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CYCLISME - Tour de France : Bernal leader, Froome et Thomas ménagés, le choix de Brailsford (Ineos)

Raphaël Brosse

Mis à jour 20/08/2020 à 13:31 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2020 - Mercredi matin, Dave Brailsford a annoncé que ni Christopher Froome, ni Geraint Thomas ne seraient présents sur les routes de la Grande Boucle, laissant au seul Egan Bernal le statut de leader légitime. Cette décision forte a le mérite d’enfin clarifier le changement de cap d’Ineos pour les échéances à venir. Et elle bénéficiera autant au Colombien qu’aux deux Britanniques.

Dave Brailsford (INEOS)

Crédit: Getty Images

Avoir des problèmes de riches, Dave Brailsford y est un peu habitué. Avec l’effectif cinq étoiles qui est à sa disposition depuis de longues années maintenant, le manager général d’Ineos (ex-Sky) a souvent dû gamberger avant de coucher sur le papier les noms des neuf - puis huit - coureurs appelés à participer au Tour de France. Le Britannique avait aussi eu, ces derniers temps, le choix du roi au moment de désigner le leader de sa formation. Mais ce n’est pas pour autant qu’il avait choisi.
Il ne l’avait ainsi pas fait en 2018, laissant Geraint Thomas damer le pion à un Christopher Froome éprouvé par son Giro. Il ne l’avait pas non plus fait en 2019, permettant à Egan Bernal de succéder avec brio à son coéquipier. Mais pour le Tour 2020, Brailsford a tranché. Tenant du titre, Bernal défendra son bien. Thomas et Froome, eux, ne seront pas là. Décision cruelle, crime de lèse-majesté ? Au contraire. Ce choix en dit beaucoup sur la nouvelle page que compte écrire Ineos. Et peut profiter à tout le monde.

Le projet Ineos gagne en clarté

Quand l’équipe Sky apparaît sur la scène du World Tour en 2010, l’objectif est clair : permettre à un coureur britannique de remporter la Grande Boucle, ce qui n’était jamais arrivé jusqu’alors. Ils y sont parvenus dès 2012, avec Bradley Wiggins, puis cinq fois lors des six éditions suivantes, avec Froome d’abord (2013, 2015, 2016, 2017) puis Thomas (2018). L’attachement à l’Union Jack et aux ressortissants du Royaume-Uni est inscrit dans l’ADN de l’équipe, comme en témoigne le recrutement de Mark Cavendish (2012).
Mais Sky s’est peu à peu internationalisée et la quête initiale, assouvie par plusieurs années d’un règne quasiment ininterrompu, ne paraît plus aussi primordiale. Au fond, la victoire finale décrochée par Bernal sur le Tour 2019 a enclenché un changement d’ère que Brailsford a semble-t-il acté ce mercredi matin : du haut de ses 23 ans, le grimpeur originaire de Zipaquira représente l’avenir du Team Ineos. Geraint Thomas (34 ans) et Christopher Froome (35 ans), eux, appartiennent au passé. Glorieux, certes. Mais révolu tout de même.

Bernal gagne en confiance et en sérénité

Le 29 août prochain, la formation Ineos-Grenadier - son appellation pour la durée de l’épreuve - se présentera donc pour la première fois au départ du Tour de France sans coureur britannique destiné à briller au classement général puisque le seul sujet de Sa Majesté aligné, Luke Rowe, sera cantonné à un rôle d’équipier. Cette sélection, justement, est très compétitive car outre l’infatigable rouleur gallois (qui abattra un gros travail en compagnie de Jonathan Castroviejo et Dylan van Baarle), Bernal pourra s’appuyer sur de solides lieutenants en montagne (Richard Carapaz, Pavel Sivakov, Andrey Amador) et un capitaine de route expérimenté (Michał Kwiatkowski).
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Egan Bernal, vendredi, lors de la 3e étape du Critérium du Dauphiné

Crédit: Getty Images

Le Colombien bénéficiera de la collaboration pleine et entière de ses équipiers, et nul doute que Froome et Thomas, s’ils avaient été retenus, auraient probablement rechigné à la tâche. Forcément mis en confiance par la décision de son manager, le natif de Bogota aura surtout la possibilité d’aborder la course de manière plus sereine. Son statut de leader ne sera pas contesté et, même s’il affiche une faiblesse à un moment donné, personne ne s’engouffrera dans la brèche pour tenter de lui voler la vedette.

Froome et Thomas gagnent… du temps

En suivant tout cela de loin, on pourrait assimiler le choix de Brailsford à une sanction appliquée envers Froome et Thomas. Ce serait une erreur. L’un comme l’autre sont actuellement hors de forme, ce qui s’est vérifié de façon criante sur les routes du Dauphiné la semaine dernière. Rien, absolument rien ne dit qu’ils auraient recouvré 100% de leurs capacités sur les routes du Tour. Auraient-ils pu faire honneur à leur statut d’ancien vainqueur ? Probablement pas. Au lieu de les envoyer au casse-pipe, leur manager leur offre donc une chance : celle de se mettre en évidence en fin de saison.
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Chris Froome et Geraint Thomas devant Egan Bernal (Ineos) lors du Critérium du Dauphiné 2020

Crédit: Getty Images

Ainsi, le coureur gallois prendra le départ du Giro le 3 octobre prochain. L’occasion de renouer le fil avec une histoire brutalement interrompue en 2017 (il avait dû abandonner après une chute causée par une moto) et de jouer sa carte personnelle lors d’une course finalement orpheline du phénomène Remco Evenepoel (Deceuninck-Quick Step), forfait. Le Kenyan Blanc reviendra lui sur la Vuelta (20 octobre-8 novembre), terre de ses premiers exploits (vainqueur du général en 2011). Les deux ont respectivement encore six et neuf semaines pour retrouver des sensations. S’ils y parviennent et que les trois têtes d’affiche d’INEOS brillent chacune sur le Grand Tour qui leur a été attribué, il n’y aura plus grand-monde pour remettre en cause la décision de Dave Brailsford.
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