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Tour de France 2021 - Les débats du Tour : Van der Poel en jaune, le duel Roglic-Pogacar, la suite du Tour d'Alaphilippe

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 28/06/2021 à 10:23 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2021 - Maillot jaune pour sa deuxième journée seulement sur la Grande Boucle, Mathieu Van der Poel a déjà réussi ce que "Papy" Poulidor n'a jamais réussi. Mais jusqu'où peut-il le conserver ? C'est la première question de nos débats du Tour qui s'intéressent aussi eux efforts produits par Roglic et Pogacar mais aussi à la possibilité pour Alaphilippe de récupérer le maillot.

Passe d'armes entre cadors dans Mûr-de-Bretagne avec Van der Poel, Alaphilippe et Roglic.

Crédit: Getty Images

Jusqu'où Van der Poel peut-il garder le maillot ?

Jean-Baptiste Duluc
Le Néerlandais est un tel phénomène que l'on aurait presque envie de dire que ça dépendra de lui. Qu'il est en mesure de le conserver jusqu'aux Alpes. Presque. Seulement voilà, le contre-la-montre de Laval paraît quand même être un obstacle majeur - mais le seul - dans cette optique. Attention, le nouveau maillot jaune est capable de performances sérieuses sur les chronos courts, comme il l’avait réussi l'an passé sur Tirreno-Adriatico (14e, devant Keldermann ou Affini).
Mais le contre-la-montre mayennais fera quasiment le triple de distance et favorisera bien plus les spécialistes de l’exercice solitaire, ce que n’est pas Van der Poel. Et, même s’il limite la casse, sa marge est trop faible sur Alaphilippe (8") et encore plus sur Pogacar (13") et Roglic (14"). Il devrait perdre le maillot jaune mercredi. A moins de gagner les deux sprints massifs qui nous séparent de ce chrono. Après tout, on est à l’abri de rien avec Van der Poel…
Laurent Vergne
Sauf coup de Trafalgar, et on sait à quel point le Tour aime en réserver, Mathieu van der Poel a toutes les chances de conserver sa belle tunique jusqu'à mercredi. Et s'il n'y avait pas ce contre-la-montre placé au milieu de la première semaine, envisager un MVDP en jaune jusqu'au pied des Alpes aurait été tout à fait raisonnable. Là, cela semble plus compliqué pour le petit-fils de Raymond Poulidor.
Non qu'il soit un mauvais rouleur. Le Néerlandais l'a déjà montré en plusieurs occasions, il se débrouille plutôt bien dans cet exercice. Mais comme le souligne Jean-Baptiste, le chrono de mercredi risque d'être un peu trop long pour lui (27,2 kilomètres), compte tenu de sa marge de manœuvre, notamment sur Tadej Pogacar et peut-être plus encore Primoz Roglic. C'est vrai, avec un talent de cette nature, il faut s'attendre à tout. Et le maillot jaune a l'art de transcender ceux qui le portent, surtout quand ils ne le portent pas que pour eux... Mais son horizon doré, pour l'heure, est fixé à mercredi.
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Le finish de la 2e étape : Quand Van der Poel met le turbo, personne ne peut lui résister

Roglic et Pogacar en font-ils trop ?

Jean-Baptiste Duluc
S'il y a bien des favoris qui ont impressionné dans ce week-end inaugural en Bretagne, ce sont bien les deux Slovènes. Toujours bien placés, attentifs, Tadej Pogacar et Primoz Roglic ne commettent pas la moindre erreur depuis le départ, n'hésitant pas à tenter de grignoter la moindre seconde sur leurs adversaires lorsque cela est possible. Mais attention à ne pas trop en faire…
Courir de la sorte, faire des efforts courts régulièrement pour jouer les bonifications, Roglic connait bien. C’est sa manière de courir habituelle. C'est ainsi, et en dominant les chronos, que le Slovène de la Jumbo-Visma a remporté ses deux Vuelta mais c'est une façon de faire qui use. Ce n'est pas un hasard non plus si Roglic a souvent eu du mal à finir ses Grands Tours. Bien sûr, Pogacar et Roglic semblent largement au-dessus de la concurrence. Mais beaucoup donner dès les premières étapes est un pari risqué, qui plus est pour de maigres secondes glanées. Attention à ne pas le payer.
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Les cadors se disputent les bonifications lors de la première ascension de Mur de Bretagne

