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Tour de France - Trois étapes, neuf cols : Les Pyrénées à la loupe

Laurent Vergne

Mis à jour 19/07/2022 à 08:41 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2022 – Certes, il restera encore le dernier contre-la-montre sur la route de Rocamadour samedi, pour décider définitivement du sort de cette 109e édition. Mais les trois journées passées dans les Pyrénées, de mardi à jeudi, joueront un rôle majeur, peut-être décisif, que ce soit dans la lutte pour le maillot jaune ou la course au podium.

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16e étape : Carcassonne – Foix

La première des trois étapes du massif pyrénéen est aussi, sur le papier, la plus "facile" et la moins fournie en difficultés majeures. Son profil devra permettre à une échappée solide d'aller au bout. Deux ascensions classées en première catégorie vont toutefois animer les 60 derniers kilomètres : le Port de Lers et le Mur de Péguère.
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Le profil de la 16e étape : Savoir grimper... et descendre

Port de Lers (1re catégorie)
11,4 km de montée
7% de moyenne
Sommet à 47,6 km de l'arrivée
Le Port de Lers
Apparu pour la première fois sur le Tour en 1995 (Marco Pantani était passé en tête), le Port de Lers est tout doucement devenu un habitué. Lors des douze dernières éditions, il a figuré (en comptant cette année) sur le parcours à cinq reprises, soit une fois sur deux. Il est emprunté cette année par son versant le plus difficile, via Vicdessos. Le pied est terrible, avec un kilomètre à 10%. Plus haut, à trois bornes du sommet, après les cascades et une épingle, la pente redevient très raide avant un final un petit peu plus abordable. Une entrée en matière pyrénéenne qui donnera parfaitement le ton.
Mur de Péguère (1re catégorie)
9,3 km de montée
7,9 % de moyenne
Sommet à 21,4 km de l'arrivée
Mur de Péguère
Officiellement, c'est le col de Péguère. Mais tout le monde l'appelle "Le Mur", ce qui donne un assez bon aperçu de ce qu'il est. Il s'agit encore d'une trouvaille récente puisque Péguère fête cette année ses dix ans sur le Tour. Il est donc tout jeune. Depuis, la Grande Boucle y est revenue en 2017, 2019 et donc, pour cette 109e édition.
Ce Mur a un côté mystérieux, presque envoûtant. Si la première partie de l'ascension, depuis Massat, s'effectue via les pentes du col de Port, très peu sélectives (5-6% environ), l'escalade vertigineuse de Péguère, lorsque la route rattrape le col des Cagnous, dure près de quatre kilomètres. On comprend alors pourquoi tout le monde parle de mur : 12% de moyenne, avec des séquences à 18%.

17e étape : Saint-Gaudens – Peyragudes

Après un nouveau départ en plaine, une caractéristique récurrente sur ces étapes pyrénéennes, les coureurs devront affronter pas moins de quatre ascensions dans les 76 derniers kilomètres, qui n'offriront pas le moindre répit jusqu'à la bagarre finale à l'altiport de Peyragudes et ses pourcentages dantesque dans la dernière rampe.
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Le profil de la 17e étape : Courte mais (très) musclée

Col d'Aspin (1re catégorie)
12 km de montée
6,5% de moyenne
Sommet à 64 km de l'arrivée
Pas un col majeur du massif pyrénéen. Mais un col historique, ça, oui. Octave Lapize est le premier à être passé en tête au sommet en... 1910. Mercredi, Aspin sera escaladé par les coureurs du Tour pour la 74e fois. Une première depuis 2018. Depuis Arreau, le début de l'ascension est "tranquille", avec trois des quatre premiers kilomètres entre 3 et 5,5% de moyenne. Mais la suite est plus délicate. Une fois passée la station de Payolle surgit le kilomètre le plus dur (9,5% de moyenne). Globalement, la seconde partie de la montée est la plus compliquée, avec davantage de lacets, dans la forêt. Mais comme souvent, Aspin est placé loin de l'arrivée et ne pèsera pas sur la course.
Col d'Aspin
Hourquette d'Ancizan (2e catégorie)
8,2 km de montée
5,1% de moyenne
Sommet à 48,1 km de l'arrivée
Le seul col classé en 2e catégorie dans ce triptyque pyrénéen. Par l'autre versant, la Hourquette est répertoriée en 1re catégorie. De ce côté, par le Lac de Payolle, la montée est donc moins difficile. Elle s'effectue en deux temps. C'est au pied que la pente est la plus sévère, sans être délirante (8,8% pour le premier kilomètre). Une fois atteinte la crête de Sarrat de l'Artigou, les coureurs pourront profiter d'une petite descente d'un kilomètre et d'un autre en faux plat montant, avant que la route ne dresse à nouveau pour les deux derniers kilomètres.
Hourcquette d'Ancizan
Col de Val Louron – Azet (1re catégorie)
10,7 km de montée
6,8% de moyenne
Sommet à 20,2 km de l'arrivée
Penser à Val Louron, c'est penser instantanément au Tour de France 1991 et une étape mythique. C'est là, à Val Louron, que Miguel Indurain endossa le tout premier maillot jaune de sa carrière. Le Tour entrait dans une nouvelle ère. Il s'agit ici en réalité du col d'Azet, également appelé col de Val Louron – Azet, emprunté pour la première fois en 1997. Six ans plus tôt, l'arrivée était jugée dans la station.
Peu importe. Son emplacement est stratégique dans cette 17e étape, avec un sommet à seulement 20 kilomètres de l'arrivée. Le Tour a pris ses aises à Val Louron – Azet : en un quart de siècle, ce sera mercredi le 10e passage. Par Saint-Lary-Soulan, la pente est plutôt sévère. Une fois digérés les deux premiers kilomètres avec une déclivité faiblarde, tout commence réellement à un peu moins de 9 kilomètres du sommet. Dès lors, plus vraiment de répit, avec un passage très raide au milieu de l'ascension.
Col de Val Louron-Azet
Peyragudes (1re catégorie)
8 km de montée
7,8% de moyenne
Arrivée
A l'instar de Péguère la veille, c'est aussi le dixième anniversaire de l'apparition de la montée de Peyragudes sur le Tour. Mais ce n'est que la deuxième fois qu'elle est utilisée comme arrivée d'étape, avec, comme en 2017, la piste de l'altiport comme juge de paix. Il y a cinq ans, Romain Bardet s'y était imposé en réglant le groupe des favoris, cette bagarre offrant des images particulièrement spectaculaires. Ici, il est possible de creuser des écarts sur les 200 derniers mètres.
Son pourcentage moyen (7,8%) ne dit rien du terrible final. D'abord parce que le premier kilomètre est anecdotique (4,5%). Ensuite parce que c'est vraiment après le passage de la Sapinière, à 2,5 km du sommet, que la pente, en se dirigeant vers l'altiport, prend une tout autre dimension. Il est risqué, voire suicidaire, d'attaquer de trop loin. Les 300 derniers mètres, d'une rare brutalité, n'autorisent aucune faiblesse, avec un raidard à 16% ! Ici, les jambes (et la force mentale) font la différence. C'est chacun pour soi.
La montée de Peyragudes

