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Il était une fois le Tour

Eurosport
ParEurosport

Publié 16/07/2009 à 13:05 GMT+2

Chaque jour, découvrez ou redécouvrez une grande page de l'histoire du Tour de France. Jeudi, retour sur la première victoire d'étape de Lance Armstrong. Lors de l'édition 1993, ce jeune Yankee de 21 ans fait parler de lui pour la première fois sur la Grande Boucle, à Verdun. Pas la dernière...

Un visage de gamin. Presque espiègle. Loin du regard d'acier, arrogant, qu'il déploiera dans les années 2000. Lorsqu'il découvre le Tour de France en 1993, Lance Armstrong débarque en plein coeur des années Indurain. Le Navarrais est double tenant du titre à Paris et son règne est encore loin de toucher à sa fin. Personne ne prête vraiment attention à ce tout jeune coureur venu du Texas, qui n'a pas encore fêté ses 22 ans. Il est d'ailleurs le benjamin du Tour. Le public ne s'intéresse guère à lui. Les médias à peine plus. Lance n'est pas encore le boss, Armstrong n'est pas encore L.A. Juste un anonyme perdu au coeur du peloton.
On va vite apprendre à le connaitre. Le dimanche 11 juillet, à Verdun, Armstrong va signer le premier succès majeur de sa carrière en remportant la 8e étape. L'Américain se paie le luxe de régler un petit groupe où figurent quelques coureurs beaucoup plus huppés que lui, comme le Mexicain Raul Alcala, ou les Français Ronan Pensec ou Dominique Arnould. Cette étape, il l'a gagnée en force et au sprint. Avec, déjà, une forme de culot à l'américaine. "Juste avant l'arrivée, c'est Arnould qui m'inquiétait le plus, explique Armstrong. Alors une fois le sprint lancé, je me suis collé sur la droite pour qu'il ne puisse pas prendre ma roue, car il était juste derrière." Collé contre les barrières, le jeune Lance surprend tout le monde. Les autres, Pensec le premier, ne se sont pas assez méfiés de lui. Ils auraient dû... C'est la première de ses 22 victoires d'étape sur la Grande Boucle.
Hampsten: "Il n'aimait pas écouter"
Dans la joie que manifeste alors Armstrong après son succès, il y a quelque chose de sain, de rafraichissant, que l'on ne retrouvera que trop rarement au cours de son futur règne. Toutefois, certains traits de son caractère bien trempé apparaissent déjà, permettant de tracer un lien avec le futur maillot jaune. Quand on lui demande s'il peut devenir un deuxième Greg LeMond, le Texan répond ainsi du tac au tac: "non, mais je serai le premier Lance Armstrong. " Andrew Hampsten, qui était son leader chez Motorola cette année-là, se souvient d'un gamin à la personnalité déjà très affirmée. "Il était déjà super confiant, pas arrogant, mais très sûr de lui malgré son âge, confie le vainqueur du Tour d'Italie 1988. Il n'aimait pas trop écouter. Je me souviens d'une fois où un vétéran de l'équipe lui avait dit: "tu 'n'aurais pas dû attaquer comme ça au ravitaillement. C'était stupide." Il n'avait pas du tout apprécié la remarque. Mais je peux vous dire que quand il avait commis une erreur, il n'avait pas besoin de 50 leçons pour la retenir. Il apprenait vite."
Cela tombe bien, car ce Tour reste avant tout celui de l'apprentissage pour le jeune Armstrong, pas encore de taille à suivre les meilleurs sur la durée, surtout en montagne. Quelques jours après cette grande première, il souffre d'ailleurs le martyr dans les Pyrénées. Il ne possède pas encore ce coup de pédale sidérant que le rendra célèbre, plus tard, dans les cols. "Je suis venu pour apprendre et gagner une étape. J'ai déjà beaucoup appris, et j'ai déjà gagné. Maintenant je vais continuer à apprendre pour gagner à nouveau ". Quelques semaines après ce Tour de France, Armstrong entrera pour de bon dans la galaxie des champions en devenant à Oslo le plus jeune champion du monde de l'histoire. Preuve que l'Américain ne sortait pas de nulle part, qu'il a une vie de champion, particulièrement précoce et prometteuse, avant de devenir le maître du Tour de France. "Il aurait de toute façon réussi une carrière exceptionnelle s'il n'avait pas été freiné par la maladie à 25 ans ", juge Johan Bruyneel, qui allait devenir son manager par la suite chez US Postal puis Discovery Channel.
Pour le meilleur et pour le pire
Andy Hampsten est également de cet avis. "Dès ses débuts chez les pros, Armstrong était un crack, juge-t-il. Un vrai phénomène. Il était doué, très doué et il possédait surtout cette incroyable détermination qui fait la différence entre les très bons coureurs et les immenses champions. A cette époque, je pensais qu'il serait capable de remporter n'importe qu'elle course d'un jour. En montagne, je me souviens que sur Paris-Nice, à 21 ans, il avait passé une étape de montagne avec les meilleurs. Mais sur la durée, je ne le croyais pas capable de suivre les grimpeurs de jour en jour, essentiellement à cause de son poids ." Dès lors, a-t-il été surpris de voir son ancien coéquipier devenir le maître absolu du Tour de France? "Oui et non. Je ne l'aurais pas imaginé au début de sa carrière, c'est certain. Après, il avait perdu beaucoup de poids. Quand il est revenu après avoir guéri de son cancer, il était devenu plus léger. C'était un autre coureur". Lors du dernier Tour de France qu'il a terminé avant de tomber malade, en juillet 1995, Lance Armstrong avait fini à la 36e place du général. Un résultat prometteur et déjà très respectable à seulement 23 ans.
Coïncidence, c'est également un 11 juillet, en 1999, soit six ans jour pour jour après sa victoire inaugurale à Verdun, qu'Armstrong assommera pour la première fois le Tour, à l'occasion d'un contre-la-montre à Metz, que le champion d'Austin survole. Deux ans et demi après que son cancer ait été diagnostiqué, il réussira ce jour-là le plus invraisemblable des come-backs. La première d'une longue série de prises de pouvoir. La Grande Boucle entrera alors pour sept longues années dans l'ère Armstrong. Pour le meilleur et pour le pire.
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