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"Un truc de gladiateurs", "Ça va être une boucherie" : Trop dangereuse, la première semaine ?

Laurent Vergne

Mis à jour 01/07/2022 à 12:08 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2022 – Le vent qui menace. Les pavés qui font peur. Cette année, peut-être plus encore que lors des éditions précédentes, les organisateurs ont souhaité composer un début de Tour particulièrement stressant pour les favoris du Tour. La garantie de ne pas s'ennuyer. Mais aussi le risque d'accroître la dangerosité de la course dans sa phase initiale.

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"On a vécu naguère des premières semaines lénifiantes." Les mots sont de Christian Prudhomme. Depuis sa prise de fonctions voilà une quinzaine d'années, le patron du Tour de France n'a eu de cesse de chercher des pistes pour abolir l'ennui sur la Grande Boucle. Particulièrement dans son premier tiers. Finis les enchaînements d'étapes de plaine toutes promises aux sprinters. Désormais, le Tour cherche la petite bête, le point sensible, pour barrer la route à la monotonie. Tout sauf l'ennui, tel est le mantra de l'organisation.
Difficile de reprocher à Christian Prudhomme de vouloir dynamiser sa course. Il n'a de toute façon guère le choix, à une époque où la diffusion du Tour à la télévision s'effectue en intégralité et où la lassitude du spectateur-zappeur débarque vite sur les canapés. Mais cette quête, légitime, est une médaille avec son revers. En mettant les leaders sur la brèche de façon quasi quotidienne, le tracé génère davantage de tension, de stress, et donc de risques. Quand, en plus, une bonne dose de pavés vient se greffer au parcours comme cette année, la première semaine ne devient pas seulement très intrigante, mais potentiellement dangereuse.
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Le profil de la 2e étape : Gare au vent !

Stress maximal

"C'est super excitant pour les spectateurs, mais la première semaine du Tour de France est proche d'un truc de gladiateurs", résume Jens Voigt pour Eurosport. L'homme aux 17 participations au Tour se demande si tout cela ne va pas un peu trop loin : "Nous ne sommes plus qu'à un pas d'être dans une situation où c'est une question de vie ou de mort." "La première semaine va être extrêmement importante mais aussi très stressante, ajoute l'Allemand. Tout le monde sait ça et tous les coureurs vont vouloir être devant. Mais ce n'est pas possible. Il y a de la place pour vingt coureurs, pas plus."
Entre les risques de bordure, la peur des cassures et l'étape des pavés dès mardi, Jens Voigt s'attend ainsi à ce que ce début de Tour, peut-être plus encore que d'habitude, soit "marqué par de multiples chutes." Il n'est pas le seul à le penser. Dans le dernier numéro du magazine Pédale, Romain Bardet redoute lui aussi cette phase de la course. "J'appréhende vraiment la première semaine du Tour, explique-t-il. Après cette semaine, sur les quinze candidats au Top 10, je parie que cinq auront 'jarté'. Des jours sur des petites routes, un pont de treize kilomètres exposé au vent, de la bordure, ensuite les pavés."
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Le profil de la 5e étape : La journée des pavés et de tous les dangers

"Aucun organisateur n'aime que les coureurs tombent, se défend Christian Prudhomme. Les chutes se produisent pour différentes raisons, parfois inhérentes au parcours, parfois au matériel, au respect qui existe ou pas dans le peloton, certains coureurs l'ont d'ailleurs pointé du doigt au printemps." Sur ce dernier point, Romain Bardet ne semble pas se faire beaucoup d'illusions. "Au Tour, rappelle le natif de Brioude, vous n'avez pas des coureurs mais des animaux : personne ne freine. Ça va être une boucherie." Il va même jusqu'à lancer : "Je me dis que c'est un miracle si j'arrive à La Planche de Belles Filles."
Les chutes les plus graves de ces dernières années ont eu lieu hors compétition
Conformément à son vœu, il y a peu de risques que Christian Prudhomme assiste à une première semaine lénifiante. "On a vécu une première semaine étincelante l'année dernière. Les champions d'aujourd'hui sont davantage portés vers l'attaque et c'est très bien, ils ont un terrain où ils peuvent s'exprimer", justifie-t-il.
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Christian Prudhomme

Crédit: AFP

Les coureurs du profil à la Van der Poel ou Alaphilippe se sont effectivement régalés. Mais pour les principaux favoris à la victoire finale, la donne est différente. Sur un tracé de ce type, ils ne peuvent se permettre de rester au chaud. La victoire d'étape ne les intéresse pas de si bonne heure, mais pour éviter les pièges multiples, ils doivent se placer comme si tel était le cas.
Mais une fois de plus, le directeur du Tour de France tient à relativiser cette vision presque apocalyptique d'une entame de course qui virerait au jeu de massacre. "Il y a bien sûr des chutes dans les courses mais les chutes les plus graves de ces dernières années ont eu lieu hors compétition, Chris Froome en préparation du chrono du Dauphiné, Egan Bernal avec encore le vélo de chrono à l'entraînement, Amy Pieters qui était à l'entraînement...", insiste Christian Prudhomme.
N'empêche. De Copenhague au nord de la France (au moins), les premières étapes seront celles de tous les dangers. Ce sera "Peur sur le Tour", avec la hantise de tout perdre avant de pouvoir commencer à se battre pour gagner.
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