Oliver Naesen : "C’est une excuse en bois mais j’ai juste besoin d’un peu plus de chance..."

Nous sommes le 2 avril 2017. Parti dans une folle épopée, Philippe Gilbert triomphait enfin chez lui et remportait le Tour des Flandres. Ce jour-là, trois hommes pouvaient encore espérer revenir sur lui : Peter Sagan, Greg Van Avermaet et Oliver Naesen. Mais dans le Vieux Quaremont, le Slovaque accroche son vélo dans une veste et entraîne les deux autres dans sa chute. GVA repartira plus vite et décrochera la deuxième place. Pas Sagan, ni Naesen, restés bloqués et qui sortiront du Top 20 final. Malgré un final cruel, Oliver Naesen a passé ce jour-là un palier supplémentaire. Un de plus. Tous ces paliers qui font de lui l’un des favoris du 103e Ronde.

"Si je ne chute pas, tout est possible", annonçait le Belge d’Ag2r-La Mondiale à Cyclingnews en début de saison. Car cette chute de 2017, "Oli" ne l’a toujours pas digérée. "C’est une excuse en bois mais j’ai juste besoin d’un peu plus de chance", poursuivait-il. Après 2017, le Belge a eu l’impression de ne jamais être au bon endroit. “Quand j’étais à gauche, ça tombait à gauche, quand j’étais à droite, ça tombait à droite”, regrette-t-il. Et s’il avait besoin de temps ? A 28 ans, on pourrait penser que Naesen a déjà une belle expérience derrière lui. Ce serait mal connaître le parcours du natif d’Ostende.

Il avait 24 ans quand il a disputé ses premières courses professionnelles, en stage chez Lotto-Belisol (aujourd’hui Lotto-Soudal), un peu plus quand il a connu sa première saison complète, en 2015, chez Topsport Vlaanderen-Baloise "En 2013 j’ai compris que je méritais de devenir professionnel, se souvenait-il en 2016 pour Ciclismo International. J’étais le meilleur amateur en Belgique mais je ne pouvais pas atteindre mon potentiel maximal parce que j’avais un boulot à temps plein à côté". Topsport donc puis IAM, chez qui il remporte la Bretagne Classic en 2016 et enfin Ag2r-La Mondiale en 2017 après l’arrêt de la formation suisse.

Naesen a la lourde tâche de faire briller l’équipe française dans les classiques flandriennes. Et il y arrive plutôt bien même si la première victoire se fait attendre. 4e de l’E3, 6e de Gand-Wevelgem, 11e du Ronde et 12e à Roubaix en 2018, Naesen tourne autour et affirme son statut de flandrien. Cette saison, il fait mieux avec un podium (3e) à Wevelgem. Mais surtout une deuxième place sur Milan-San Remo derrière l’intouchable Alaphilippe. Là où on ne l’attendait pas. "Je me sens très fort en ce moment, je ne suis pas du tout stressé. Je suis à l’aise, avait-il réagi. [...] Avec les jambes que j’ai en ce moment, j’ai hâte d’être aux Flandriennes".

C’est ce 23 mars dernier que chacun a compris qu’Oliver Naesen était encore plus fort que les années précédentes. Ne lui reste plus qu’à valider les attentes par une performance sur le Tour des Flandres. "Oliver a fait le plein de confiance depuis le début de la saison, il fait partie des favoris des classiques flandriennes et il a montré ses grandes qualités d’endurance", estime Julien Jurdie, directeur sportif chez AG2R-La Mondiale. La confiance, un sentiment qu’Oliver Naesen connaît désormais plutôt bien. "Les deux plus forts sont Sagan et Van Avermaet, avançait-il en début de saison chez Cyclingnews. J’espère être le troisième homme".

Avec Stybar, Gilbert, Jungels, Terpstra, Benoot, Sagan, Van Avermaet mais aussi les jeunes Van Aert et van der Poel, Naesen fait partie de la liste des coureurs capables de lever les bras sur la ligne à Audenarde. Pour atteindre ce Graal, il pourra compter sur son excellente forme du moment et pourquoi pas, peut-être un léger soupçon de chance.