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Tour de France 2020 - Les débats du Tour : La neutralisation par les coureurs était-elle légitime ?

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 30/08/2020 à 08:47 GMT+2

TOUR DE FRANCE - La première étape de la Grande Boucle a été, en partie, neutralisée ce samedi, autour de Nice. Un choix dont les coureurs sont à l'initiative et qui est l'un des objets de nos débats du Tour. Ceux-ci portent également sur le caractère "surprise" ou non de la victoire d'Alexander Kristoff et sur la deuxième étape, montagneuse. Est-elle notamment taillée pour Julian Alaphilippe ?

Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step), face aux Jumbo-Visma, au départ de la première étape du Tour de France 2020, le samedi 29 août à Nice

Crédit: Getty Images

La neutralisation par les coureurs était-elle légitime ?

  • Laurent Vergne
Je ne suis pas toujours très fan des neutralisations décidées par les coureurs. Il y a tout juste dix ans, sur la route de Spa, le peloton s'était déjà relevé sous le commandement de Fabian Cancellara et j'avais été de ceux qui n'avaient pas compris ce choix. Mais les circonstances étaient bien différentes et la décision n'avait pas fait l'unanimité chez les coureurs. Si plusieurs leaders (à l'époque, Basso, Armstrong, les frères Schleck…) n'avaient pas été retardés, le même Cancellara aurait-il "ordonné" aux troupes de lever le pied ? D'autant que, devant, il y avait des échappés qui, eux, voulaient faire la course.
Samedi, à Nice, ce fut très différent. Le peloton était groupé. Personne n'était donc lésé. Certains ont pu rentrer de l'arrière mais la course n'a pas été faussée. C'est vraiment une question de sécurité qui a poussé les coureurs à prendre cette décision. La route était devenue une patinoire, les chutes se multipliaient. Ils étaient les plus à mêmes de juger et, à une poignée d'Astana boys près, personne n'y a trouvé à redire. Puis c'était la première étape. Qui avait vraiment envie de voir le Tour décimé par un jeu de massacre après quelques dizaines de kilomètres sur près de 3 500 ?
  • Simon Farvacque
Le choix de la neutralisation décrétée par le peloton m’a semblé légitime. Les conditions atmosphériques étaient propices à des chutes qui ne témoignaient pas d’une mise dans les cordes mais bien d’une route trop glissante. La timide tentative d’insurrection d’Astana l’a illustré, Miguel Angel Lopez finissant dans le décor. Le seul élément qui aurait pu remettre en question, sportivement, la pertinence de ce cessez-le-feu aurait été la présence d’au moins un coureur à l’avant. Au risque de revivre un final d’étape semblable à celui qui avait souri à Sylvain Chavanel lors du Tour 2010, à Spa, où il avait glané un succès minoré par une décision similaire de ses poursuivants.
Ce fait de course a par ailleurs permis d’observer le rapport de force qui s’instaure dans le peloton. C’est la Jumbo-Visma de Tony Martin dans un premier temps, puis de Primoz Roglic en personne dans un second, qui a sifflé la fin des hostilités. La formation néerlandaise se place ainsi en patronne du Tour de France. Ou cherche en tout cas à le faire. Même si cette première étape du Tour de France a ainsi été frustrante, par son aspect figé pendant de nombreuses bornes, elle n’a ainsi pas été dépourvue d’enseignements.
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Le débat des RP : Les coureurs ont-ils eu raison de neutraliser la course ?

La victoire de Kristoff constitue-t-elle une surprise ?

