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Tour de France - Jumbo-Visma : la légende de l’Invincible Armada

Benoît Vittek

Mis à jour 28/08/2020 à 17:34 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Avec un train encore plus puissant que celui d'Ineos, les "abeilles tueuses" se sont largement attirées les faveurs des pronostics. Les chutes de Kruijswijk et Roglic sur le Dauphiné et la longue histoire cycliste rappellent que personne n'est intouchable, pas même le superbe collectif néerlandais.

Primoz Roglic et les Jumbo-Visma

Crédit: Getty Images

Steven Kruijswijk leur manque mais la Jumbo-Visma est loin d’être dépeuplée. La discrétion du Néerlandais ne doit pas dévaloriser son talent et ses performances, qui l’ont fait monter sur le podium du Tour de France l’an dernier et ont laissé entrevoir d’immenses possibilités pour cet élève de la Rabobank : c’est au contraire la toute puissance affichée par l’équipe néerlandaise qui en fait un épouvantail incontesté, même après les gamelles de ses leaders sur le Dauphiné et après une décennie de domination de Sky-Ineos.
Cette saison est bousculée par les plus grandes incertitudes mais elle a fait émerger une vérité supposée qu’on ne discute guère : le bloc néerlandais s’apprête à écraser les cols du Tour de France comme il roule sur la concurrence depuis la reprise fin juillet. En un mois, Wout van Aert s’est imposé comme un homme à tout gagner, l’express Jumbo-Visma a déclassé le train Ineos et Richie Porte a trouvé un nouveau surnom aux hommes en jaune et noir : les “abeilles tueuses”.
Sur la route du Dauphiné, après avoir vu Sepp Kuss mettre la fusée Primoz Roglic sur orbite dans le Col de Porte, on glosait plutôt sur l’Invincible Armada, drôle d’augure qui nous ramène au 16e siècle. L’ennemi était britannique, déjà, et le roi Philippe II d’Espagne avait affrété sa “Grande y Felicisima Armada” (“la grande et très heureuse flotte”) pour faire régner sa loi dans la Manche. Sa position était des plus souhaitables : à la tête de la première puissance mondiale de l’époque, il pouvait compter sur une flotte bien mieux armée que ses rivales.

Roglic, impassible mais pas infaillible

La position de Richard Plugge, directeur de la Jumbo-Visma, apparaît tout aussi solide. Même sans Kruijswijk, ses huit hommes du Tour cochent toutes les cases pour lancer une conquête victorieuse, à commencer par le leader Primoz Roglic. Son abandon après une chute sur le Dauphiné a légèrement inquiété, mais le Slovène est présent à Nice pour prendre le départ et “c’est ce qui compte”, comme il l’a expliqué.
D’ailleurs, il n'y avait pas grand monde pour s'inquiéter pour lui : il y a si longtemps qu’on n’a pas vu quelqu’un dominer Roglic physiquement, et il exprime si rarement la moindre émotion, qu’on en oublie que lui aussi peut être faillible.
Cette chute est venue rappeler ses déboires du dernier Giro, au cours duquel il était parti à la faute vers Côme et avait cédé devant le harcèlement de ses rivaux menés par Richard Carapaz. Sur la Vuelta aussi, il s’était fait quelques frayeurs, notamment quand il avait fini contre un muret sur la route de Tolède. Mais il est reparti d'Espagne avec un premier succès en Grand Tour et il le doit aussi à la solidité éprouvée de son équipe.
Sur ce Tour de France disputé à des dates habituellement réservées à la Vuelta, il ne manquera pas de soutien dans la plaine avec les solides moteurs Tony Martin et Amund Grøndahl Jansen. Wout van Aert est lui aussi un formidable rouleur, mais on s’attend à le voir sur tous les terrains, comme le vétéran Robert Gesink.

Dumoulin, mieux qu'un plan B

Quand la route s’élèvera, George Bennett et Sepp Kuss poursuivront leurs rivaux de leurs dards venimeux. Et, à défaut d’un trio de choc complété par Kruijswijk, Tom Dumoulin forme un beau duo de vainqueurs de Grand Tour et prétendants à la Grande Boucle au côté de Roglic. “Je n’ai jamais été dans une équipe aussi forte et c’est cool de voir qu’on peut dominer une course comme ça”, se réjouissait-il début août au fil des démonstrations des Jumbo sur le Tour de l’Ain.
Le vainqueur du Giro 2017 signait alors son retour après 14 mois sans compétition et une sérieuse blessure au genou qui a précipité la fin de son aventure chez Sunweb et son envol vers la nouvelle superpuissance néerlandaise. “J’ai encore des hauts et des bas”, expliquait-il alors, en espérant monter en puissance en vue du Tour. Son Dauphiné a confirmé ses excellentes dispositions et réveillé ses ambitions jaunes.
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Primoz Roglic (Jumbo-Visma)

Crédit: Eurosport

Maintenant, Primoz et moi allons essayer d’être le plus près du podium pour la dernière semaine et on verra alors ce qui se passe”, avance Dumoulin depuis Nice. En fin de Dauphiné déjà, il plaidait pour une stratégie à plusieurs leaders, et montrait sur la route qu’il méritait de préserver toutes ses chances de victoire finale.
Coupé dans son élan par une blessure au moment où il incarnait la meilleure opposition aux Sky tout-puissants, Tom Dumoulin sait bien qu’aucune équipe et aucun champion cyclistes ne sont insubmersibles. D’ailleurs, l’Invincible Armada est surtout restée dans l’histoire en s’attirant ce surnom moqueur après son échec retentissant.
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