Contador: "J'ai confiance"

Alberto Contador est arrivé devant la forêt de micros et de journalistes sur les coups de midi, dans un hôtel de Pinto, sa ville. Chemise blanche, visage fermé, l'Espagnol sait à ce moment là qu'il s'apprêt à livrer le combat le plus pénible, le plus important aussi peut-être, de sa carrière. Suspendu à titre provisoire par l'UCI après un contrôle effectué lors du Tour de France ayant révélé des traces d'un anabolisant dans ses urines, le clenbutérol, il doit s'expliquer. Et se défendre. Sans surprise, il nie tout dopage volontaire et parle de "contamination alimentaire".

Contador, visiblement très ému mais également très combatif, avait bien préparé sa défense. Il a eu, il est vrai, un bon mois pour cela. Le Castillan a d'ailleurs parlé de longues minutes sans la moindre note sous ses yeux, avant de répondre aux questions des journalistes. "C'est un cas de contamination alimentaire et je suis la victime", a-t-il confié. Il a aussi assuré que lors d'une réunion avec l'Union cycliste internationale le 26 août, cette dernière avait reconnu qu'il s'agissait d'un cas de contamination alimentaire. "J'ai donné mon explication au personnel médical de l'UCI. Nous avons échangé longtemps. On s'est entendu sur ce qui s'était passé", a-t-il ajouté.

L'Espagnol a incriminé une "viande" qu'il avait mangée la veille et le jour du contrôle. "On a acheté cette viande dans un magasin bien connu en Espagne, même si je ne connais pas exactement sa provenance. Nous l'avons cuisinée la veille du deuxième jour de repos, le 20 juin. Quatre coureurs ont consommé cette viande : De la Fuente, Nogal, Tiralongo, Navarro et moi l'avons mangé dans un deuxième temps. La viande a été cuisinée dans le bus de l'équipe, a-t-il expliqué. J'ai subi un contrôle urinaire, ce jour-là, et le jour suivant. Le seul autre coureur à avoir été contrôlé, c'est Vinokourov. Or Vinokourov s'était plaint au même moment d'avoir mal mangé à l'hôtel. Il n'a consommé la même viande que nous ni le premier jour, ni le second. Les autres coureurs qui ont consommé la viande n'ont pas été contrôlés, c'est pour ça que nous n'avons pas retrouvé de trace du produit chez d'autres."

Contador a surtout insisté sur la quantité infinitésimale du produit interdit. "Les traces de clenbutérol étaient très faibles, rappelle-t-il. Il faut le remarquer. Il faut faire le point sur le système de contrôle. Plusieurs laboratoires sont habilités. Le laboratoire de Cologne a trouvé cette quantité infime, 50 picogrammes par millilitre. Un autre laboratoire n'aurait probablement rien trouvé. Nous avons fait nos recherches, consulté des spécialistes, nourri des dossiers. Je suis prêt à répondre à toutes les questions honnêtement, je n'ai rien à cacher."

Aux données scientifiques, aussi faibles soient-elles, le champion espagnol oppose donc sa bonne foi, puisqu'il admet ne pas pouvoir prouver que le produit venait de la viande en question. Mais iIl veut néanmoins croire qu'elle sera entendue: "J'ai confiance dans le professionnalisme des experts de l'UCI et de l'AMA. Je pense que ça va s'arranger et que, si autre se passe, ce sera incompréhensible. Je n'ai lu aucun journal, écouté aucune radio. Je sais bien que ça va parler dans tous les sens, mais ça va s'arranger. Mon passeport biologique montre que tous mes taux sont normaux." Pour s'en sortir, il va lui falloir convaincre. Les journalistes espagnols, eux, le sont déjà. Et c'est sous des applaudissements que le triple maillot jaune a quitté la salle.