18e étape : Lourdes – Hautacam

Comme les jours précédents, tout se jouera dans le final, dans les 73 derniers kilomètres pour être précis, même si l'échappée devrait tenter de mettre à profit les longues portions de plaine pour se donner une (maigre) chance d'aller au bout. Mais le triptyque pour conclure ces Pyrénées est tel qu'il semble impossible de ne pas voir un favori s'y imposer, avec deux cols Hors-Catégorie et un de 1re catégorie.
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Le profil de la 18e étape : Aubisque, Spandelles et Hautacam, bouquet final en montagne

Col d'Aubisque (Hors catégorie)
16,4 km de montée
7,1% de moyenne
Sommet à 66,5 km de l'arrivée
Pas de Tourmalet cette année, mais avec l'Aubisque, le Tour 2022 va escalader l'autre mythe imparable des Pyrénées. Comme Aspin et le Tourmalet, il a fait ses débuts sur le Tour en 1910. Paysages à couper le souffle et ascension de grande envergure, classée en hors catégorie, peu importe le versant. Cette année, la montée s'effectue par Laruns (versant Ouest) et elle est proposée en apéritif (corsé) de cette dernière grande étape de montagne.
Les six premiers kilomètres, sur les 16 de l'ascension, son peu sélectifs (à peine 5%). Le point de bascule s'effectue après un pont avec un passage à 13% qui ouvre sur la seconde partie de la montée. Là, c'est une autre paire de manches et à partir de là, les coureurs n'ont quasiment pas de répit : un kilomètre à 7%, puis plus un à moins de 8% de moyenne et des passages dépassant régulièrement les 10%. Les deux dernières bornes finissent de vous achever.
Col d'Aubisque
Col de Spandelles (1re catégorie)
10,3 km de montée
8,3% de moyenne
Sommet à 33,2 km de l'arrivée
LA nouveauté 2022. Des neuf cols de ces trois étapes pyrénéennes, Spandelles est le seul inédit. Coincé entre Aubisque et Hautacam, pas sûr qu'il puisse totalement peser sur la course, mais il serait dommage qu'il soit escamoté. Si la route a été refaite et recalibrée pour cette 18e étape du Tour, elle reste étroite, rugueuse et, surtout, elle fait mal. On attendait de la voir sur le Tour depuis dix ans et une fameuse étape de la Route du Sud remportée par Nairo Quintana avec l'abandon d'une trentaine de coureurs à mi-pente.
Pour résumer, le col des Spandelles est dur au début, au milieu et à la fin. Un seul kilomètre est à moins de 7% de moyenne (6,6%), peu après la mi-pente. Au menu, une succession de petits raidards, avec des passages pour le moins sévères à 12 – 13%. S'il était un petit peu plus long, nul doute qu'il justifierait une classification en hors catégorie. Disons qu'il s'agit d'un "1re catégorie supérieur". Attention aussi à la descente, technique, qui plongera vers le pied d'Hautacam, le dernier col de ce Tour 2022.
Le col de Spandelles
Hautacam (Hors catégorie)
13,6 km de montée
7,8 % de moyenne
Arrivée
Un sacré bouquet final pour le feu d'artifice montagnard. Hautacam, c'est probablement une des ascensions les plus difficiles des Pyrénées. Ici, la difficulté ne tient pas à l'altitude, relativement modeste, mais à la dureté de la pente et peut-être plus encore à son irrégularité. Avec ses replats relatifs, suivis de brutales hausse de déclivité, cette montée presque en escaliers par moments peut mettre au supplice les plus fragiles et contraint chacun à relancer en permanence. Difficile, donc, de trouver le bon rythme.
La seconde moitié de la montée est la plus difficile. Juste après la mi-pente, à la sortie du hameau de Saint-André, c'est même assez terrible. Le dernier passage très compliqué se situera à trois kilomètres du sommet de la station, avant un final relativement plus gérable. Le mot-clé, ici, étant "relativement". Si la course au maillot jaune reste ouverte avant cette 18e étape, Hautacam, surtout avec ce qui aura précédé, fera un beau juge de paix.
La montée vers Hautacam
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