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Tour de France 2021 - Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma), du lieutenant stressé au leader assumé

Laurent Vergne

Mis à jour 18/07/2021 à 14:41 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2021 – Venu sur ce Tour pour apprendre et pour épauler son leader Primoz Roglic, Jonas Vingegaard s'est trouvé par la force des choses promu dans un rôle qui ne devait pas être le sien. Celui de tête d'affiche de l'équipe Jumbo-Visma. Dauphin de Tadej Pogacar, c'est peu dire qu'il a assumé et assuré. Ce Tour 2021 va peut-être changer le destin de ce jeune homme stressé.

Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma).

Crédit: Getty Images

Jonas Vingegaard, c'est le jeune homme qui tombe à pic. Sacrée Jumbo-Visma, quand même. La formation néerlandaise alignait sur ce Tour de France le deuxième de l'édition précédente, Primoz Roglic, et le troisième de la cuvée 2019, Steven Kruijswijk. L'un et l'autre ont chuté rapidement, connu la galère avant d'abandonner. Ajoutez à cela l'absence de Tom Dumoulin, ex-vainqueur du Giro et deuxième du Tour 2018 sous les couleurs de la Sunweb, et vous comprendrez que la formation néerlandaise aurait pu se retrouver totalement démunie pendant ces trois semaines. C'est là que Jonas Vingegaard entre en scène.
Si Wout Van Aert et Sepp Kuss ont apporté à la troupe de Richard Plugge deux victoires de prestige lors des étapes du Ventoux et en Andorre, c'est bien le Danois qui a permis à l'équipe batave de figurer en permanence sur le devant de la scène. Vingegaard montera dimanche sur la deuxième marche du podium sur les Champs-Elysées. Pour une équipe qui a perdu en route son leader et co-favori de ce Tour, ce n'est pas une mince performance, et cela en dit long sur le réservoir de la Jumbo-Visma. Elle peut, vraiment, dire merci à sa jeune pousse scandinave.
"Quand vous perdez votre leader, vous perdez vos repères, tout ce qui a été prévu depuis de nombreux mois. Tout est cassé, analyse Jacky Durand, épaté lui aussi par la façon dont les Jumbo ont su retomber sur leurs pattes. Elle a très bien réagi, en allant chercher deux belles victoires d'étape, poursuit le consultant d'Eurosport, et puis, bien sûr, il y a eu Jonas Vingegaard..."
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Kuss a résisté à Valverde, Gaudu et Alaphilippe trop courts : l'arrivée de la 15e étape

Le seul qui aura (un peu) fait vaciller Pogacar

Bien sûr, il pourra nourrir un petit regret, celui de ne pas avoir remporté la moindre étape. Comme au classement général, il a buté sur la machine Pogacar, qui l'a notamment devancé coup sur coup au col du Portet puis à Luz-Ardiden. "Il aurait bien aimé gagner une étape, c'est certain, mais le bilan est plus que satisfaisant pour lui", rappelle Durand.
Il faut aussi rappeler qu'il a cédé un peu de temps lors de la chute de Primoz Roglic, puisqu'on lui a demandé d'attendre son leader. Même s'il a l'honnêteté de juger que cela n'aurait pas changé la face du Tour : "J'ai attendu Primoz quand il est tombé mais cela n'aurait rien changé au classement. J'aurais peut-être été une minute plus proche."
Puis Vingegaard aura tout de même réussi un tour de force unique : il est le seul à avoir fait vaciller, même brièvement, le maillot jaune. C'était sur les pentes du Ventoux. Cela vaut presque une victoire d'étape. "J'ai beaucoup d'admiration pour lui, c'est le seul qui a vraiment osé attaquer Pogacar de front, dans le Ventoux, a confié Bernard Thévenet à l'AFP. C'est le seul moment où Pogacar a montré un petit signe de faiblesse".
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Premier (petit) aveu de faiblesse : Pogacar a coincé dans le Ventoux face à Vingegaard

Si on avait dû citer dix noms avant le départ pour jouer la victoire finale ou le podium, Vingegaard n'en aurait pas fait partie
Par moments, on a pourtant senti qu'il faisait presque preuve de trop de déférence vis-à-vis du maillot jaune. De la même génération, les deux leaders se respectent et s'apprécient. Cela s'est senti. "On se respecte, nous sommes des adversaires, pas des ennemis", a-t-il confié samedi. Mais on aurait aimé le voir répéter l'estocade du Ventoux. Peut-être était-il trop satisfait de son sort. Ou peut-être n'y avait-il rien à faire... "Pogacar est vraiment très fort", rappelle celui qui a porté le maillot blanc pendant deux semaines sans être leader du classement du meilleur jeunes.
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Pogacar - Vingegaard : Une rivalité très cordiale.

Crédit: Getty Images

A 24 ans, Jonas Vingegaard aura en tout cas changé de dimension en cet été 2021. Ses qualités étaient connues, et sa deuxième place sur le Tour du Pays basque au printemps n'était pas passée inaperçue. Mais tenir la distance physiquement sur trois semaines, en assumant en prime un statut de leader sur la plus grande course du monde, c'était autre chose. D'autant que le garçon avait jusqu'ici une petite tendance à l'irrégularité. Voilà pourquoi son équipe l'a protégé après la disparition de Roglic. "Ce n'était pas prévu que Jonas aille jouer le classement général. Il est jeune et beaucoup de choses peuvent se produire", confiait d'ailleurs avant l'entrée dans les Pyrénées le directeur sportif Mathieu Heijboer.
Plus encore que sa pure performance athlétique, c'est la manière dont le Danois a géré ce poids sur ses épaules qui n'étaient pas dessinées pour le supporter qui a de quoi épater. "Il était avant tout là pour faire le travail pour Primoz Roglic, souligne encore Jacky Durand. Si on avait dû citer dix noms avant le départ pour jouer la victoire finale ou le podium, Vingegaard n'en aurait pas fait partie. Si Roglic avait été là, il ne serait peut-être même pas dans les dix premiers du classement général. Il aurait eu le rôle d'un Majka dans Luz-Ardiden. Il est encore jeune et lorsqu'on vous dit 'Bon, tu vas être leader maintenant que Roglic n'est plus là', il faut être capable de gérer la pression."
Sur le Tour de France, c'est là qu'il y a le plus de stress, c'est l'endroit le pire pour ça
Dans ce domaine, ce rôle de composition lui aura fait un bien fou. "Dans le passé, j'ai eu pas mal de problèmes avec le stress, explique-t-il. J'ai appris à travailler sur moi-même, à faire face. Sur le Tour de France, c'est là qu'il y a le plus de stress, c'est l'endroit le pire pour ça. Mais ça me fait plaisir de me prouver que je peux gérer le stress du Tour."
Et s'il n'a pas gagné d'étape, terminant encore sur le podium du chrono lors de la 20e étape samedi, il a fini sur une bonne note en faisant mieux que Pogacar à Saint-Emilion. Même s'il n'est pas dupe : "Je ne suis pas certain que Pogacar ait roulé à 100 %, il avait cinq minutes et demie d'avance... Mais j'ai repris un peu de temps, et de la confiance pour l'avenir en me disant qu'il n'est pas imbattable."
Il ne faut pas plus chercher à prédire l'avenir qu'à l'insulter, mais il serait tout de même surprenant que, lorsqu'il reviendra sur le Tour, Jonas Vingegaard se contente d'un rôle de lieutenant. Il n'a pas gagné le Tour, mais il a gagné le droit d'être considéré pour ce qu'il s'est révélé être : un sacré client.
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Statu quo, Pogacar prudent, Van Aert brillant : Le résumé du chrono

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