Un œil sur le Tour : Pinot, Quintana, Froome... Ils avaient tous gardé le meilleur pour la fin

Je n'irai pas jusqu'à dire, comme Jens Voigt, que nous venons de vivre le "plus grand Tour de l'histoire". Le recordman des participations sur la Grande Boucle s'est un peu enflammé. Sans doute faut-il mettre son emballement sur le dos de cette 20e étape. Car elle, incontestablement, s'est avérée formidable. Un beau, un grand moment de cyclisme que celle ultime ascension du Tour 2015. L'Alpe d'Huez, théâtre à nul autre pareil, a donné sa pleine mesure dans ce bouquet final montagnard, magistralement servi par des acteurs à la hauteur. Oui, quelle étape, vraiment.

Si vous n'avez pas vibré, si votre échine n'a pas été parcourue d'un petit frisson, je vous plains sincèrement. L'ascension triomphale de Thibaut Pinot, enfin réconcilié avec ce Tour 2015 qui lui a longtemps tiré la tronche, restera à coup sûr comme un des grands moments de sa prometteuse et déjà belle carrière. Il a été formidable. Derrière lui, le duel à distance entre Nairo Quintana et Chris Froome a valu son pesant de plaisir, lui aussi. Comme promis, le Colombien a tout tenté. Ça n'a pas suffi, mais sa dernière estocade a magnifié la victoire finale d'un Chris Froome plus gestionnaire que tyrannique et si loin du dictateur décrit il y a 10 jours.

Il sera temps, très vite, de passer à l'analyse à tête reposée de tout ce que nous venons de vivre. Du rush magnifique mais sans doute trop tardif de Quintana ces 24 dernières heures. Du pourquoi et du comment de la victoire de Chris Froome, qui n'aura finalement dominé qu'un seul col, le tout premier, avant de gérer. Il aura été le plus fort mais surtout le plus régulier, des plaines venteuses de Zélande à la grandiloquence de l'Alpe. Il sera temps d'épiloguer sur les hauts et des bas de Nibali, l'affaissement prononcé de Contador, ou les hauts et les bas des Français. Le temps viendra pour tout ça. Mais pour l'heure, que subsiste le pur plaisir d'un moment de cyclisme rare. Il ne laisse qu'un regret : que ce soit déjà fini. On aimerait tellement qu'ils nous remettent ça.

La grandeur des équipiers dans l'Alpe. Alexandre Géniez, pour Thibaut Pinot. Alejandro Valverde et Winner Anacona pour Nairo Quintana. Wouter Poels et Richie Porte pour Chris Froome. Si l'Alpe d'Huez a valu par le comportement des ténors, les seconds violons ont eux aussi joué une remarquable partition. On ne rappellera jamais assez à quel point le cyclisme est le plus collectif des sports individuels.

La déconfiture de Contador. Il n'en peut plus, le Castillan, et c'est un peu triste de le voir à ce point impuissant dans une montée comme l'Alpe d'Huez. Il n'a pas pu exister, terminant à la 16e place. A 32 ans, il a à l'évidence payé ses efforts du Giro. Dommage, car un Contador plus saignant aurait pu donner une dimension supplémentaire à ce Tour. Par son goût de l'audace, El Pistolero reste unique. Le voir ainsi largué a quelque chose d'un peu triste.

Si Quintana avait attaqué 5 kilomètres plus tôt à la Toussuire, qui serait en jaune ce samedi soir ?

La 4e de Greipel dimanche ? Ou la 5e du Cav' sur les Champs ?

Et si on rebaptisait l'Alpe d'Huez la "montagne des Français" ? Trois victoires de suite après un quart de siècle de disette...

4. Le nombre de coureurs présents dans le Top 10 en 2014 et qui y sont encore un an plus tard. Il s'agit de Vincenzo Nibali (1er – 4e), Alejandro Valverde (4e – 3e), Romain Bardet (6e – 9e) et Bauke Mollema (10e – 7e).

11. Le nombre de points séparant Chris Froome de Nairo Quintana au classement du meilleur grimpeur. Si le Colombien avait gagné à l'Alpe, il serait à un point du Britannique. Cela aurait pimenté la dernière côte de ce Tour, dimanche, en début d'étape...

29. Voilà, c'est fait. Chris Froome a rejoint Fabian Cancellara avec 29 jours en jaune pour devenir le coureur en activité numéro un dans cette catégorie statistique. Et il dépassera le Suisse dans 24 heures. Il sera alors le 11e coureur avec au moins 30 jours en jaune dans l'histoire du Tour.