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Les débats du Tour : Chris Froome peut-il encore perdre le Tour ?

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 21/07/2017 à 09:38 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Chaque jour, trois questions sont posées à deux membres de la rédaction. Chacun donne son point de vue et vous invite à prendre part à la discussion. Ce jeudi, c'est l'heure de dresser le bilan des Alpes.

Chris Froome (Sky) lors de l'étape 18 du Tour de France 2017

Crédit: Getty Images

Barguil est-il un futur candidat au maillot jaune ?

Par Laurent Vergne
Avec ses deux victoires d'étapes, dont la dernière, prestigieuse, au sommet de l'Izoard, son maillot à pois et son Top 10 probable au général, Warren Barguil aura marqué ce Tour de son empreinte. Après un tel festival, et vu comment il termine ce Tour (en trombe), il est très tentant de voir en "Wawa" un futur prétendant au classement général. D'ailleurs, je note avec intérêt que le Breton, après avoir dit voilà dix jours que le général "n'était pas pour lui" parce qu'il manquait de constance, a susurré à l'Izoard que c'était "possible".
Aussi tentant cela soit-il, je ne suis pas sûr que ce soit le truc de Barguil. Là, il est arrivé sans pression, l'esprit libre et quand la montagne est arrivée, il était déjà très loin. Les favoris se sont désintéressés de lui parce qu'il n'incarnait aucun danger. Il en a formidablement tiré parti et, attention, il ne faut surtout pas minimiser ce qu'il vient d'accomplir. Contador aussi a pu attaquer, mais il n'en avait pas les moyens. Barguil, si.
Maintenant, venir sur le Tour en disant "je joue le général", en visant le podium, voire le maillot jaune, c'est une toute autre approche. En termes de comportement, de stress, c'est une autre façon de courir. Bardet a prouvé qu'il savait le faire. Barguil devra le prouver. Mais le meilleur moyen d'en avoir le cœur net, c'est encore de le tenter. Il serait aberrant qu'au regard de son potentiel, le maillot à pois 2017 n'essaie pas de jouer, tôt ou tard, le général. Il saura alors s'il est fait pour ça. Si tel n'était pas le cas, il sera toujours temps de redevenir ce formidable trublion qu'il a été ces deux dernières semaines.
Par Loris Belin
Warren Barguil est sans conteste possible l'un des très grands acteurs de cette Grande Boucle 2017. Dans une édition parfois critiquée pour son ennui et l'immobilisme des hommes de tête, le Breton a offert l'exact opposé : de l'attaque, de l'audace et même une dose de cran dignes des champions de la petite reine. Sa victoire dans l'Izoard, il ne la doit à personne d'autre qu'à lui-même, en choisissant de partir seul à six kilomètres de l'arrivée quand tout le monde se regardait. Son numéro de pur grimpeur était éblouissant. Il en dit long sur les qualités du coureur Sunweb. Mais aussi de son profil.
Pour l'instant, Warren Barguil est un formidable dynamiteur de course dès que la route s'élève. Très fort en deuxième et troisième semaine avec les Pyrénées puis les Alpes, on l'a vu tranchant dans ses attaques et solide pour suivre le train des meilleurs la veille à Serre-Chevalier. Mais il reste encore trop faible sur le plat, et en particulier en contre-la-montre (81e à Düsseldorf) pour faire du coureur de 25 ans un potentiel vainqueur de Grand Tour. On le compare souvent à Richard Virenque, et c'est vrai qu'il y a de Richard cœur de lion dans Barguil. Virenque a ait des podium de Tour, mais il lui a toujours manqué un petit quelque chose pour accrocher la victoire finale. Je vois Barguil, pour l'instant, du même acabit.

Froome peut-il encore perdre le Tour ?

