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Le Tour de France, à tout prix ?

Benoît Vittek

Mis à jour 01/04/2020 à 13:43 GMT+2

TOUR DE FRANCE - À trois mois du départ de Nice, les inquiétudes montent mais la Grande Boucle résiste encore et toujours au Covid-19. L'organisateur ASO se montre déterminé et de nombreuses voix appellent au maintien de la course d'une façon ou d'une autre.

Tour de France | Egan Bernal, Emanuel Buchmann, Thibaut Pinot, Julian Alalphilippe, Mikel Landa, Steven Kruijswijk

Crédit: Getty Images

Le Tour de France 2020 ne se disputera pas aux dates habituelles dans le calendrier cycliste. C’était prévu, avec un départ avancé d’une semaine et un rendez-vous fixé au samedi 27 juin, année olympique oblige. Jusque-là, tout allait bien. Depuis, la pandémie de Covid-19 a balayé tous les calendriers.
Les Jeux olympiques ont été reportés à l’été 2021 ; le Tour est le dernier géant du sport encore debout mais on ne sait plus vraiment quand Egan Bernal, Thibaut Pinot et les autres s’écharperont dans l’arrière-pays niçois et à travers la France jusqu’à la parade des Champs-Élysées.
Ces dernières semaines, l’organisateur Amaury a maintenu le silence autour de son plus beau joyau. Après Paris-Nice, amputé d’une étape, il a fallu se résoudre à annuler les épreuves du printemps (Paris-Roubaix, les ardennaises, Tour du Yorkshire, Eschborn-Frankfurt…). C’était douloureux mais inévitable dans des territoires où l’épidémie continue de progresser. Mais d’ici le Tour, il reste trois petits mois et ASO espère que ce laps de temps fera émerger des perspectives de sortie de crise.
C’est le message que les organisateurs du Tour font passer aujourd'hui à leurs interlocuteurs, pendant que la ministre des Sports Roxana Maracineanu provoque d’intenses débats. Son cabinet étudie “tous les scenarios possibles” mais le maintien de l’épreuve (intimement liée aux pouvoirs publics), à partir de la fin juin, est la priorité. “ASO et le gouvernement français semblent déterminés à ce ça ait lieu”, assure-t-on chez un partenaire du Tour. “Pour l’instant, on part du principe que ce sera le cas d’une manière ou d’une autre.”
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Et maintenant, faut-il envisager un report du Tour de France ?

Sauver le Tour pour sauver le cyclisme

Parfois critiqué pour son omnipotence, ASO trouvera ici de nombreux soutiens. Patrick Lefevere, à la tête de la Deceuninck-Quick Step, et Jonathan Vaughters, dirigeant d’EF Education First, ne sont pas les derniers à critiquer l’hégémonie du Tour et de son organisateur. Mais en ces temps de crise, une union internationale se fédère pour que le Tour ait lieu.
En cas d’annulation, “on parle d’un désastre total”, assure dans les colonnes de Het Nieuwsblad le Belge de la Deceuninck, qui pointe tout de même cette différence entre organisateurs et participants : “ASO peut assumer un coup dur, les équipes ne peuvent pas. S’il n’y a pas de Tour de France, le modèle entier du cyclisme peut s’effondrer.” Jonathan Vaughters “partage évidemment ces inquiétudes”, en insistant sur la baisse d’activité essuyée par certains sponsors.
La situation est particulièrement violente pour un dirigeant comme Jérôme Pineau, dont l’équipe B&B Hotels-Vital Concept a enfin obtenu (à sa 3e année d’existence) une invitation essentielle pour justifier le soutien de ses partenaires. Pineau est un amoureux de juillet, qui rêve de vivre la vraie grande fête populaire, mais il a aujourd’hui besoin du Tour, quelle qu’en soit la forme. “Il faut que les événements aient lieu même si l'équité sportive n'est pas garantie”, explique également Cédric Vasseur, à la tête de l’équipe Cofidis, qui envisage un report de quelques semaines "si la situation sanitaire le demande".
Interpellé sur Twitter au sujet d’un éventuel Tour à huis-clos, Thomas De Gendt résume : “La seule idée est de sauver le cyclisme.” Et ASO, qui organise également la Vuelta à cheval sur août et septembre, peut faire parler sa toute-puissance dans l’établissement d’un calendrier alternatif pour la fin de saison.

Le Tour pour guérir ?

Il restera à convaincre les participants réticents et à contenir les foules (on compte 10 à 12 millions de spectateurs sur les routes du Tour). Il faudra rassembler tous les partenaires, notamment les collectivités territoriales, qui payent ASO pour recevoir le Tour et mettent leurs infrastructures au service de la course. Mais coureurs et suiveurs, acteurs et admirateurs, ils sont nombreux aujourd'hui à exprimer un besoin de vélo qui se cristallise instinctivement dans la perspective d'un mois de juillet heureux.
Fête populaire unique, la Grande Boucle peut même servir de plus grandes causes. “Le Tour nous avait fait oublier la guerre”, expliquait le week-end dernier Raphaël Géminiani, âgé de 94 ans, rare survivant du peloton de 100 coureurs qui a pris le départ de la Grande Boucle en 1947. “Pour la même raison, si bien sûr d’ici là l’épidémie est jugulée, j’espère que le Tour se courra cette année”, a-t-expliqué à L’Équipe.
Sur cette première édition du Tour après la Seconde Guerre mondiale, “ça manquait un peu d’hygiène”, et “le grand fusil” Géminiani avait été hospitalisé dans des conditions peu souhaitables à Strasbourg pour soigner une fièvre aphteuse. Dans quelle situation seront les services hospitaliers français cet été ?
"Une course, ce sont forcément des ambulances à l’avant et/ou à l’arrière”, se rappelle un membre de l'encadrement d’une équipe espagnole, d’autant plus détendu que son sponsor a assuré le maintien total des financements et activités de l’équipe. “Est-ce qu’on voudra vraiment mobiliser ce genre de moyens sur un événement sportif à ce moment-là ?
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