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Tour de France féminin 2022 - Le (re)Tour des femmes

Benoît Vittek

Mis à jour 24/07/2022 à 10:13 GMT+2

TOUR DE FRANCE FEMMES - Après différents "Tours", "Routes" et "Grandes Boucles" féminins, les championnes de la Petite Reine s'emparent avec d'immenses espoirs de l'épreuve d'une semaine organisée par ASO. "Le monde entier peut associer le cyclisme féminin et la plus grande course du monde", se réjouit la Sud-Africaine Ashleigh Moolman-Pasio parmi les 144 pionnières qui s'élancent dimanche à Paris

De Paris à la Super Planche : découvrez la carte du Tour de France femmes

Depuis 1903 et sa création, le Tour de France (masculin) a connu 109 éditions et deux interruptions, provoquées par les Guerres mondiales. Pour les femmes, c'est beaucoup plus compliqué. Après une première tentative, rapidement avortée, en 1955, un Tour de France féminin est réapparu en 1984 et a survécu, sous différents noms (les organisateurs du "vrai" Tour défendaient leur appellation d’origine) et formes, jusqu’à l’arrêt de la Route de France féminine (dernière édition : 2016).
Depuis, Amaury Sport Organisation a repris le flambeau pour créer un pendant féminin à son grand Tour de France. Il y a eu La Course by le Tour, avec une ou deux étapes à l’intérêt sportif variable, et, enfin, un Tour de France Femmes (avec Zwift), qui s’élance ce dimanche de Paris avec 144 pionnières déterminées à surmonter les sommets qui mènent jusqu’à La Super Planche des Belles Filles. La première vainqueure de ce (re)Tour y sera consacrée dimanche 31 juillet, après une semaine et 1033,6km de course.
"Enfin, je peux dire 'oui' quand on me demande si je fais le Tour de France", répètent-elles en coeur ces dernières semaines et tout particulièrement ce samedi, à Meaux, dans l'est de l'Île-de-France, où le peloton faisait ses derniers réglages avant le grand départ. Meilleure sprinteuse du monde, Lorena Wiebes (Team DSM) y affichait une manucure toute fraîche pour marquer l'événement et ses ambitions : les ongles d'une main vernis en jaune, comme le maillot qu'elle vise sur les Champs-Élysées, du vert pour l'autre main, symbole du classement par points.
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Le profil de la 1re étape : de la Tour Eiffel aux Champs-Elysées, champagne d'entrée à Paris !

La plus grande scène du monde

Longtemps frustrées, les championnes de la Petite Reine découvrent de nouveaux rêves et ambitions, en même temps que la machine médiatique du Tour jette une nouvelle lumière sur elles (l'événement sera diffusé dans 190 pays, notamment sur les antennes d’Eurosport). "Enfin, le peloton féminin bénéficie de la portée du Tour de France", se réjouit Ashleigh Moolman-Pasio (SD Worx), parmi les meilleures grimpeuses du plateau. "Le monde entier peut associer le cyclisme féminin et la plus grande course du monde."
"Le Tour a été ma première inspiration", explique la Sud-Africaine, qui a découvert le cyclisme sur le tard et s'identifiait à Alberto Contador, pour ses changements de rythme incessants. "C'était l'époque où j'étudiais à l'université et je passais l'été dans mon canapé à regarder le Tour. Je regardais les hommes pendant trois semaines, avec ces magnifiques montagnes en France, et ça me donnait envie de devenir pro."
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Ashleigh Moolman-Pasio

Crédit: Getty Images

À 36 ans, la Sud-Africaine (septuple championne d'Afrique) pensait prendre sa retraite en 2021 mais l’arrivée d’un Tour Femmes l'a amenée à prolonger, comme sa coéquipière Chantal van den Broek-Blaak. "Je ressens une grande responsabilité en tant qu'Africaine", explique celle qui poursuivra ensuite ses projets personnels, avec le collectif Rocacorba, pour développer la pratique cycliste féminine sur son continent.
Je disais que c'était un sport trop dur pour les femmes
"Je sais que la Colombie aura les yeux rivés sur moi", se projette de son côté Paula Patiño (Movistar). Enfant, elle aussi suivait ses héros à la télévision, à commencer par Rigoberto Uran, dont elle est voisine en Antioquia. Mais lorsque l"entraîneur Hernando Gaviria (père de Fernando Gaviria) l"a invitée à rejoindre son club et développer ses talents cyclistes, elle a commencé par refuser : "Il n'y avait que des courses d'hommes à la télé, je ne me voyais pas un avenir là-dedans, je disais que c'était un sport trop dur pour les femmes."
Une dizaine d’années plus tard, les femmes ont conquis Paris-Roubaix et Patiño va disputer le Tour au côté d'Annemiek van Vleuten, une des plus belles dures au mal que le cyclisme a connues au XXIe siècle. Investie d'une mission pour le développement de son sport, la grimpeuse néerlandaise s'était fracassé le bassin l’automne dernier dans l'Enfer du Nord. À 39 ans, elle a rapidement retrouvé les sommets et récemment remporté le Giro, pour la troisième fois de sa carrière. Après avoir brillé en Rosa, le jaune lui est promis même si elle trouve "triste" que les suiveurs fassent d'elle la grande favorite et n'accordent pas assez de considération, selon elle, au reste du plateau : "Marta Cavalli a montré qu'elle avait un très bon niveau, Mavi Garcia aussi, et il y a bien sûr Demi Vollering et Ashleigh Moolman-Pasio."
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Van Vleuten: "Je ne fais pas tout ça pour les victoires : gagner, c'est la cerise sur le gâteau"

Une première, certainement pas la dernière

Les stars néerlandaises, en avance sur le reste du monde cycliste féminin, se pressent au départ. De nombreux regards se tournent également vers Marianne Vos, la femme aux 14 maillots arc-en-ciel Élite (route, piste et cyclo-cross), qui suivait le Tour en camping car avec ses parents et peut désormais ajouter du jaune à son immense collection.
Autre habituée des podiums et maillots distinctifs, la star américaine Chloé Dygert (championne du monde de poursuite sur la piste et du contre-la-montre sur la route) ratera pour sa part ce rendez-vous historique qu’elle s’était fixé. "Le Tour est un objectif immense", se projetait-elle en juin avant d’être rattrapée par les séquelles de la mononucléose qu’elle a contractée en début de saison.
"On a attendu le dernier moment mais, en raison de reculs dans sa récupération, l'équipe a dû décider, avec Chloé, que sa santé et sa condition physique ne lui permettaient pas de participer à une telle épreuve”, explique sa directrice sportive Beth Duryea. La formation Canyon//Sram comptera notamment sur la star Kasia Niewiadoma et la révélation Pauliena Rooijakkers.
Pour Dygert, ce nest que partie remise. Le Tour de France Femmes connaît un nouvel acte de naissance. Et il doit cette fois s'installer dans la durée.
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