  • Laurent Vergne
Oui et non. Oui, parce qu'Alexander Kristoff n'est plus exactement une machine à gagner et dans la hiérarchie mondiale du sprint, le Norvégien a reculé sensiblement ces dernières années. Mais justement, ce Tour 2020 est loin de réunir le gratin des sprinters. Beaucoup ont fait l'impasse, pour des raisons diverses, à commencer par la faible proportion d'étapes dédiées au sprint dans cette 107e édition.
Dans ce contexte précis, Kristoff a sa place. Les conditions dantesques du jour ont fait le reste, en transformant cette première journée en épreuve de force. Ce n'était donc pas une étape plate classique et si sprint massif il y a eu à l'arrivée, ce fut sans train (la dernière chute a trois kilomètres de l'arrivée a réduit le peloton principal à une trentaine d'unités). C'était une météo de flandriens et avec Kristoff, Pedersen et Sagan dans le Top 5 du jour, ce classement niçois n'aurait pas dépareillé au Tour des Flandres... Et au vu des circonstances, à défaut d'être logique, il ne constitue pas non plus une surprise colossale.
  • Simon Farvacque
Tout dépend du prisme par lequel on aborde son succès. Au kilomètre 0, alors qu’il dodelinait en queue de peloton, trois jours après avoir abandonné sur chute lors des championnats d’Europe, imaginer un Alexander Kristoff victorieux à Nice était difficile. Parce qu’on pouvait avoir des doutes sur sa condition physique, donc, mais surtout parce qu’en cas de première étape au scénario limpide, les purs sprinteurs que sont Sam Bennett et Caleb Ewan semblaient avantagés par rapport à lui. Mais l’outsider s’est progressivement mué en favori. Puis en lauréat.
Quelques heures plus tard, à l’approche de l’emballage final, parier sur un Alexander Kristoff maillot jaune était en effet devenu moins hasardeux. Le Norvégien de 33 ans pointait le bout de son nez à l’avant, après ne pas avoir trop souffert dans les légers reliefs azuréens, certainement satisfait par la tournure prise par les évènements. Spécialiste des classiques, il aime quand la course est chaotique, quand les organismes et les nerfs sont mis à rude épreuve, quand ce n’est plus sur des rails que le sprint va se disputer. Bref, il était dans des conditions parfaites pour s’illustrer. L’identité de son dauphin – Mads Pedersen, héroïque champion du monde l’an passé – en témoigne d’ailleurs. Kristoff était dans son élément et il l'a prouvé.
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Kristoff les a tous bluffés sur la Promenade des Anglais : Le sprint final de la 1re étape

Qui sera en jaune dimanche ?

  • Laurent Vergne
Pas Alexander Kristoff, en tout cas. On le savait, le maillot jaune niçois du samedi ne serait probablement pas celui du dimanche. Le Norvégien va tenter de savourer mais avec trois cols au menu dans cette 2e étape, on voit mal comment il pourrait conserver sa tunique. Le changement de décor sera radical et s'accompagnera d'un changement de leader. Alors, qui ?
Julian Alaphilippe n'a pas caché que le profil lui plaisait beaucoup. Il a clairement ciblé cette étape. S'il lui manque un petit quelque chose pour aller au bout de ses intentions (il n'a toujours pas levé les bras en 2020), sa condition n'en reste pas moins excellente et il va effectivement trouver un terrain de jeu qui lui plaît. Deux problèmes quand même pour lui : les deux principales difficultés sont dans la première moitié de l'étape et le sommet de la troisième, le col d'Eze, est tout de même à 35 kilomètres de l'arrivée.
Surtout, qui laissera la moindre marge de manœuvre à Julian Alaphilippe ? Même s'il clame, à juste titre, ne pas jouer le général, le souvenir de sa folle aventure en 2019 pourrait inciter les ténors à se méfier et à ne pas jouer avec le feu. Pour toutes ces raisons, la mission du puncheur français s'annonce délicate. Il n'est donc pas impossible que le prochain maillot jaune soit un très solide baroudeur, plutôt bon grimpeur, qui aura eu la bonne idée de prendre l'échappée.
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Alaphilippe : "L'étape de dimanche me plait beaucoup

  • Simon Farvacque
Le Tour de France n’est pas habitué à prendre si tôt de la hauteur. Reste à savoir qui doit s’en réjouir... Certainement pas les sprinteurs, dont Alexander Kristoff, porteur du paletot, fait partie. Les favoris de la Grande Boucle, alors ? Peut-être pas non plus, tant la mode est au pic de forme placé en sacro-sainte troisième semaine. Les baroudeurs ? Plus sûrement. Je pense ainsi que les coureurs qui ont l’ambition de rallier Paris en jaune et ceux qui espèrent se vêtir de la tunique dorée dès dimanche, à Nice, n’ont pas la même identité.
Au-delà du risque d’avoir à assumer le poids de la course trop tôt, le profil de cette deuxième joute n’est pas idéal pour voir les cadors se tester. La Colmiane et le Turini sont situés dans les cent premières bornes d’une étape qui en compte 186. Même si le Col d’Eze n’est pas à sous-estimer, cela ressemblera plutôt à une mise en jambes pour les candidats au sacre. Tandis que le menu reste trop ardu, à mon sens, pour qu'une équipe mise sur un sprint en moyen comité. Prendre l'échappée vaudra donc son pesant d’or.
Julian Alaphilippe tentera certainement de le faire. Comme bon nombre de baroudeurs tels Thomas De Gendt ou encore Lennard Kämna, si tant est qu’ils soient passés entre les gouttes et les chutes ce samedi. De Gendt étant déjà loin au général, je mise donc sur le duo Alaphilippe-Kämna. Conscient que ces deux coureurs n’ont pas l’apanage du profil idoine pour être en jaune dans quelques heures.
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Le profil de la 2e étape : Trois cols au menu, la montagne arrive déjà !

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