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Tour des Flandres - L'étrange Mathieu van der Poel

Christophe Gaudot

Mis à jour 03/04/2021 à 09:41 GMT+2

TOUR DES FLANDRES - Tenant du titre sur le "Ronde", Mathieu van der Poel est favori à sa propre succession. Un statut à peine écorné par une journée difficile sur A Travers la Flandre mercredi. Tout le paradoxe d'un champion que l'on peine encore à déchiffrer, à 26 ans.

Mathieu van der Poel

Crédit: Getty Images

Qui est Mathieu van der Poel ? Un champion sans aucun doute. Ses quatre titres mondiaux en cyclo-cross suffisaient à lui conférer ce statut mais il a tenu à y ajouter un Tour des Flandres l'an dernier, prouvant, si quelques fous en doutaient encore, qu'il pouvait écraser la concurrence sur route comme il l'avait fait dans les sous-bois. Comme tout un chacun, le Néerlandais a sa part de mystère et après deux saisons complètes sur la route, il est toujours aussi difficile de savoir à quoi s'attendre avec lui.
Moins que Julian Alaphilippe mais plus que Wout Van Aert, Mathieu van der Poel est un personnage dans le peloton actuel. Pas à la manière d'un Peter Sagan, facétieux et provocateur à souhait dans ses belles années. Il n'affiche pas non plus la sincérité émotive d'un Julian Alaphilippe qui est entré dans le cœur des suiveurs autant par son talent que par sa sensibilité. Quand on pense van der Poel, on pense talent inné et à bien des égards force de la nature. Sur son vélo, il impressionne par la brutalité de ses démarrages, Alaphilippe en a fait l'amère expérience sur les Strade Bianche début mars, et la puissance dégagée par son torse et ses épaules. En un mot, c'est un roc.
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Une attaque d'une violence inouïe : Van der Poel a laissé Alaphilippe sur place dans le mur final

Des hauts éclatants, des bas spectaculaires

Un roc peut-il avoir des failles ? Oui. Le Néerlandais en est la preuve. Ses succès sont au moins aussi éclatants que ses pannes sèches peuvent être surprenantes. Mercredi encore sur A Travers la Flandre, alors qu'on l'imaginait déjà répondre à Wout Van Aert, son meilleur ennemi, vainqueur de Gand-Wevelgem trois jours plus tôt, il n'a pas existé. Ou plutôt si, il a existé avant de s'éteindre. Complètement. Alimentant là la théorie selon laquelle il peinerait encore à gérer ses efforts. A 55 kilomètres de l'arrivée, il attaquait puis connaissait une terrible défaillance… vingt bornes plus loin. Quasiment une poussière, une grosse demi-heure de course. Vingt kilomètres plus loin, il venait donner un dernier relais en tête de peloton avant de mettre la flèche. Vidé. Autant le dire : aucun coureur de sa trempe n'expérimente de tels hauts et de tels bas.
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Pogacar a failli gâcher l'énorme numéro de van der Poel : le résumé d'une folle journée

Revient en écho cette sixième étape de Tirreno-Adriatico plus connue sous le nom de "l'étape des murs". Une gageure par beau temps, un supplice quand le froid et la pluie s'en mêlent. Ce jour-là, "MVDP" attaque une barre énergétique à la main parce qu'il avait "froid", creuse un écart monstre sur ses adversaires puis perd tout ou presque, ses forces et son avance, dans les dix derniers kilomètres. On ne débattra pas ici de savoir s'il s'est mal alimenté, s'il a connu une véritable fringale ou si simplement il est allé au bout de lui-même, on notera simplement que personne ne s'y attendait tant ces images sont rares dans le cyclisme moderne amoureux du capteur de puissance.

Comme Peter Sagan ?

A part, le petit-fils de Raymond Poulidor ? Certainement. Quand il emprunte à Fabio Quartararo une célébration que le pilote a lui-même copiée de Kylian Mbappé, "MVDP" touche une audience plus large que celle habituelle de son sport. Il a tout, d'ailleurs, pour ça. Un physique, une gueule, de la classe, du talent. Et un ennemi intime en la personne de Wout Van Aert. De la fraîcheur aussi ? Oui. Comme Sagan avant lui, van der Poel peut jouer à l'iconoclaste. Milan-Sanremo ? Chiante à mourir selon ses mots que l'on peut interpréter ainsi sans tricher. Il n'est sans doute pas le seul à le penser, rares sont ceux qui osent le dire en revanche.
Ce dimanche sur le Tour des Flandres, il aborde pour la première fois de sa carrière un Monument dans la peau d'un favori. Une peau que l'on imagine seconde dans un futur proche et sur de nombreuses classiques pour lui. Comment va-t-il se comporter ? Nul ne le sait. Ce qu'on peut avancer, c'est qu'il est capable de tout, d'attaquer de très loin, de suivre et de faire mal à n'importe qui et de disparaître. Tout ça à la fois mais aussi et surtout de gagner. Car même après sa démonstration négative mercredi, van der Poel reste favori à sa propre succession. Décidément étrange.
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Sprint royal et photo finish : entre Van der Poel et Van Aert, c'était chaud

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