Alberto Bettiol (EF Education First) s'adjuge la 103e édition à la surprise générale

On s'attendait à une édition ouverte, mais pas forcément à un vainqueur aussi inattendu. Sorti à 18km de l'arrivée, Alberto Bettiol a surpris tous les favoris pour aller s'imposer en solitaire sur ce Tour des Flandres 2019. L'Italien de la formation EF Education-First a devancé à Audenaarde Kasper Asgreen (Deceuninck-Quick Step) et Alexander Kristoff (UAE Team Emirates) pour s'offrir son tout premier succès chez les professionnels. Difficile de rêver mieux.

Pour cela, il aurait juste fallu avoir droit à une course un peu plus excitante. Bien sûr, le Tour des Flandres est toujours une épreuve à part, avec une tension de tous les instants et une première partie de course où les chutes rythment l'épreuve. Celle de Niki Terpstra (Direct Energie) restera comme le premier temps fort de l'épreuve. Tombé à 157km de l'arrivée, le tenant du titre, victime d'une commotion cérébrale après perte de connaissance, a inquiété un temps avant d'être évacué vers l'hôpital. Son équipe ne s'est relevée de ce coup dur.

Pour autant, la course a tardé à se lancer, comme souvent. Il a fallu attendre l'ascension du Mur de Grammont,à 99km de l'arrivée, pour voir l'échappée matinale être reprise et les favoris bouger. C'est Wout Van Aert (Jumbo-Visma) qui a été le premier à bouger, suivi comme son ombre par Zdenek Stybar (Deceuninck - Quick Step). Sur leurs impulsions, c'est un groupe d'une quarantaine de coureurs qui est sorti sur le sommet.

Parmi eux, ils manquaient alors Olivier Naesen (AG2R La Mondiale), Philippe Gilbert (Deceuninck - Quick Step) ou Sep Vanmarcke (EF Education-First). Mais le groupe n'a jamais réussi à s'organiser, préférant multiplier les attaques pour s'isoler. Et le reste du peloton a fini par rentrer.

Un scénario qui va finalement durer tout le reste de la course. Bien sûr, le groupe des favoris va s'amincir mont après mont, au gré des défaillances de Philippe Gilbert, Zdenek Stybar (Deceuninck - Quick Step), John Degenkoilb (Trek-Segafredo), Luke Rowe (Sky) ou encore Arnaud Démare (Groupama-FDJ). Bien sûr, il y a eu des offensives de loin pour anticiper avec un coup de Dylan Van Baarle (Sky), parti notamment en compagnie de Kasper Asgreen (Deceuninck - Quick Step), le meilleur d'une formation belge qui n'aura jamais su sur quel cheval miser. Mais les vrais favoris - Bob Jungels (Deceuninck - Quick Step), Wout Van Aert (Jumbo-Visma), Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) - n'ont, eux, jamais vraiment bougés, malgré des feintes d'attaques.

Van Avermaet (CCC) a été le premier à véritablement bouger, à 27km de l'arrivée. Dans sa roue, on a retrouvé alors Bob Jungels et Alberto Bettiol (EF Education First). L'un des deux gagnera à Audenarde. Pas celui qu'on pouvait attendre. C'est finalement groupé que les favoris sont arrivés au pied de la troisième et dernière ascension du Vieux Quaremont, à 18km de l'arrivée. Le moment choisi par l'Italien de porter une attaque violente. Excellent 4e de l'E3 BinckBank Classic, le Toscan est sorti en force sur la seconde partie de la montée et a profité de l'attentisme des favoris pour vite prendre une vingtaine de secondes d'avance. Personne ne le reverra.

Ce n'est pas faute d'avoir essayé dans le Paterberg. Impressionnant malgré une chute à 60km qui l'aura obligé à une poursuite ne solitaire de 17km, Mathieu van der Poel (Corendon-Circus) semblait le plus fort dans le groupe des favoris et il aura tenté dans la dernière ascension du jour de se lancer en solitaire à la poursuite de l'Italien. Sans succès. Il devra se contenter de la 4e place. Moins impressionnant mais tout aussi bluffant, Alejandro Valverde (Movistar) a lui aussi essayé de s'isoler en contre, à 15km. Mais, pour son premier Ronde, l'Espagnol n'a pas réussi à sortir et se contentera de la 8e place.

Longtemps pointé à 20'' de Bettiol, le groupe des favoris n'est jamais parvenu à s'organiser efficacement pour rentrer sur l'Italien, pourtant peu aidé par le vent de face. La faute aux Kristoff et autres Matthews qui faisaient peur en cas d'arrivée groupée. Quitte à perdre, autant perdre le podium. Bettiol a même fini par accroitre son avance, bien aidée par le travail de Sebastian Langeveld derrière, qui a magnifiquement gêné les relais. De quoi lui laisser le temps de savourer le dernier kilomètre, malgré le retour en solitaire de Kasper Asgreen qui aura tenté de sauver la journée des Deceuninck-Quick Step. En forme depuis un mois, vu à l'attaque dans le Poggio sur Milan-SanRemo, Alberto Bettiol n'avait encore jamais gagné en un peu plus de cinq années professionnelles. C'est désormais chose faite.