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Les débats du Tour : Quelle est la meilleure équipe de ce Tour ?

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 22/09/2020 à 12:04 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Le rideau est tombé sur l'édition 2020 de la Grande Boucle. A l'heure de faire les bilans, nous avons voulu savoir quelle note donner au cru de cette année. Au programme aussi, une question sur la plus belle étape et une autre sur la meilleure équipe.

Marc Hirschi (Sunweb) et Tadej Pogacar (UAE Team Emirates)

Crédit: Getty Images

Quelle est la meilleure équipe de ce Tour ?

  • Laurent Vergne
A 24 heures près, il aurait été très tentant de répondre Jumbo-Visma. La victoire finale, trois succès d'étape, une maîtrise constante de la course... Mais, même sans le coup de Trafalgar de la Planche des Belles Filles, qui ternit forcément le bilan des hommes en jaune et noir, j'aurais été très tenté de répondre Sunweb. La formation allemande a souvent aboli l'ennui sur ce Tour 2020 et ses résultats au final s'avèrent exceptionnels avec quatre victoires d'étape.
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Le cyclisme est un sport collectif, Sunweb l'a encore prouvé

C'est d'autant plus méritoire que Sunweb a obtenu ces succès sans leader pour le classement général ni sprinter de tout premier plan, même si Cees Bol n'a pas été loin du compte en début de Tour. Mais Soren Kragh Andersen et Marc Hirschi, avec deux victoires pour le premier et une pour le second, ont été de grands acteurs de cette 107e édition. Le Danois et le Suisse ont matérialisé l'esprit offensif et le sens tactique de leur équipe, avec une mention spéciale pour le jeune Hirschi, grande révélation et élu à juste titre Super combatif. Le plus fou est de se dire qu'avec une victoire, il est loin d'avoir maximisé ses opportunités sur ce Tour...
  • Christophe Gaudot
Le classement général par équipes dit, comme souvent, Movistar. Je dis Sunweb, comme Laurent. Avant le Tour, personne, même pas lui, n'avait compris pourquoi la formation néerlandaise s'était passée de Michael Matthews, maillot vert en 2017 et vainqueur de trois étapes sur la Grande Boucle. Trois semaines plus tard, on a oublié que l'Australien n'était pas présent.
Sunweb a prouvé qu'avec des coureurs de talent mais aucun assez fort pour briller au général, on pouvait peser sur la course. Trois étapes (une avec Hirschi, deux avec Kragh Andersen), c'est un résultat formidable, seule UAE Emirates fait d'ailleurs mieux, et le bilan aurait pu être encore plus beau avec les places d'honneur d'Hirschi à Nice (2e) et Laruns (3e) et de Cees Bol à Nice (3e) et Privas (2e).
Plus encore que le résultat brut, c'est l'omniprésence de Sunweb qui reste. L'impression que l'équipe a joué sa partition à la perfection, à l'exception peut-être de Marc Hirschi à Laruns. Cet échec dur à avaler a enclenché la deuxième partie de Tour de Sunweb : trois succès d'étape avec trois masterclass tactiques.
  • Jean-Baptiste Duluc
La Movistar ? Non, je plaisante, bien qu’elle m’ait surprise par son niveau global. Comme mes deux collègues, j’ai été impressionné par la Sunweb. Sa capacité à aller décrocher trois étapes, avec un sens tactique surprenant, m’a bluffé, même s’il ne m’a pas tant étonné que cela. Mais comment ne pas mettre en avant les UAE Emirates ? Sur le papier, la formation émiratie n’avait pas une équipe capable de rivaliser avec les meilleurs du peloton, que ça soit pour jouer les étapes à la pédale ou lutter pour le maillot jaune. Pourtant, elle termine le Tour avec quatre bouquets (personne ne fait mieux), le maillot jaune, le maillot blanc et le maillot à pois ! Et si Pogacar est évidemment le (très) grand artisan de ce triomphe, il est loin d’être le seul.
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Tadej Pogacar (UAE Emirates) en jaune dans les rues de Paris.

Crédit: Getty Images

Déjà, c’est d’Alexander Kristoff qu’est venu le premier succès, avec son sprint victorieux à Nice le premier jour. De quoi permettre à UAE Emirates de passer deux jours en jaune sur l’épreuve, le premier et... le dernier. Rare. Ensuite, malgré les abandons rapides de Fabio Aru (9e étape) et Davide Formolo (11e étape), censés être deux précieux soutiens pour Pogacar en montagne, jamais le Slovène n’a été laissé seul par ses équipiers. Que ce soit Laengen et Marcato mais surtout Polanc et De la Cruz, impressionnant dans les Alpes, le Slovène a pu compter sur un soutien bien meilleur qu’attendu. C’est aussi pour cela qu'UAE Emirates est la meilleure équipe de ce Tour à mon sens.

