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Tour de France - Roglic à terre, "Pogacar lâché", la locomotive Van Aert : voici Plan B, le doc de Jumbo-Visma

Alexandre Coiquil

Mis à jour 24/08/2021 à 02:19 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Auteur d'un Tour de France réussi, avec quatre succès d'étape, et la 2e place au général de Jonas Vingegaard, la Jumbo-Visma a vécu une course animée, entre chutes et besoin d'improviser après le retrait de Primoz Roglic. Déjà filmée en 2020 par la chaîne NOS, la formation de Wout Van Aert a proposé au public "Plan B", leur inside de l'édition 2021. Voici ce qu'il faut en retenir.

Wout Van Aert vainqueur à Malaucène

Crédit: Getty Images

Jumbo-Visma pensait battre Pogacar

Tadej Pogacar. La Jumbo-Visma en fait encore des cauchemars de celui-là. Depuis le 19 septembre 2020, elle n’a plus que le patronyme du Slovène, à la gueule d’adolescent, dans la tête. Et évidemment un seul objectif : battre le prodige de l’UAE Emirates à la régulière, sur trois semaines. Elle veut sa revanche.
Le début de Plan B est sans équivoque : chez Jumbo, la confiance règne. Un état d'esprit très Néerlandais dans le texte. "On a fait des progrès en contre-la-montre", souligne d’ailleurs le staff de la formation au maillot gris et jaune qui a retenu les leçons de la Planche des Belles Filles. "On doit être plus fort que Pogacar, on s’est amélioré en tout".
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Pogacar a mis Roglic K.O. ! Le dénouement historique de la 20e étape

On se félicite aussi de la préparation de Primoz Roglic, optimisée pour que le Slovène soit au rendez-vous en troisième semaine. Pour être au top, "Rogla" a compté ses jours sur le vélo. Il a participé à seulement deux courses par étapes Paris-Nice, où il a chuté, et le Tour du Pays basque, remporté, et trois classiques ardennaises avant de quitter la compétition deux mois pour des camps d'entraînement.
Toutefois, les huit coureurs sont prévenus, l’édition 2021 va débuter par un mini-Championnat du monde. "Ce sera une course différente à d’habitude". Ils avaient raison pour ça, pas pour Pogacar.

"Allez Opi-Omi" : pour Jumbo, c'était le Tour des chutes

C’est le résumé du Tour de France de la Jumbo-Visma : les gris et jaune ont goûté au bitume. Dès la première étape, entre Brest et Landerneau, la Grande Boucle va basculer avec le gadin de Tony Martin, venu percuter la désormais incontournable pancarte "Allez Opi-Omi". Captée, la réaction des DS, Grischa Niermann et Frans Maassen, vaut le détour. En version originale, ça donne : "FUCKING SPECTATOR". Que l’on traduira, sans trop se tromper, par un "putain de spectateur". Une colère noire, sortie du fond des tripes.
La suite du bal verra Tony Martin, le capitaine de route, accumuler les chutes, avant de renoncer. Robert Gesink et Steven Kruijswijk vont suivre le même chemin. Le départ de Martin, tombé trois fois au total, fera d'ailleurs un mal fou à l'équipe, alors qu'elle fête en même temps la victoire de Wout Van Aert à Malaucène, après la double ascension du Ventoux.
Primoz Roglic va aussi goûter à sa première chute du Tour dès le premier samedi. Touché à l’épaule droite, le Slovène va quand même finir aux avant-postes et prendre la 3e place derrière Julian Alaphilippe. Le double vainqueur de la Vuelta va recevoir une bonne tape d’un de ses coéquipiers après l’étape. Sa réaction, un bon "ouch", et une main posée sur ladite épaule, en dira long sur son état dès le premier soir.
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Chaos sur le Tour : Tony Martin heurte une pancarte, des dizaines de coureurs à terre

Roglic, leader poissard : "Je suis fini"

Victime d’un énorme gadin lors du Dauphiné en août 2020, à terre lors du dernier Paris-Nice, Roglic a joué de malchance sur les courses à étapes en France ces derniers mois. L’ancien sauteur à skis va expérimenter le jamais 2 sans 3 lors de cette Grande Boucle. Plan B, c’est d'abord l'histoire d’un leader qui va rapidement comprendre que son Tour est fichu alors qu’il a à peine commencé.
A terre le premier jour, à terre le troisième : Roglic va perdre pied en deux jours. Sauf que sa deuxième chute va lui coûter ses espoirs de succès. Complètement détruit sur le côté gauche, le natif de Trbovlje retrouve son bus la tête basse, comme s’il savait. "Je suis ouvert de partout, mais on va continuer, on va se battre", lance-t-il. Momifié, il va faire illusion lors du contre-la-montre remporté par un certain Tadej Pogacar, avant de complètement exploser en direction du Grand-Bornand où il va terminer avant, avant-dernier.
Complètement HS mentalement, Roglic fera cette confession avant de quitter le Tour dans un van Jumbo-Visma, non sans saluer les spectateurs, avec de nouveaux objectifs en tête. "Je ne peux pas aller au-delà des limites, je suis fini. J'ai perdu ce que je venais chercher".
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Une grosse chute et de sacrés bobos : Roglic a déjà perdu gros

