Tour de France : Le mont Aigoual, vigie du changement climatique

ParAFP

Publié 02/09/2020 à 23:53 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Le mont Aigoual, où arrive jeudi le peloton de la Grande Boucle, offre un panorama à 360 degrés jusqu'à la Méditerranée, mais aussi une vision unique du réchauffement climatique, basée sur quelque 125 ans de relevés météo.

L'observatoire du Mont Aigoual.

Crédit: Getty Images

C'est en décembre 1894 que sont remplis les premiers registres, après sept laborieuses années pour construire l'observatoire, perché à 1567 mètres dans le sud des Cévennes, à la limite des départements du Gard et de la Lozère. Une situation et une histoire qui lui ont valu d'être désigné "station climatologique de référence" par l'Organisation météorologique mondiale.
Pour mériter ce titre, les installations doivent posséder "des séries d'observations homogènes portant sur une période de plus de 30 ans et (...) situées sur des emplacements où des modifications du milieu dues aux activités humaines se sont rarement produites et ont peu de chance de se produire".
Avec plus d'un siècle d'existence, l'Aigoual offre "une profondeur climatique exceptionnelle", explique Sébastien Baille, chef prévisionniste régional pour Météo France à Aix-en-Provence. S'appuyant sur ce fond exceptionnel, il a récemment posté sur Twitter une série de graphiques qui "se passeraient presque de commentaires", illustrant le réchauffement climatique en cours.

Presque 30 degrés en juin 2019

Sur les relevés de températures pour la période de janvier à août (ce qui permet de prendre également en compte l'année 2020), les courbes passent quasiment toutes dans le rouge à partir du tournant des années 1990, que ce soit pour les écarts par rapport à la moyenne annuelle des températures, aux moyennes minimales ou maximales. L'année en cours bat tous les records avec des écarts d'au moins plus deux degrés sur les trois plans (mais ces relevés ne sont pas encore "homogénéisés", c'est-à-dire compensés notamment des spécificités des instruments de mesures).
Car le phénomène s'accélère visiblement. "Avant, avoir une anomalie d'un degré (sur l'année), c'était de temps en temps", souligne Sébastien Baille. Mais depuis 2010, c'est déjà arrivé trois fois selon les relevés "homogénéisés". Les phénomènes extrêmes sont encore rares, même si en juin 2019 l'Aigoual a enregistré son record historique de chaleur à 29,9 degrés. Mais le nombre de jours enregistrant une température maximale d'au moins 20° s'accroit, "surtout ces cinq six dernières années". Et "les (températures) minimales sont de plus en plus à la hausse, sur des niveaux quasiment jamais vus".
Ainsi, le nombre de jours de gelées chute. De façon spectaculaire pour les jours où le thermomètre descend à moins 5°, passés d'une soixantaine par an au début du XXe siècle à une quarantaine aujourd'hui. Avec la longue histoire de l'Aigoual, "c'est ce genre de signaux qu'on peut étudier". Et pour Sébastien Baille, ils sont sans ambiguïté: "la hausse (des températures) se retrouve partout". Même dans cette zone de montagne exposée et sans urbanisation.
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Le mont Aigoual au-dessus des nuages.

Crédit: Getty Images

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