Laurent Vergne
Non. Ce week-end breton possédait l'avantage de leur permettre de marquer déjà leur territoire sans puiser dans leurs réserves plus que de raisons. Oui, les deux Slovènes ont fait la course samedi sur les hauteurs de Landerneau et dimanche à Mûr-de-Bretagne, mais je doute qu'ils paient ce type d'efforts en troisième semaine. Il y a dix ans, Cadel Evans s'était imposé lors de la 4e étape à Mûr, et ça ne l'avait pas empêché d'aller chercher le maillot jaune à la veille de l'arrivée à Paris pour remporter ce (superbe) Tour.
A la rigueur, on pourrait leur reprocher d'avoir poussé le bouchon jusqu'à faire la bonification dimanche lors du premier passage sur la ligne au sommet de la côte de Mûr-de-Bretagne. Mais là encore, on parle d'un bref coup d'accélérateur. Pas d'un effort prolongé sur dix ou vingt kilomètres. Puis, que n'aurait-on pas dit si Tadej Pogacar et Primoz Roglic n'avaient pas bougé une seule oreille lors de ces deux premières journées, sur un terrain qui leur convient ? Ces deux redoutables grimpeurs sont aussi d'excellents puncheurs. Ils ont vu une opportunité, ils l'ont saisie. Sur le Tour plus encore qu'ailleurs, ce qui est pris n'est plus à prendre.
Enfin, ils n'ont pas donné de leur sueur pour rien. Au coude-à-coude au classement général (Pogacar compte une seconde d'avance sur son compatriote), ils ont déjà pris une avance non négligeable sur bon nombre de leurs concurrents directs, notamment les deux hommes les plus dangereux de la machinerie INEOS : respectivement 18 et 17 secondes sur Richard Carapaz et dix de plus sur Geraint Thomas. Alors, franchement, pourquoi se priver ?

Alaphilippe, perdre le maillot pour mieux le reprendre ?

Jean-Baptiste Duluc
Il convient de poser un postulat de départ clair et net : Alaphilippe n’avait pas les jambes ce dimanche pour viser mieux. Tout simplement. Reste que je ne suis pas certain que cette situation ne l'arrange pas. Déjà, le Tricolore aime vraiment le cyclisme et voir Van der Poel en jaune en hommage à Poulidor à quelque chose de particulier. Ensuite, cela va simplifier aussi la vie de la Deceuninck-Quick Step, qui n’aura pas à rouler ces prochains jours, laissant cette tâche à Alpecin-Fenix.
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Le résumé de la 2e étape : Van der Poel déjà (très) grand, Alaphilippe (un peu) trop court

Enfin, je trouve que la fin de la première semaine est parfaitement adaptée aux qualités du champion du monde. Que ce soit l'étape du Creusot, celle du Grand-Bornand où il retrouvera un final qui lui avait souri en 2018 ou celle de Tignes avec sa montée longue mais roulante et assez facile, elles peuvent toutes lui sourire si Alaphilippe est dans une grande forme. Mais il n'est pas non plus impossible de le voir retrouver son maillot jaune dès mercredi lors du chrono de Laval. Après tout, il avait gagné celui de Pau en 2019...
Laurent Vergne
Julian Alaphilippe avait raison samedi soir en disant que, quoi qu'il arrive, son Tour 2021 est déjà réussi. Quand on gagne une étape et qu'on porte le maillot jaune, le bilan ne peut pas être mauvais. Malgré tout, on ne peut s'empêcher de penser que, comme l'année dernière, la perte du maillot arrive un peu plus tôt que prévu. En 2020, c'est un ravitaillement interdit qui lui avait coûter une poignée de jours en jaune supplémentaires. Cette fois, avec une arrivée qui lui convenait à nouveau, puis deux étapes de plaine lundi et mardi, il semblait pouvoir tenir au moins jusqu'au contre-la-montre mayennais de mercredi.
Le voilà désormais dans la position du dauphin de Mathieu van der Poel, à huit secondes du Néerlandais. C'est vrai, lors de son épopée de 2019, le natif de Saint-Amand-Montrond avait d'abord cédé la tête du général avant d'en reprendre une énorme tranche pour ne plus le lâcher qu'à deux jours de l'arrivée à Paris. Mais une fois encore, prendre comme référence cette édition 2019 est dangereux. Alaphilippe affichait une forme insolente, il avait les jambes de sa vie. Aujourd'hui, il semble être en mode "normal" ce qui, pour lui, signifie déjà beaucoup. Mais pour revoir le maillot jaune, il aura besoin de circonstances de course très favorables.
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Julian Alaphilippe salue Mathieu van der Poel à l'arrivée de la 2e étape du Tour de France 202

Crédit: Getty Images

Il semble difficile d'imaginer qu'il puisse dominer un Primoz Roglic, par exemple, lors du contre-la-montre, placé très tôt sur le parcours cette année. On en saura plus mercredi soir. S'il fait le chrono à fond, ce qui semble probable, où se situera-t-il dans la hiérarchie ? L'étape du Creusot, vendredi, peut lui convenir, mais les Alpes, même traversées rapidement, risquent de s'avérer trop dures pour lui. Et quelle latitude lui laissera-t-on ? C'est, aussi, le revers de la médaille de 2019. Dans le peloton, on se méfie forcément, même d'un œil, d'un énergumène comme Alaphilippe. Bref, un retour du champion du monde en jaune n'est certes pas impossible, mais ce n'est pas l'hypothèse la plus probable.
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