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Parcours du Tour de France 2023 - Seulement 22 kilomètres de chrono, en montagne : Mais qu’avez-vous contre la montre ?

Simon Farvacque

Mis à jour 29/10/2022 à 11:11 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2023 - 22 kilomètres de contre-la-montre, seulement. Qui plus est sur un terrain qui favorise les grimpeurs. L'effort solitaire est de plus en plus snobé par le Tour, et le parcours de sa 110e édition, présenté ce jeudi, l'a confirmé. Une dépréciation dont l’intérêt est discutable, que ce soit par le prisme du classement général ou par celui de l'attrait intrinsèque d’une étape.

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Vous vouliez un chrono ? Vous l'avez. Mais pour les amateurs de l'effort solitaire, le contre-la-montre du Tour de France 2023 a des airs, au mieux, de concession ingrate, au pire, de provocation. Outre par sa faible distance - 22 kilomètres -, il se distingue par sa topographie montagneuse, symbolisée par la côte de Domancy (2,5 km à 9,4%). Le message est clair : l'exercice n'a plus la cote auprès de la Grande Boucle.
C’est l’illustration d’une tendance poussée à l’extrême. Christian Prudhomme a rappelé, jeudi à Paris lors de la présentation de la 110e édition du Tour de France, que celle de 2015 comprenait seulement 13,8 km de contre-la-montre individuel. Mais un chrono par équipes était alors programmé, comme pour adoucir la frustration des esthètes de la lutte face au temps. Cette fois, en 2023 : pas de palliatif.
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Un sophisme caché derrière une dichotomie

Le directeur du Tour justifie ce choix par une "dichotomie" évaporée : "Je rêverais que l’on revienne à une époque où il y avait un rouleur type, qui écrasait tout, Jacques Anquetil, et un grimpeur type, qui s’envolait dans la montagne, Federico Bahamontes." Le contre-la-montre ne représenterait ainsi plus un facteur clé, dans la quête du maillot jaune. Il ne serait plus un atout pour décanter la situation.
L’argument est discutable et réversible. Les candidats au sacre savent tout faire ? Qu’ils fassent tout. L’idée que le lauréat de la plus prestigieuse course cycliste au monde soit un as de la polyvalence - et puisse le prouver - me plaît. Son désamour pour les CLM excepté, le Tour de France va d’ailleurs dans ce sens, avec des étapes pour puncheurs, souvent, et des pavés, parfois. Il n’y a pas que les cimes dans la vie.
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Roupillons plutôt devant une étape de 250 bornes

Reste la question de l’intérêt intrinsèque d’un chrono. De l’intérêt qu’il suscite, surtout. On le dit volontiers peu télégénique ? Je ne suis pas d’accord. J’aime à pister un arbre, une plaque d’égout, un rond-point ou un supporter peinturluré en guise de repère. J’aime noter que tel coureur l’a croisé après 3 minutes et 12 secondes d’effort… soit une seconde plus tôt que son rival.
Autre réserve : on soupçonne une incapacité croissante, au sein d’une société d’immédiateté, à se concentrer plusieurs heures devant une épreuve sportive ? Très bien. Que cela entraîne depuis quelques années un raccourcissement des étapes en ligne me convient - à condition de le faire dans des proportions raisonnables. En revanche, le contre-la-montre échappe à cet écueil du ronronnement.
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Tant de choses à regarder, si peu à perdre

Jetez un œil à l’ordre et aux horaires de départ, identifiez les coureurs qui vous intéressent, et picorez le chrono à votre guise. Vous préférez regarder la course en intégralité ? Pas de problème. Il y a de grandes chances qu’un favori pour le bouquet prenne le départ à 14h, un autre à 15h, puis les prétendants à la victoire finale de 16h30 à 17h. Une étape de plaine peut être bien plus soporifique.
C’est aussi une question d’appétence. J’aime les mathématiques, mettre en perspective une vitesse moyenne et l’inclinaison d’une pente, pour anticiper un pointage. J’aime m’aventurer sur l’analyse d’un coup de pédale, me ravir d’avoir compris qu’un coureur avait la socquette légère… ou au contraire m’avouer vaincu si, malgré cette impression d’aisance, il perd 3 secondes au kilomètre.
Je ne suis peut-être pas le cœur de cible, mais je suis convaincu qu’il est possible de permettre au contre-la-montre de conserver ses lettres de noblesse, sans froisser le public ni subir une déperdition d’audience. Sur trois semaines, le chrono a droit de cité. Il n’a pas à être transformé en une étape de montagne déguisée. Christian Prudhomme et ASO n’ont rien à perdre à le respecter, j’en suis persuadé.
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