Tour d'Espagne - Joao Almeida (UAE-Emirates-XRG) seul, tellement seul…

Attendu comme le principal rival de Jonas Vingegaard sur les routes du Tour d’Espagne, Joao Almeida a tenu son rang sur la 9e étape en étant le seul favori à limiter la casse avec Jonas Vingegaard à Valdezcaray. Mais si le Portugais a perdu 24’’ sur la ligne, il le doit en partie à la défaillance collective des UAE Emirates XRG, illustrée, comme souvent, par Juan Ayuso.

Vingegaard voulait marquer les esprits, il a réussi : le résumé de la 9e étape

Video credit: Eurosport

Avec UAE, il n’existe que deux vérités immuables : Tadej Pogacar franchit – presque - toujours la ligne en vainqueur, et la constellation d’individualités de la formation émiratie, aussi brillantes soient-elles, ne se transforme quasi jamais en collectif.
Tous les doutes étaient permis depuis l’annonce de l’équipe qui allait concourir sur cette Vuelta et cette 9e étape, là encore, a illustré cette absence de collectif. Un manque qui a coûté à Joao Almeida après l’attaque de Jonas Vingegaard.
J’aurais bien aimé plus d’aide de mes équipiers
"J’ai été un peu surpris qu’il bouge aussi loin, je ne m’y attendais pas du tout, avouait le Portugais. J’étais bien placé, mais son attaque était vraiment très violente". Il pourra toujours s’en vouloir de ne pas avoir cherché à suivre l’attaque du Danois – mais pas sûr vu l’explosion de Giulio Ciccone (Lidl-Trek) qui a tenté de le suivre – mais à l’arrivée, le vainqueur du Tour du Pays Basque, de Romandie et de Suisse cette année aura bien limité la casse, en ne perdant que 24’’. Surtout que, comme souvent, il a dû se débrouiller tout seul.
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Vingegaard : "Je ne sais même pas si j'ai le maillot rouge"

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On a souvent vu le Portugais demander des relais aux deux coureurs capables de l’accompagner dans sa chasse de Vingegaard, Thomas Pidcock (Q36.5) et, un temps, Felix Gall (Decathlon-AG2R La Mondiale). En vain. "Je comprends qu’ils aient aussi peu roulé, je voyais bien qu’ils étaient à la limite, explique Almeida. J’aurais surtout bien aimé plus d’aide de mes équipiers, mais il n’y avait personne à l’arrivée. C’est surtout ça le souci". Surtout pour une formation aussi forte qu’UAE Emirates-XRG.
Ayuso s’est juste relevé, volontairement
Avec des coureurs comme Juan Ayuso, Mikkel Bjerg, Felix Grossschartner, Doman Novak, Marc Soler et Jay Vine pour épauler pour le Portugais, comment se fait-il qu’il se soit retrouvé tout seul et obligé de faire l’effort en solo à 10 kilomètres de l’arrivée ? Surtout sur une pente aussi peu "sélective". Seul l’Australien a clairement roulé pour son leader, pour tamponner l’attaque de Vingegaard. Les autres ? Soler et Grossschartner n’ont jamais roulé avec Almeida, étant visiblement plus intéressés par rester dans le deuxième groupe des favoris (l’Espagnol finit 5e, l’Autrichien 20e) que de se mettre minable pour le Portugais. Mais le cas le plus symptomatique reste celui de Juan Ayuso, lâché du peloton avant même le pied de l’ascension.
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Le débat des RP : Ayuso-Almeida, un duo qui fait la paire ?

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"Ayuso n’a pas du tout été lâché, il s’est juste complètement relevé, volontairement, explique notre consultant Jacky Durand dans les Rois de la Pédale. Je ne sais pas si c’est une décision de l’équipe ou une décision personnelle de l’Espagnol qui n’avait pas envie d’aider, mais Ayuso a manqué. Potentiellement, il pouvait être avec Almeida pour l’aider à encore plus limiter la casse". Seulement, comme souvent dans sa carrière, l’Espagnol était aux abonnés absents lorsqu’un autre coureur de son équipe avait besoin de lui.

Le collectif, indispensable pour gagner la Vuelta

"Il n’a pas envie de se faire mal aux jambes, estime notre consultant David Moncoutié. Il vise les étapes et c’est pour ça que je pense que ce n’est pas l’équipe qui lui a demandé de se relever. Elle aurait été contente qu’il s’accroche pour aider Almeida au besoin. Mais il a décidé de faire sa course". Et João Almeida n’a eu d’autre choix que de s’élancer dans un numéro en solitaire, pour garder intact ses rêves de victoire finale. Un raté collectif qui n’est pas sans rappeler celui du dernier Tour d’Italie, où Isaac Del Toro, à vingt-quatre heures de remporter son premier Grand Tour, avait été tout seul à 40km de l’arrivée à Sestrières, perdant le maillot rose.
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Sur le Tour d'Algarve, Joao Almeida et Jonas Vingegaard s'étaient départagés sur le chrono final

Crédit: Getty Images

Dans un cyclisme où la force d’un collectif fait souvent la différence, la chasse en solitaire de Joao Almeida illustre cruellement ce qui pourrait se répéter : si le collectif UAE Emirates-XRG ne se tisse pas rapidement, si les ambitions individuelles ne s’effacent pas au bénéfice de la victoire d’équipe, chaque kilomètre à venir pourrait transformer l’isolement d’Almeida en fardeau, rappelant que la gloire se mérite à plusieurs. Si la formation émiratie comprend enfin l’avantage qu’elle tirerait d’une alchimie qui unit ses forces, alors elle pourra tenir tête à Jonas Vingegaard. Et s’aventurer au rêve incandescent de remporter sa première Vuelta.
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