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Tour des Flandres - Alberto Bettiol a vécu "les dix kilomètres les plus longs de sa vie"

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 08/04/2019 à 11:37 GMT+2

TOUR DES FLANDRES – Souvent placé mais jamais gagnant, Alberto Bettiol a longtemps tardé à confirmer tout le potentiel qu'on lui promettait, la faute à de nombreuses blessures. Mais l'Italien d'EF Education First pouvait difficilement rêver d'une plus belle première victoire que le Tour des Flandres. En Belgique, le Transalpin a confirmé toutes ses qualités sur les courses d'un jour.

Alberto Bettiol savoure son sacre lors du Tour des Flandres 2019

Crédit: Getty Images

Tout peut changer en un an. La phrase peut paraître facile, mais elle n'en est pas moins vraie. Surtout concernant le fil de la carrière d'Alberto Bettiol. Complètement transparent au printemps dernier, l'Italien vivait un véritable calvaire. Avec dix abandons au cours de l'année, le Toscan a vécu une année noire. A cet instant, personne, pas même lui, ne le voit en vainqueur d'un Monument. Et ça n'avait pas vraiment changé au départ de ce 103e Ronde. "C'était de ma faute, avouait l'Italien pour L'Equipe. L'an dernier, j'ai disparu. C'est normal qu'on ne parle pas de moi, ou qu'on ne me mette pas dans les favoris de la course, je n'avais jamais rien gagné jusqu'à présent".
J'ai changé certaines choses
Jusqu'alors, le natif de Poggibonsi, dans la région de Sienne, n'avait même jamais vraiment montré qu'il avait l'étoffe d'un futur cador, malgré quelques résultats intéressants, notamment sa 10e place lors du Tour du Piémont en 2015. Doté d'une bonne pointe de vitesse mais pas assez pour rivaliser en petit comité, passant bien les côtes mais pas les cols, on a cru pendant deux ans que Bettiol aurait du mal à franchir le cap.
Mais il a fini par le faire sur les classiques, à la sortie d'un Tour de Pologne (3e) qui aura été le déclic de sa carrière, à l'été 2016. Derrière, le puncheur de 25 ans a enchaîné avec une 2e place au GP de Plouay, une 4e au GP de Québec et une 7e au GP de Montréal. Une fin de saison porteur de pas mal d'espoirs sur la polyvalence de l'Italien, qui a poursuivi ses résultats brillants sur tous terrains en 2017 avec une 10e place au Record Bank E3 Harelbeke et une 6e sur la Clasica San Sebastian.
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Bettiol : "Les 14 kilomètres les plus longs de ma vie"

Mais les problèmes financiers de la Cannondale-Drapac l'ont alors incité à quitter la formation américaine pour la BMC, avec la non-réussite qu'on lui connait. Il faut aussi avouer que l'Italien aura joué de malchance, étant victime de deux fractures de la clavicule sur Liège-Bastogne-Liège, puis sur la Bretagne Classic. Revenu cet hiver au sein de l'EF Education-First, Bettiol a d'abord cherché à revenir à son meilleur niveau. "J'ai changé certaines choses, expliquait-il. Déjà, j'ai perdu trois kilos, ce qui est une chose facile à dire, mais pas à faire. Et j'ai essayé d'être moi-même sur le vélo, c'est-à-dire toujours attaquer".
L'équipe a été incroyable
Avant de retrouver la confiance de ses équipiers. D'abord en jouant la carte collective sur le Tour Down Under pour Michael Woods, puis pour Simon Clarke sur les Strade Bianche. Mais, à l'approche du premier Monument de la saison, on a senti l'Italien revenir à un très bon niveau. Ses deux podiums d'étape, à Pomarance, puis sur le chrono de San Benedetto, lors de Tirreno-Adriatico avaient déjà contribué à rassurer sur son retour en forme. Et sa 36e place sur Milan-SanRemo était loin de témoigner sur la performance de l'Italien, à l'attaque dans le Poggio avant d'être contré par Alaphilippe.
Sa 4e place sur l'E3 Classic, le week-end dernier, a achevé de montrer à tout le monde qu'il serait un des hommes à suivre sur ce Tour des Flandres. Une carte suffisamment sûre pour ses équipiers n'hésitent pas à sa sacrifier pour lui. "L'équipe a été incroyable… expliquait-il à L'Equipe. Ils m'ont fait signer un contrat cet hiver alors que je n'avais pas de résultats et, aujourd'hui, Sep Vanmarcke s'est sacrifié pour moi alors que c'est une course qui compte beaucoup à ses yeux." Comme beaucoup, le Belge avait alors senti que son coéquipier italien était dans une super journée.
L'impression de grimper le Mortirolo
Mais l'Italien aurait pu ne jamais bouger sans l'aide avisée de son directeur sportif, Andreas Klier. "Je m'attendais à ce que Van Avermaet attaque, mais il ne l'a jamais fait, a-t-il raconté. Alors il (le directeur sportif) m'a dit dans l'oreille que si j'avais les jambes, il ne fallait pas que j'attende trop. Sinon, les sprinteurs comme Kristoff resteraient à l'avant. Alors Je suis parti." Une attaque franche dans le Vieux Quaremont, à 18km de l'arrivée, aura suffi à l'Italien pour s'extirper du groupe des favoris et rapidement creuser l'écart. Mais le plus dur attendait encore le coureur d'EF Education First : résister.
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Italian cyclist Alberto Bettiol of EF Education First Pro Cycling competes in the 'Patersberg' climb in Kluisbergen during the 103rd edition of the 'Tour of Flanders' one day cycling race, 270,1km from Antwerp to Oudenaarde, on April 7, 2019.

Crédit: Getty Images

"Les dix derniers kilomètres ont été les plus longs de ma vie, avouait Bettiol pour L'Equipe. A l'oreillette, Langeveld me disait de pousser à fond parce que derrière, ils avaient tous l'air fatigués". Et ce n'était pas qu'une impression. Finalement, les deux seuls dangers pour le Toscan ont été ses jambes et le vent. "Dans le final, il y avait un léger faux plat de rien du tout, peut-être 0,2% de pente, mais j'avais l'impression de grimper le Mortirolo", racontait-il avant de glisser avoir un temps cru au retour des favoris : "A un moment j'ai senti une ombre sur ma droite. Je croyais qu'ils revenaient mais, en fait, c'était une moto et je n'avais pas envie de me retourner. Je ne me suis retourné qu'à 200 m de la ligne et il n'y avait personne."
Vu le numéro réalisé par le Toscan, rien d'étonnant. Et voilà Bettiol devenu le premier coureur à ouvrir son compteur chez les pros sur un Monument depuis Oliver Zaugg sur le Tour de Lombardie en 2011. En espérant que l'Italien connaisse une carrière plus fructueuse que celle du Suisse (1). Vu ce qu'il nous a montré cette année, on est en droit de l'espérer. Et lui aussi.
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Alberto Bettiol savoure son sacre lors du Tour des Flandres 2019

Crédit: Getty Images

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