Armsstrong bien au chaud

Ça y est. Lance Armstrong est officiellement redevenu coureur. Après s'être livré dimanche à un véritable numéro d'équilibriste sur le tourniquet de la Cancer Council Classic (il fallait alors parcourir à 30 reprises un circuit urbain et relativement dangereux de 1,7 km), le Texan a pris le départ, non sans une certaine appréhension, du Tour Down Under. De l'exhibition populaire, le Texan est passé à la course, la vraie. Certes, le menu du jour ne proposait que 140 km et deux modestes côtes répertoriées au classement du meilleur grimpeur mais cela a sans doute suffi au plus célèbre coureur de l'équipe Astana. "Tout le monde m'avait dit que cette étape était facile. En réalité, cela ne l'était pas tant que ça" , a-t-il ainsi noté, sitôt la ligne d'arrivée franchie dans le troisième tiers du peloton.

Pour lui, l'essentiel était pourtant ailleurs. Sa 120e place à l'arrivée est à cet égard totalement anecdotique (d'autant plus qu'il termine dans le même temps que le vainqueur du jour). L'essentiel pour Armstrong en cette chaude journée de l'été austral était en effet de reprendre ses automatismes dans le peloton, de se rassurer quant à sa capacité à être encore coureur cycliste. Après de longs mois de dur labeur à l'entraînement, du Texas à la Californie en passant par les Canaries, le protégé de Johan Bruyneel, bien entouré par José Luis Rubierra, Jesus Hernandez, Steve Morabito et Maxim Iglinsky, a profité de ces premiers tours de roues en compétition pour se rappeler quelques bons souvenirs et retrouver ses sensations. De l'effluve des embrocations d'avant départ au bruit caractéristique des dérailleurs bien réglés, Armstrong a dû apprécier. "Je me sens mieux, c'est bien d'avoir accompli cette première journée de course. Je vais prendre étape par étape mais je me sens fort et on verra comment ça se passe" , a-t-il expliqué sereinement.

Côté course, l'étape du jour a longtemps a été animée par la fugue d'un duo, à l'appétit sans doute aiguisé par l'idée de se faire la belle à l'occasion de la première épreuve du nouveau calendrier mondial. Dès le kilomètre 8, le Belge Olivier Kaisen (Silence-Lotto) et l'Espagnol Andoni Lafuente (Euskaltel) prennent ainsi la poudre d'escampette. Profitant de l'apathie du peloton, le duo creuse l'écart et compte jusqu'à 6'30'' d'avance mais il était écrit que cette première étape du Tour Down Under devait s'achever au sprint.

L'ultime baroud de l'Australien Jack Bobridge (UniSA) maîtrisé par le travail conjoint des formations Columbia, Rabobank et Katusha, l'emballage pouvait avoir lieu. Pour André Greipel, ultra dominateur sur ces routes l'an dernier, l'occasion était donnée de prendre sa revanche sur Robbie McEwen qui l'avait battu à Adélaïde. Parfaitement emmené par ses coéquipiers, le vainqueur sortant ne s'est ainsi pas fait prié pour reprendre ses bonnes habitudes sur le podium protocolaire de l'épreuve australienne. A nouveau leader de la course par le jeu des bonifications, l'Allemand a devancé un trio australien sur la ligne d'arrivée: Baden Cooke (Unisa), 2e, l'éternel Stuart O'Grady (Saxo Bank), 3e, et l'impétueux McEwen, ralenti dans le final par un choc avec l'appareil photo d'un spectateur trop enthousiaste 4e. Mercredi, les coureurs reprendront la route pour 145 km vers Stirling. L'étape s'annonce un peu plus vallonnée. De quoi monter en puissance pour Armstrong.