Par Laurent Vergne
A la régulière, à la pédale, non. Mais 23 secondes sur son dauphin, et 29 secondes sur le troisième n'autorisent aucune faute. Une bordure vendredi, une cassure pour x ou y raisons, et tout pourrait encore basculer. Une poisse hors normes dans le chrono, une crevaison, une chute dans les rues de Marseille et le Britannique pourrait se retrouver fragilisé. Mais nous parlons là de circonstances particulières, voire exceptionnelles.
En dehors de cela, c'est plié. Comme on le pressentait, Froome n'a pas été mis en danger une seule fois dans les Alpes. Il finit ce Tour plus fort qu'il ne l'était il y a dix jours. Et il va arriver sur son terrain de jeu favori. Il devrait prendre au minimum deux secondes au kilomètre à Romain Bardet samedi et si Uran est un bon rouleur, je serais plus que surpris de voir le Colombien lui prendre une demi-minute sur ce dernier contre-la-montre. La faiblesse des écarts ne permet pas à la Sky de déboucher le champagne. Mais Dave Brailsford peut commencer à le mettre au frais.
Par Loris Belin
Sur le papier, c'est un grand non. Le Britannique n'a pas grand-chose à craindre de l'étape de vendredi vers Salon-de-Provence et même s'il venait dans le plus grand des coups de théâtre à perdre sa tunique jaune vendredi, les écarts sont trop réduits pour l'empêcher de rafler la mise grâce au chrono marseillais. Le leader de la Sky a toutes les cartes en main pour glaner sa quatrième Grande Boucle. Restent désormais les aléas, et les oublier serait comme amputer le sport d'une partie de son ADN.
Le tenant du titre n'a pas été épargné par les petits pépins encore cette année, entre les soucis mécaniques et les chutes, comme lors de la 2e étape. Rien ne dit qu'il sera sevré d'un tel incident lors des deux prochaines étapes. De même, une chute peut rapidement être venue. Surtout si la route demain venait à être humide. Bien sûr, tout cela n'est qu'hautement hypothétique, et on ne souhaite pas à Froomey (ni à n'importe quel coureur d'ailleurs) de perdre le Tour dans de pareilles circonstances. Mais occulter cette éventualité, aussi invraisemblable soit-elle, tient selon moi de l'erreur.
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Chris Froome (Sky)

Crédit: Getty Images

Quelle note pour ces deux étapes dans les Alpes ?

Par Laurent Vergne
4 sur 10. Primoz Roglic et Warren Barguil ont été deux superbes vainqueurs, dans deux styles différents. Mais ce qui confère sa grandeur à une étape de montagne, c'est à la fois son intensité et sa dramaturgie. A ce niveau-là, je suis vraiment resté sur ma faim. Malgré la Croix-de-Fer, le Galibier et l'Izoard, peu d'attaques entre les principaux favoris. Quelques rares escarmouches mais, au fond, j'ai le sentiment que chacun était relativement satisfait de sa position. En tout cas suffisamment pour ne pas risquer de la compromettre en prenant des risques trop importants.
Mercredi, beaucoup pont râlé parce que le Galibier était trop loin de l'arrivée. Jeudi, la ligne avait été posée en haut de l'Izoard, mais ça n'a rien changé. Et pour cause. Ce sont là de faux débats. Arrivée au sommet ou pas, si les coureurs ne veulent ou ne peuvent donner une dimension épique à la course, la déception sera au bout. Le diptyque alpestre aura été à l'image de ce Tour : peu d'envolées, beaucoup de calculs, des ténors qui se tiennent de très près, peut-être trop. Heureusement, Barguil était là. Mais il ne suffit pas à offrir la moyenne à ces Alpes qui ne laisseront pas un souvenir impérissable.
Par Loris Belin
5,5 sur 10. Essayons de prendre un peu de recul sur ces deux dernières journées. Le scénario tout d'abord. Similaire, pour ne pas dire pas loin d'être identique. Un numéro solitaire, des cadors qui s'observent, se titillent à peine sans vraiment s'attaquer franchement, et Aru qui s'écroule. Pour deux étapes alpestres, on espérait il faut bien le dire un peu mieux. Les conséquences ne sont par ailleurs guère plus excitantes. Froome avec 23 secondes d'avance sur Bardet et 29 sur Uran, le scénario est exactement le même que mardi soir.
Seul Fabio Aru a disparu de la circulation comme véritable changement en haut de la hiérarchie. Difficile avec un pareil bilan de donner une note flamboyante à ces deux journées. Je retiens quand même les deux efforts de Primoz Roglic mercredi et Warren Barguil aujourd'hui pour remonter mon jugement. Voir deux jeunes coureurs tenter des embardées solitaires avec autant de volonté et de talent, c'est rafraichissant. 5,5 sur 10, une petite moyenne donc. Et cela aurait été certainement plus bas si je n'avais pris en compte que la prestation des leaders.
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