Evans ne partagera pas

Le patron, c'est lui. En tout cas quand il s'agit du Tour de France. Il n'y a pas de débat là-dessus et il n'y en aura pas. Cadel Evans a tenu à se montrer très clair sur ce point. Quelques jours à peine après l'officialisation de la signature de Thor Hushovd chez BMC, le vainqueur du Tour 2011 a mis les choses au point: pas question pour lui de cohabiter avec un sprinter l'an prochain au mois de juillet. Ce doit être tout pour lui.

"En ce qui concerne la venue de Thor dans l'équipe, l'objectif principal de Jim Ochowicz (NDLR: le patron de la formation BMC) était d'avoir un leader dans l'équipe pour obtenir des résultats en début de saison, afin que l'équipe ne repose pas que sur moi en début d'année", a expliqué Evans à l'agence Reuters. Sous-entendu, pas de souci pour que Thor Hushovd se focalise sur Paris-Roubaix ou n'importe quelle autre course à la sortie de l'hiver ou au printemps. En revanche, pour le Tour, pas question de partager des responsabilités ou de voir des équipiers se mettre au service de qui que ce soit d'autre.

Pour éviter tout malentendu, Evans a donc préféré mettre directement les pieds dans le plat. "J'ai dit à Jim: 'écoute, tu veux ramener un sprinter, mais je ne veux pas de sprinter, parce que j'ai déjà fait ça dans le passé, j'ai déjà donné'. Si je fais le Tour, je veux pouvoir le faire pour le gagner." D'une certaine manière, on peut appeler ça affirmer son autorité, voire poser ses conditions. Après son triomphe en jaune sur les Champs-Elysées, Evans peut se le permettre. Il l'a bien compris. "J'ai été très clair à ce sujet et Jim l'a accepté. C'est donc sur ces bases que Thor a été recruté", assure l'Australien.

Thor Hushovd n'a pour l'instant pas réagi aux déclarations de Cadel Evans mais, si ce dernier dit vrai, et il n'y a aucune raison de penser le contraire, le Norvégien devait savoir à quoi s'en tenir lorsqu'il a signé son contrat. Ses premiers mots n'entrent d'ailleurs pas en contradiction avec la position de son prédécesseur au palmarès du Championnat du monde, puisqu'il a confié que son principal objectif serait Paris-Roubaix. Par ailleurs, Hushovd n'est plus à proprement parler un pur sprinter. Sur le Tour 2011, s'il a remporté deux étapes, c'est en montagne qu'il est allé les chercher. Pas dans les sprints. Et si Garmin-Cervelo a beaucoup travaillé pour lui, c'est parce qu'il a eu le maillot jaune une semaine durant.

Les propos de Cadel Evans ne signifient donc pas forcément qu'Hushovd ne sera pas au départ du Tour de France 2012 avec l'équipe BMC. Le Scandinave peut très bien se débrouiller tout seul. Il n'a pas l'approche d'un Mark Cavendish sur le Tour. Et Cadel Evans ne sera pas le Tony Martin de BMC. Personne n'en doute. Alors, l'Australien s'est-il emballé? Encore une fois, plus que jamais, BMC est son équipe. Il a simplement voulu le rappeler. Mieux vaut prévenir que guérir...