Quelle est la plus belle étape ?

  • Christophe Gaudot
Quand on se retournera sur cette Grande Boucle, que les débats autour du sacre de Pogacar et de la chute de Roglic s'enflammeront, certains évoqueront cette journée où le premier avait, pensait-on, tout perdu. Vous l'avez compris, mon choix s'est porté sur la 7e étape entre Millau et Lavaur.
La journée avait démarré fort avec une équipe Bora-Hansgrohe qui, la bave aux lèvres, cherchait déjà à éliminer le maillot vert, Sam Bennett. Dès la sortie de Millau, l'équipe de Peter Sagan n'avait pas pris le temps d'admirer le viaduc et avait profité d'un vent de côté et d'un parcours difficile pour éjecter Ewan, Kristoff, Nizzolo et finalement Bennett. Plus loin, à 35 kilomètres de l'arrivée, les Ineos-Grenadier avaient fait craquer Pogacar, Porte et Landa, trois des quatre premiers du général final du Tour au passage. De Castres à Lavaur, les ténors, dont Thibaut Pinot, s'étaient relayés en tête de groupe pour faire grandir l'écart. Dans l'ultime ligne droite, c'est Wout Van Aert qui avait réglé le restant de la meute. Une telle étape méritait un grand vainqueur.
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Rythme dingue, tour de vis, bordures et Van Aert royal : Le résumé de la 7e étape

  • Jean-Baptiste Duluc
J’ai longtemps hésité entre le chrono, pour des raison évidentes, l’étape de la Roche-sur-Foron pour l’énorme numéro des Ineos-Grenadier et une des rares bagarre de loin entre favoris et celle de Loudenvielle. J’ai choisi cette dernière pour les mêmes raisons sportives finalement que la 19e étape du Tour 2019 est entrée dans les mémoires. Il n’y aura pas eu – et heureusement – de problèmes météorologiques mais, pour le reste, on s’en rapproche. C’est l’une des rares étapes de montagne de cette Grande Boucle qui m’aura vraiment donné des émotions fortes et variées. Vers Loudenvielle, on ne s’attendait à (presque) rien et on aura (presque) tout eu. Son positionnement, en ouverture de Pyrénées et en sortie d’une journée de bordure, laissait penser à un jour tranquille. Il n’en a rien été.
La déception et la désolation qu'a provoquées la défaillance de Pinot avaient déjà posé les bases d’une journée pas comme les autres. Et puis, il y a eu cette montée irréelle de Peyresourde. Ascension classique du Tour, elle n’a quasiment jamais été véritablement exploitée par les leaders, étant trop "facile". Cette fois, elle a offert un feu d’artifice, mené par Tadej Pogacar, qui a récupéré 40'' sur Roglic, un total pas si innocent à la lecture du résultat final. Derrière, Quintana et Roglic avaient attaqué, Martin et Bardet tenté d’aller chercher le maillot jaune. Sans oublier la deuxième victoire française de ce Tour, signée Nans Peters. Difficile de faire mieux tout de même.
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Feu d'artifice pour Ineos, Roglic en gestionnaire : le résumé de la 18e étape

  • Laurent Vergne
Sur un plan historique, difficile de ne pas admettre que le contre-la-montre de la Planche des Belles Filles restera durablement ancré à la postérité. Mais même si je suis un défenseur du chrono et ne manque pas une occasion de déplorer sa marginalisation au menu du Tour, j'ai du mal à considérer qu'une étape contre-la-montre puisse constituer la plus "belle" d'une épreuve de trois semaines. La plus décisive, la plus dramatique, pourquoi pas. La plus belle, non. Même si chacun conviendra que le terme porte en lui une valeur subjective.
La vraie star de ce Tour 2020, plus encore que Pogacar, Roglic, Hirschi ou qui vous voudrez, c'est le col de la Loze. Quatre lettres et cinq kilomètres, les derniers, absolument époustouflants. Ce n'était pas forcément l'étape la plus passionnante de A à Z, mais le spectacle final emporte tout. Dans un cyclisme façon XXIe siècle si verrouillé par les collectifs en acier, il était bon de retrouver un terrain à la démesure d'une épreuve comme le Tour, où tout se fait à la jambe, où chacun se trouve seul face à sa propre souffrance et ses propres capacités.
Je ne sais pas ce que l'histoire retiendra de Tadej Pogacar ou même de ce Tour de France 2020, mais le col de la Loze, lui, a déjà pris place parmi les ascensions cultes. On reverra la Loze, et très vite, je l'espère. Le contraire me surprendrait.
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Montée dantesque, Lopez aérien, Roglic renforcé : le résumé de la 17e étape

Quelle note donner à ce Tour ?

