annonce du calendrier. Il ne reste plus beaucoup de temps. Et j’imagine qu’une fois qu’ils auront trouvé une solution consensuelle pour tous les opérateurs du cyclisme, ils la rendront publique. Mais c’est à eux de gérer le calendrier.
Comment travaillez-vous aujourd’hui pour réorganiser une épreuve de trois semaines, en pleine crise sanitaire mondiale ?
J.G. : On a intégré que la Vuelta ne partirait pas le 14 août. On travaille donc autour de nouvelles dates qui sont à peu près déterminées. Ça implique beaucoup de changements logistiques, notamment pour le logement de tout le personnel de la Vuelta. On a plusieurs scénarios parce que les nouvelles dates peuvent nous contraindre à changer un peu le parcours. Il faut absolument être prêt. Le grand inconvénient du moment, c’est qu’on ne peut pas se déplacer. Le terrain, les reconnaissances… Une bonne partie a déjà été faite mais c’est un travail continu qui se retrouve interrompu. En sortant du confinement, il faudra repasser sur tous les parcours pour voir s’il y a des changements à cause de la météo, des travaux… On prépare tout ça.
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Primoz Roglic, vainqueur de la Vuelta en 2019

Crédit: Getty Images

Que vous disent les maires ou présidents de région qui se sont engagés auprès de vous pour l’organisation de la Vuelta 2020 ?
J.G. : Nous sommes en contact avec toutes les institutions. Elles ont été extraordinairement compréhensives mais il est vrai qu’elles attendent de connaître les dates précises auxquelles la Vuelta passera chez eux. Tous les messages que nous avons reçus sont des marques de soutien. Évidemment, rien n’est sûr à 100% tant qu’on n’a pas les dates définitives, mais je crois que nous sommes capables d’organiser toutes les étapes de la Vuelta comme elles ont été annoncées en décembre.
La Vuelta doit être une marque de normalité, la preuve que nous retrouvons nos vies affectées par le coronavirus
La première édition de la Vuelta s’est élancée le 29 avril 1935. C’est un contexte particulier pour célébrer ce 85e anniversaire…
J.G. : C’est un contexte exceptionnel que personne n’aurait souhaité. Mais dans ces conditions, nous voulons que cet anniversaire apporte encore plus d’espoir. Cette année, la Vuelta doit être une marque de normalité, la preuve que nous retrouvons nos vies affectées par le coronavirus. Nous ressentons la tristesse et la violence de la situation et nous espérons incarner un espoir de normalité.
Entre 1935 et 1955, dix éditions de la Vuelta n’ont pas pu être disputées en raison de la guerre et des difficultés économiques du pays. Quelle place la Vuelta a-t-elle prise depuis ?
J.G. : La Vuelta a beaucoup grandi ces dernières années, en travaillant notamment sur deux axes. Le premier, c’est sa personnalité, son identité. Tout le monde sait ce qu’il va trouver sur la Vuelta : une épreuve intense, très disputée et exigeante sportivement. Et c’est une épreuve qui s’est grandement internationalisée. La Vuelta est un des événements espagnols qui touchent le plus grand nombre de pays. Avec la couverture télé, il y a un intérêt international qui, à mes yeux, offre la meilleure illustration du développement de notre événement.
Dans quelle direction voulez-vous avancer désormais ?
J.G. : Il reste toujours des choses à faire. Et la Vuelta est une épreuve qui se distingue par son innovation, notamment en allant découvrir de nouveaux sites. Sur les dix dernières années, la Vuelta a connu une trentaine d’arrivées inédites au sommet. Nous voulons continuer avec cette idée qui fonctionne. Le cyclisme, en plus de sa magie sportive, est capable de nous transporter dans n’importe quel décor et nous donner envie d’y aller. Plus on va dans de nouveaux endroits, moins il y en a à découvrir. Mais l’Espagne est un pays tellement riche, je pense qu’on aura toujours de quoi faire.
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Vuelta-Direktor Javier Guillen sieht die Gefahr einer Priorisierung der Tour de France

Crédit: Getty Images

"Le cyclisme virtuel ne pourra jamais se substituer au cyclisme réel"

Ça ne colle pas vraiment avec le développement du cyclisme virtuel qu’on observe en ces temps de confinement…
J.G. : Le cyclisme virtuel n’a rien à voir avec le cyclisme sur route. Ceux qui pratiquent l’un peuvent aussi pratiquer l’autre… Mais on parle d’activités complètement distinctes. Le cyclisme virtuel est le bienvenu dans une situation comme celle d’aujourd’hui pour continuer à pédaler et maintenir la forme. Mais ça ne pourra jamais se substituer au cyclisme réel. Je respecte le cyclisme virtuel mais ce n’est pas comparable, ni sur un plan sportif, ni du point de vue des images que le sport peut nous offrir, ni en termes de divertissement.
Sur les réseaux sociaux, vous êtes devenu “La Vuelta en casa” (la Vuelta à la maison). Vous avez apporté un soutien matériel à la mairie de Madrid. Quelle est la place de la Vuelta dans cette crise ?
J.G. : La Vuelta a souhaité aider face à cette pandémie. Je considère que c’est un petit geste pour dire à tous ceux qui souffrent en ce moment que nous sommes là. La Vuelta a mis la tente qui sert de salle de presse mobile à disposition de la mairie de Madrid. On a également donné les 20 000 bouteilles d’eau que nous avions déjà accumulées pour la Vuelta 2020. Elles ont été distribuées dans cinq hôpitaux de la capitale. C’est un petit geste, incomparable avec ce que d’autres font, mais on voulait faire quelque chose avec nos possibilités.
Quel est votre souhait aujourd’hui, pour le cyclisme et la Vuelta ?
J.G. : Que ça ait lieu. Si on a du cyclisme et la Vuelta, cela signifiera qu’on a une forme de normalité.
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