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Pour Bernal, c’est déjà l’heure

Benoît Vittek

Mis à jour 05/07/2019 à 09:17 GMT+2

TOUR DE FRANCE - En l'absence de Chris Froome, Egan Bernal a les faveurs de nombreux pronostics et de son équipe Ineos pour devenir le premier Colombien à triompher sur la Grande Boucle. À seulement 22 ans, les attentes qui l'escortent sont vertigineuses. Mais elles sont aussi justifiées.

Egan Bernal

Crédit: Getty Images

Un demi-siècle après Eddy Merckx, les routes de France et de Belgique sont appelées à lancer un nouveau champion vers la gloire du Tour. La Grande Boucle célèbre cet été le 100e anniversaire du maillot jaune, le 50e du premier festin du Cannibale (porteur de la tunique dès son premier jour sur le Tour et un contre-la-montre par équipe dans sa ville, Woluwe-Saint-Pierre, où le peloton passera samedi). Et un gamin colombien vient faire plus précoce que Merckx, Gimondi ou Fignon : à 22 ans, 6 mois et 16 jours, Egan Bernal peut devenir dimanche 28 juillet le troisième plus jeune vainqueur de l’histoire du Tour, le plus précoce depuis 1935 !
Paris est encore loin, mais "on" attend beaucoup du prodige du Team Ineos. Et, loin d’être con, ce "on" semble universel. La première victoire d’un Colombien sur le Tour est prophétisée depuis bientôt 40 ans. Tout un pays rêve de voir Bernal concrétiser cet espoir que Nairo Quintana a (pour l’instant) déçu. Fans et journalistes du monde entier ont lancé leurs prédictions favorables à Bernal. Les paris sur son nom ont les plus petites cotes.

Face à Thomas, avantage Bernal

Surtout, après le forfait de Chris Froome et la chute de Geraint Thomas en Suisse, le voilà co-leader du Team Ineos qui, après avoir remporté six des sept derniers Tours, mise sur son Colombien pour prolonger cette domination écrasante. "Après le succès de l’an dernier, nous avons décidé de venir sur la course avec deux co-leaders", a expliqué le manager Dave Brailsford. "Geraint et Egan sont tous les deux en grande forme." Mais Egan se présente sur une bien meilleure lancée, avec son rebond victorieux sur le Tour de Suisse après son forfait pour le Giro d’Italia.
Geraint Thomas se retrouve en vainqueur sortant sans le soutien absolu de son équipe - les derniers mois, au cours desquels on a moins parlé de ses performances que de sa capacité à digérer sa victoire dans le Tour et maintenant sa chute en Suisse, ont semé de nombreux indices selon lesquels le Gallois n’avait pas les faveurs sportives de ses patrons. Brailsford voulait dans un premier temps recaser son vainqueur du Tour sur le Giro, comme il avait fait avec Bradley Wiggins en 2013, ouvrant la voie au règne de Froome. En dehors du Team Sky, on peut penser aux exemples de Greg LeMond en 1986 ou Jan Ullrich en 1997, venus supplanter Bernard Hinault et Bjarne Riis.

Le plus beau joyau de Brailsford

Avec Wiggins, Froome et Thomas, la formation britannique nous a habitués à polir patiemment ses vainqueurs de Grands Tours, mais elle voit déjà en Bernal son plus beau diamant. Elle lui a fait signer une prolongation de contrat XXL, jusqu’en 2023, en fin de saison dernière, alors même qu’en coulisses Sky se retirait. Il ne fait aucun doute que la présence de Bernal a servi d’argument en talent massif pour attirer un nouveau sponsor sur l’air de : "Nous avons le prochain vainqueur de cinq Tours de France. Ou plus."
Ses débuts brillants dans le WorldTour l’avaient déjà imposé sur la Grande Boucle, où il a livré une superbe partition de lieutenant tout en prenant la 15e place (malgré un débours d’un quart d’heure après une chute dans l’étape de Roubaix). Et pour prolonger son été, à seulement 21 ans et après une arrivée relativement tardive sur la route, il devait enchaîner sur la Vuelta, avant de subir un traumatisme facial lors d’une lourde chute sur la Clasica San Sebastian début août.
"C’était un coup dur pour moi, d’être aussi bien, à 100% après le Tour, et ensuite de me voir aussi fragile", reconnaissait Bernal auprès de Cycling Tips en début de saison. Lorsqu’il s’est réveillé sur son lit d’hôpital, explique-t-il, il ignorait ce qui lui était arrivé et se demandait s’il avait couru la Vuelta. Lorsqu’il a fait sa première sortie à vélo après sa chute, avec sa mère, il a dû lui demander de ralentir le rythme pour ne pas être décroché. Lorsqu’il a remis un dossard en compétition, début octobre, il a écumé les classiques italiennes et fini avec une 12e place sur le Tour de Lombardie.
Je sais à quoi m'attendre
Posé, Bernal s’est toujours présenté en jeune homme patient. Mais son talent le lance à toute allure sur l’autoroute du succès, avec de rares ralentissements et sans péages. Également vainqueur cette année de Paris-Nice, troisième sur la Volta a Catalunya, il était déjà parmi les grands favoris du Giro avant de se fracturer la clavicule à l’entraînement. Une vidéo réalisée par sa compagne montre sa récupération après avoir été opéré le 5 mai, jusqu’à son retour en Suisse.
Ajoutons à la liste de ses gadins une autre fracture de la clavicule en Catalogne au printemps 2018, et on comprend que la route du succès reste semée d’embuches pour Bernal. "L’expérience de l’an dernier m’a beaucoup appris", estime-t-il avant de retrouver la Grande Boucle. "En tant que coureur, quelle que soit l’image que vous avez du Tour depuis l’extérieur, vous ne savez pas vraiment ce que c’est tant que vous ne l’avez pas couru. Maintenant je sais à quoi m’attendre, je peux être plus détendu et encore plus concentré sur la course."
Un peu plus de deux ans plus tôt, jeune attraction du Tour de Langkawi, Bernal évoquait son admiration pour Chris Froome et sa capacité à garder son calme au coeur de l’action. Il n’avait qu’une poignée de courses sur route dans les jambes après ses débuts en VTT, et son potentiel, remarqué par Michele Bartoli et Androni-Giocattoli, appelait déjà les comparaisons avec Miguel Indurain ou Alejandro Valverde. Aujourd’hui, c'est son tour d'être au centre de toutes les attentes.
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