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Sastre, le jour de gloire

Eurosport
ParEurosport

Publié 23/07/2008 à 15:00 GMT+2

Vainqueur à l'Alpe-d'Huez de la 17e étape du Tour, Carlos Sastre (CSC) réussit un magistral coup double, puisqu'il endosse le maillot jaune, pour la première fois de sa carrière. L'Espagnol devance son coéquipier Frank Schleck, Bernhard Kohl et Cadel Evan

Carlos Sastre n'a pas connu beaucoup d'heures de gloire dans sa carrière. Un succès au Plateau de Bonascre, en 2003, sur le Tour. Pour le reste, l'Espagnol était plus habitué aux places d'honneur qu'aux grandes victoires. En triomphant en solitaire au sommet de l'Alpe-d'Huez mercredi au terme d'une superbe montée, il décroche son Graal. C'est la victoire de toute une vie, d'autant qu'elle est assortie d'une prise de pouvoir au classement général. Pour Sastre, c'est la totale. Pourtant, et c'est là tout le paradoxe de cette dernière étape alpestre, le co-leader de l'équipe CSC n'est pas le mieux placé pour la victoire à Paris dans quatre jours.
Alors, qui? Son coéquipier chez CSC, Frank Schleck, qu'il vient de déposséder du maillot jaune, et qu'il devance à présent de 1'23"? Probablement pas. Plus encore que Sastre, l'aîné de la fratrie luxembourgeoise semble trop limité dans l'effort solitaire pour ne pas rétrograder dans la hiérarchie samedi à l'issue du long contre-la-montre de Saint-Amand-Montrond. Bernhard Kohl? Même constat pour l'Autrichien de la Gerolsteiner, troisième du général à 1'33". Le maillot à pois s'est mis minable dans l'Alpe, terminant à l'agonie, mais ce Tour ne devrait pas être le sien.
Evans à qui perd gagne
Non, le véritable favori du Tour 2008 s'appelle plus que jamais Cadel Evans. Certes, l'Australien a perdu une place dans la hiérarchie. Il n'est même plus sur le podium. Mais en défendant ardemment sa position dans un duel à distance crispant avec Sastre, le leader de Silence-Lotto a sauvé les meubles. S'il succède à Alberto Contador dimanche sur les Champs-Elysées, il faudra se souvenir que c'est sur les pentes de l'Alpe-d'Huez, sans jamais céder à la panique, qu'Evans aura construit sa victoire. Il a en tout cas désormais toutes les cartes en main. Relégué à 1'34" de Sastre, à 11 secondes de Frank Schleck et à une seconde de Kohl, il doit pouvoir les gober tous les trois samedi.
Cadel Evans peut finalement remercier l'équipe CSC. Malgré sa suprématie collective, indiscutable, et en dépit de la prise de pouvoir de Carlos Sastre, la formation danoise s'est sans doute trompée mercredi, en choisissant d'attendre la montée finale pour lancer la grande bagarre. Dans le Galibier et la Croix-de-Fer, terrain on ne peut plus propice à l'offensive, les hommes de Bjarne Riis se sont contentés de gérer derrière l'échappée, au sein de laquelle le jeune Slovaque Peter Velits (Milram) fut le plus résistant. On reparlera de lui. Le choix de lancer Sastre à l'avant était le bon, mais n'aurait-il pas fallu abattre cette carte dès la Croix-de-fer, afin de solliciter Evans loin de l'arrivée? On ne saura jamais ce qu'aurait donné cette stratégie...
Sastre veut savourer
A défaut de grande lessive, nous avons donc assisté à une forme de course de côte sur les pentes noires de monde de l'Alpe. Après une première banderille de Denis Menchov, qui allait vite payer cette audace, Carlos Sastre a démarré à 12 kilomètres de l'arrivée. Personne n'allait le revoir, car personne n'avait la force de le suivre. La force ou le droit, en ce qui concerne les frères Schleck, pris au piège de la cause commune imposée par la logique de la tactique d'équipe. Ce fut donc un one man show de Sastre. Seul devant, et les autres derrière. Parmi ces autres, on saluera la belle montée de Stéphane Goubert, qui aura accompagné presque jusqu'au bout les meilleurs. Le vétéran d'AG2R, 13e au sommet, emmène un joli tir groupé tricolore, puisqu'il devance Moncoutié, Vogondy et Casar, lequel s'installe à la 15e place du général.
Mais globalement, en dépit des satisfactions des uns et des regrets des autres, du point de vue des suiveurs, cette 26e montée de l'Alpe-d'Huez laisse un petit goût d'inachevé. Carlos Sastre s'en moque ce soir. Le Madrilène, et on le comprend, ne veut pas songer au lendemain, et encore moins à samedi. Tout à son bonheur, qui sera peut-être aussi éphémère qu'il est intense, il veut savourer. Quelque chose nous dit que Cadel Evans, dans son coin, doit avoir du mal à réprimer un rictus de satisfaction. Le sacre lui tend les bras. Lui qui martèle depuis trois semaines que l'important n'est pas "d'avoir le maillot jaune dans les Pyrénées ou les Alpes, mais à Paris", s'apprête à donner tout son sens à ce leitmotiv.
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