Vingegaard, le plan B n°1

Plan B, donc. C'est plus l'histoire de Jonas Vingegaard. Mais pas que. Le jeune danois, né en 1996, quelques mois après le sacre de Bjarne Riis sur la Grande Boucle*, va en être la co-star. C'est lui qui va être propulsé leader de rechange par son équipe. Troisième du contre-la-montre à Laval, devant Wout Van Aert, il va profiter de son profil complet pour jouer les patrons de fortune.
La transition sera très rapide. Voyant Roglic défaillir en direction du Grand-Bornand, Frans Massen va propulser Vingegaard leader en cours d’étape. "Si quelque chose arrive, Jonas est notre nouveau leader", lance-t-il, alors que le leader commence à perdre du terrain après une attaque de... Wout Van Aert. Cela ne ratera pas. Il prendra le maillot blanc.
Le soir, les DS sont clairs avec lui : il est le nouveau leader de la Jumbo-Visma pour le classement général, Roglic étant à 40 minutes au général. "On ne peut plus te cacher derrière Primoz". Il lui est demandé de faire au mieux, de suivre principalement, Jumbo ne pouvant pas contrôler la course. "On ne peut pas faire mieux que suivre les meilleurs. On est confiants sur le fait que tu puisses le faire."
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Pogacar et Vingegaard

Crédit: AFP

Ce qui transparaît du Tour de Vingegaard, c’est son talent sur le vélo, le gamin étant plutôt facile. Mais aussi sa discrétion, qui, elle, le dessert au sein d’une équipe branchée à contre-courant, où la présence, et le charisme, se font sentir. Là, sans être là, le coureur de 24 ans a clairement du mal à exister. En témoigne son speech raté la veille de l'arrivée, où les mots ne sortent pas. Vingegaard est un requin sur un vélo, mais un poisson rouge à côté.
La discrétion n’est pas une tare, la Jumbo-Visma va lui faire confiance dès le départ. L’attaque du Danois dans le Ventoux, provoquant la première et dernière défaillance de Tadej Pogacar, va ravir ses supérieurs et lever les quelques doutes sur sa capacité à gérer la pression. Après le "PUTAIN DE SPECTATEUR", place à un énergique "POGI EST LÂCHÉ". Un coup pour rien, mais un plaisir à vivre pour eux. A l’arrivée, le sourire est quand même de mise. "C’était putain d’impressionnant, tu as lâché tout le monde."
Rappelé à rester concentré la veille du dernier contre-la-montre, Vingegaard va coller une trempe à Richard Carapaz sur l'exercice et assurer la 2e place. Il repart du Tour avec un nouveau statut et des devoirs à faire. Mais, ce qu'il faut retenir sur lui, c'est son masseur qui le dit : "Tu es fort mentalement".
* Le Danois a reconnu s’être dopé, il a été radié du palmarès, avant d’y être réintégré
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Premier (petit) aveu de faiblesse : Pogacar a coincé dans le Ventoux face à Vingegaard

Van Aert pour tirer une équipe "pas au niveau", un Ventoux charnière

Plan B raconte aussi et surtout l'histoire de Wout Van Aert. On savait le champion de Belgique surdoué et touche-à-tout, mais son Tour de France 2021 marquera peut-être une rupture dans sa carrière. Aussi froid que Roglic sur un vélo, avide de victoire, très solitaire dans le bon sens du terme, le Belge est le leader de demain pour les Néerlandais. On ne voit que lui. Sa quête incessante de succès d'étape va tenir en haleine ceux qui n'ont pas suivi le Tour.
Au soir du Grand-Bornand, il obtient sa carte d'électron libre après s'être raté à Laval, sur le chrono. Il passe un pacte : il gagne sa victoire et "après, il aidera" Vingegaard pour le général. C'est chose faite sur l'étape du Ventoux, moment où Tony Martin renonce. "Tu as gagné la plus belle étape", se réjouit le board de la Jumbo-Visma. Soudée après cette journée charnière, toute l'équipe va prendre le train de son leader charismatique. "Notre tour a enfin commencé", confie Van Aert à son DS, Niermann.
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Pogacar chatouillé, Alaphilippe animateur et Van Aert vainqueur : le résumé du "double Ventoux"

Le coureur d'Herentals va tirer tout le monde vers le haut. Principalement Sepp Kuss. Loin de son niveau de 2020, l'Américain est fantomatique et au fond du trou psychologiquement. Mais trois jours après "WVA", c'est lui qui va claquer son étape à Andorre et faire mentir sa direction qui estimait que seul Van Aert était en mesure de le faire. "Le reste de l'équipe n'est pas au niveau", glisse un dirigeant avant d'attaquer les Pyrénées.
Poussé par son équipe à positiver et se remettre dans le droit chemin, Kuss va réussir à se surpasser. Van Aert finira le job à Saint-Emilion, sur le chrono, et le lendemain sur les Champs. De la Planche des Belles-filles au Plan B, il s'en est passé des choses.
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