  • Jean-Baptiste Duluc
16/20. Je ne me serais jamais attardé à de telles hauteurs avant le chrono de la Planche des Belles Filles, mais le côté historique, associé au retournement de situation hallucinant et au sacre du coureur qui aura finalement le plus "mérité" (bien que je déteste ce terme), m’a poussé à augmenter ma note de trois ou quatre points. Car, auparavant, ce cru 2020 m’avait un peu déçu du côté des leaders. D’accord, les Alpes ont fait peur à tout le monde mais voir la première semaine aussi peu exploitée m’a laissé sur ma faim. Et ce sont le Massif central ou les Alpes, finalement assez peu exploités par les favoris par rapport à leur potentiel, qui m’ont rabiboché avec ce Tour. Finalement, même malgré tout cela, je trouve cette édition meilleure encore que celle de l’an dernier.
D’accord, je n’étais pas de ceux qui considéraient le Tour 2019 comme une année exceptionnelle. Oui, les Français avaient brillé mais la lutte entre favoris, exception faite du Prat d’Albis, s’était uniquement jouée dans le dernier kilomètre des ascensions, ou presque. Du moins jusqu’aux Alpes et cette 19e étape légendaire. Un peu comme le chrono dingue de la Planche des Belles Filles.
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A 4km du sommet, Roglic avait déjà perdu son maillot jaune

Ajoutez à cela des étapes vallonnées passionnantes (merci Bora), des bordures au même endroit qu’en 2019 (Lavaur au lieu d’Albi) et, finalement, on se rapproche de la qualité de l’édition précédente. Et, si ça peut étonner, je dirais même que 2020 est un meilleur cru que 2019 (exception faite des Tricolores) en raison d’une vraie lutte jusqu’au bout pour les maillots distinctifs. Dans quelques mois, quand on repensera à ce Tour, on se rendra compte à quel point son final – et son vainqueur - le rendent grand.
  • Laurent Vergne
13/20. Le dénouement de la Planche des Belles Filles et le sacre du plus jeune vainqueur depuis 1904 donnent incontestablement une dimension historique à cette édition 2020. Mais un Tour, c'est trois semaines. Pas un dernier week-end. Globalement, sans être dénué d'intérêt, il aura, jusqu'au chrono vosgien, manqué d'un certain souffle. La "faute" aux Jumbo-Visma, nouveaux verrouilleurs en chef, et à leur leader, Primoz Roglic, qui a choisi d'agir en gestionnaire, sans plus. L'une et l'autre ont fini par le payer cher.
Mais rappelons-nous quand même que ce Tour de France aurait pu ne pas avoir lieu. Certains lui promettaient ensuite de ne pas aller jusqu'à Paris, ou avec un peloton amputé, Covid-19 oblige. Le Tour a eu lieu, et plutôt bien. Le temps de septembre a été celui de juillet (le premier jour niçois mis à part, malheureusement pour Thibaut Pinot), la foule a été bien plus nombreuse qu'on ne l'imaginait, et la course a mis en avant des coureurs aux profils variés, souvent jeunes. Puis l'histoire a déboulé samedi à la Planche des Belles Filles. Sous réserve que rien ne vienne contredire le verdict inattendu de ce week-end, il est probable que l'on reparle de ce samedi 19 septembre 2020 encore très, très longtemps.
  • Christophe Gaudot
14/20. C'est le lot de tous les Tours de France, mais je me suis parfois ennuyé sur cette édition. Il était pourtant parti très fort avec cette première journée folle autour de Nice. La suite immédiate n'a pas été à la hauteur avec des étapes à Orcières-Merlette et au Mont-Aigoual complètement escamotées. Les Pyrénées et le Massif central ont livré de belles bagarres mais dans les Alpes, que retient-on ? Le col de la Loze, et c'est presque tout.
Bien sûr, toute analyse de cette édition 2020 ne peut se faire qu'en deux temps : d'abord, les 19e premières étapes, puis la folie de la 20e. Tout le monde croyait ce Tour terminé mais Pogacar l'a renversé. Qui plus est sur un chrono. Qui plus est à la Planche des Belles Filles, star de la décennie sur la Grande Boucle.
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Sublime, cruelle et déjà dans la légende : Le résumé de la 20e étape

Ce contre-la-montre de la Planche ne vaut pas l'étape de l'Iseran en 2019. Point d'épopée comme celle d'Alaphilippe en jaune en 2019 cette année. Celle-ci avait, je crois, dépassé les frontières françaises. J'ai finalement trouvé le Tour 2020 plus lisible que son prédécesseur. Je le classe deux crans en-dessous, autant d'un point de vue des émotions que de celui du suspense.
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