Les forces en présence (1)

Cinq ans déjà. Cinq ans que Damiano Cunego s'est révélé au grand jour en s'offrant à seulement 22 ans le Giro, au nez et à la barbe de son leader d'alors chez Saeco, Gibo Simoni. A l'époque, on n'imaginait pas que son compteur serait toujours bloqué à une victoire cinq ans plus tard. Au cours de cette période, le petit prince véronais a été éclipsé par certains de ses compatriotes dont l'éclat a ensuite été sérieusement terni par des affaires de dopage. On songe à Basso, Di Luca ou Ricco. Cunego, lui, n'a pas été touché par les affres du dopage. Cette année encore, il figure parmi les grands favoris. Mais le leader de la Lampre risque de perdre gros dans le très long contre-la-montre de la 12e étape.

Trois ans après sa victoire qui avait marqué l'apogée de sa carrière, juste avant son implication dans l'affaire Puerto, Ivan Basso revient sur les routes du Giro. Avec une ambition certaine, même si sa capacité à tenir la distance sur trois semaines constitue une inconnue. C'est pourquoi Liquigas tient en réserve un joker de luxe en la personne de Franco Pellizotti, quatrième l'année dernière. "Nous verrons après le contre-la-montre de Sestri Levante (12e étape) quel est celui des deux qui a le plus de chances", explique le manager de l'équipe, Roberto Amadio. En tout cas, en l'absence du sprinter Daniele Bennati, forfait, l'équipe se focalisera uniquement sur le classement général.

Très discret depuis le début de la saison, Carlos Sastre a pointé le bout du nez lors des Ardennaises, où il voulait se tester. Sur l'Amstel et à Liège, il assure avoir eu de très bonnes sensations. Si le Tour de France, dont il est le tenant du titre, constitue évidemment le grand objectif de l'Espagnol cette saison, il aimerait faire autre chose que de la figuration sur le Giro. Jean-Paul Van Poppel, le directeur sportif de Cervelo, a clairement annoncé la couleur. L'objectif est d'amener le Castillan sur le podium final à Rome. "Nous nous alignons avec cet objectif. Carlos recevra le soutien de toute l'équipe pour finir dans les trois premiers ", a confié Van Poppel. Sastre devrait donc afficher d'autres intentions que lors de sa dernière participation, en 2006. A l'époque, il avait joué les équipiers de luxe pour Ivan Basso chez CSC, mais sans réelle ambition personnelle.

Tout en se montrant discret, Denis Menchov avait tout de même terminé le Giro 2008 à la 5e place, alors qu'il n'était pas au sommet de sa condition. Le Russe a donc décidé d'inscrire à nouveau l'épreuve italienne à son programme cette année. Et s'il peut faire mieux que lors de la précédente édition, il ne se gênera pas. Il s'estime plus fort et plus motivé qu'en 2008 au même stade de la saison. En tout cas, Rabobank, très déçu de sa campagne de classiques printanières, compte beaucoup sur le double vainqueur de la Vuelta pour redorer son blason sur ce Tour d'Italie. Le parcours pourrait lui convenir. Attention à lui, donc.

Un temps incertaine, la participation de Lance Armstrong a finalement été confirmée la semaine dernière. Médiatiquement, l'Américain sera évidemment la grande attraction de cette édition du centenaire. Sportivement parlant, il semble quand même difficile de considérer le Texan comme un vainqueur potentiel. Après trois années loin des pelotons, il serait extravagant de le voir en rose à Rome. D'autant qu'il n'a qu'une douzaine de jours de courses à son actif. Mais avec Armstrong, sait-on jamais. Astana dispose en Levi Leipheimer d'un possible leader de rechange. Même si les cols du Tour lui conviennent mieux que ceux du Giro, Leipheimer compte sur les chronos pour tirer son épingle du jeu. 18e l'an dernier en jouant les gregarii de Contador, il peut lorgner sur un podium.