"Fixé dans 8-10 jours"

Pour les médias et le grand public, "l'affaire Contador" a quatre jours. Pour l'intéressé, elle existe concrètement depuis près d'un mois et demi. Alerté par l'UCI le 24 août de l'anormalité du contrôle antidopage effectué le 20 juillet sur le Tour de France, l'Espagnol a dû se taire pendant des semaines. Alors, depuis que tout le monde est au courant, il éprouve le besoin de parler. Au moins autant pour se libérer que pour s'expliquer. Le champion de Pinto donne interview sur interview, comme si le fait de revenir sur ce qu'il vit comme un cauchemar lui permettait de l'exorciser.

Lundi matin, Alberto Contador était dans les locaux de nos confrères d'Eurosport.es, la version ibérique du site internet d'Eurosport, pour partager un petit déjeuner avec les journalistes de la rédaction. Sans se dérober, il est revenu sur ces derniers jours, ces dernières semaines. Il espère que le tourbillon s'arrêtera bientôt. A priori, il semble que le dénouement soit proche puisque le triple vainqueur du Tour évoque une décision "d'ici 8 à 10 jours." Des propos qui corroborent ceux de Pat McQuaid. Le président de l'UCI avait confié dimanche, en Australie, qu'il souhaitait une issue "la plus rapide possible" dans cette affaire.

Souriant, autant que possible, mais les traits tirés, Contador encaisse, même si les temps sont durs, pour lui comme pour sa famille. "Je voudrais qu'on me respecte un peu plus. Quand certains journalistes appellent à la maison à une heure du matin, je trouve que c'est un manque de respect. J'ai un frère handicapé et il a besoin de calme."  Il a ensuite réaffirmé une fois encore son innocence. "Je suis victime d'une injustice, martèle-t-il. Les gens qui me connaissent et les gens qui travaillent avec moi  savent que je suis innocent. Je défends ma position avec force parce que je sais que je suis innocent." Contrairement à ce que l'on a pu lire ce week-end dans divers médias, il dément par ailleurs avoir envisagé d'arrêter sa carrière. "Tout cette affaire me fait mal, avoue-t-il, mais les circonstances difficiles  doivent te fortifier. Je vais me battre."

Pour lui, pas question non plus d'envisager autre chose qu'une issue favorable. La perspective d'une suspension? Contador n'y pense même pas. "C'est quelque chose que je n'arriverai pas à admettre, explique le Castillan. Quand vous savez que vous n'avez rien fait de mal, vous ne pouvez pas accepter d'être sanctionné. Ce serait très compliqué pour moi d'accepter une chose pareille. Je ne sais pas ce qui va se passer mais je suis confiant." Il confie aussi n'avoir aucune relation avec l'équipe Astana depuis le début de l'affaire. "Je ne leur ai rien dit au sujet de ce contrôle à cause des clauses de confidentialité imposées par l'UCI", précise-t-il.

Comme toujours, dans ces circonstances, on compte ses amis. Contador va savoir où sont les siens. Il laisse entendre que Lance Armstrong ne compte pas parmi eux. "Il ne m'a pas envoyé de message, mais j'ai su par d'autres personnes ce qu'il en pensait", dira-t-il simplement. Plus que l'avis d'Armstrong, c'est surtout le regard de ses compatriotes sur lui qui l’importe. Sur ce point, il parait confiant. "Je suis persuadé qu'ils garderont leur confiance en moi". Une chose est sûre en tout cas: à partir de maintenant, il regardera tout morceau de viande avec un oeil méfiant. "Je ne mangerai plus jamais de viande si je ne sais pas exactement d'où elle vient. Même si j'aime beaucoup la viande." Dans 10 jours au plus tard, il saura s'il peut digérer ce morceau là.