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Andrea Pirlo, l'impossible succession

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 07/11/2017 à 14:13 GMT+1

Le Maestro a officiellement pris sa retraite lundi, après l’élimination du New York City FC lors des play-offs du championnat MLS. Sa trajectoire et son style si particuliers rendent sa succession délicate.

Pirlo

Crédit: AFP

Le problème avec les stars qui partent finir leur carrière sur un autre continent, c'est qu'on assiste deux fois à leurs adieux. Deux fois plus d'hommages certes, mais aussi deux fois plus de tristesse et de mélancolie. C'est arrivé avec Del Piero, Gerrard, Kakà, et d'autres, c'est au tour de Pirlo. Ce dernier avait choisi de quitter la Juve, l'Italie et l'Europe en juin 2015 pour régaler de l'autre côté de l'Atlantique. Une expérience de sport et surtout de vie dans la ville de New York. Le parcours s’est ainsi terminé en demi-finale de conférence de la MLS contre Colombus Crew. Une flopée d'hommages quasi unanimes - on y reviendra - a suivi. Inutile donc d'enchaîner sur une énième hagiographie mielleuse pour faire pleurer dans les chaumières. Tout a été dit sur le Maestro. Enfin non, peut-être pas tout.

Vraiment unique

C'est un terme dont on abuse lorsqu’il faut honorer les légendes tout juste retraitées. Unique, irremplaçable, "inclonable". Cela vaut pour la carrière, la fidélité ou bien la longévité du joueur concerné mais souvent moins pour son profil. Grâce à sa trajectoire, Pirlo échappe peut-être au côté "lapalissien" de ce qualificatif. On parle d'un élément qui a été formé au poste de numéro 10, et à l'ancienne, c’est-à-dire avec les défauts que cela comporte. Un petit côté anachronique : vista, technique, mais aussi lenteur et physique frêle. C'est bien simple, on ne forme plus ce genre de joueurs, tout du moins en Italie. Le moule est à la casse. Le talent des jeunes pousses est toujours là, mais il est étouffé par d'autres priorités.
Les 10 d'aujourd’hui, pour peu que le trequartista central soit encore utilisé, doivent faire preuve de dynamisme et être capables avant tout de participer au pressing collectif en limitant l'impact du meneur de jeu adverse. Un poste que Pirlo a rapidement occupé en étant redescendu d'un cran par deux Carletti, Mazzone à Brescia et Ancelotti au Milan. A son jeu court, il a ainsi ajouté un jeu long de quarterback tout en conservant sa facilité technique et développant un excellent sens du placement. D’autres grands footballeurs ont son influence sur le jeu de leur équipe, mais pas une position aussi névralgique, ou alors de manière différente.
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Pirlo & Ronaldinho

Crédit: Getty Images

Le petit jeu des "futurs Pirlo"

Il y a quatre ans, lorsque je n’étais qu’à la tête du portail calciomio.fr, nous avions – avec Paolo Del Vecchio - publié un article sur Pirlo en tentant d’identifier de possibles héritiers. Pauvres de nous. Il y avait déjà une liste de déceptions qui comprenait les noms de Montolivo, Aquilani et Cigarini. Les premiers désignés comme ses successeurs. Loupé. Le prétendant le plus crédible était Marco Verratti. Une trajectoire technique similaire (un 10 qui a reculé devant la défense) mais finalement plus un relayeur et surtout un joueur incapable de prendre résolument les choses en main en sélection.
Le reste de l'inventaire fait sourire. Marrone, Fausto Rossi, Benassi, Crisetig, Viviani, Verre, Cristante, Baselli... Ils avaient entre 18 et 23 ans. Cinq années plus tard, certains ont percé à un autre poste, d’autres sont tombés dans l’anonymat. En Nazionale, et après un bref intermède de Thiago Motta, c’est Daniele De Rossi, 34 ans, qui a pris place devant la défense dans un style évidemment différent. Il y a bien l’Italo-Brésilien Jorginho, mais son profil se "limite" à une précision chirurgicale, sans la capacité d’être décisif comme l'a été Pirlo, auteur de nombreux buts sur coups francs ou via des frappes lointaines. Aujourd’hui, on a compris que ce petit jeu ne fait que desservir les nouvelles générations.

L’inutile succession

En début d'article, j'ai donc inséré l'adverbe "quasi" avant "unanimes". En effet, via son compte Twitter officiel, l’AC Milan a salué un joueur ayant endossé son maillot avec brio pendant dix ans. J’ai eu le malheur de cliquer sur la petite bulle. Une kyrielle d’insultes et d’invitations plus ou moins ironiques à effacer ce tweet est apparue sur mon écran, avec un seul commentaire positif au milieu de ce triste spectacle.
Je peux comprendre que son départ du Milan pour la Juve en 2011 (sans avoir été retenu coûte que coûte) a été difficile à digérer. Question de rivalité. Je pensais toutefois que cet aspect aurait été mis de côté au moment de rendre hommage à un joueur qui a été fondamental dans le cycle Ancelotti. Je ne me voile pas non plus la face. C’eût été différent si Pirlo n’avait pas autant gagné avec la Vieille Dame et heurté - par conséquent - la fierté de ses anciens tifosi. Idem concernant son rendement personnel avec les Bianconeri, dans l’ensemble plus élevé et régulier qu’avec le paletot de son club précédent.
Pourtant, il n’a jamais été mon "préféré" au Milan, et je pourrais faire fi de ces réactions, mais elles n’ont fait que me conforter dans ma pensée. Les leçons de fair-play et d’humilité offertes par la plupart des protagonistes des meravigliosi d’Ancelotti n’ont servi à rien, une trop grande partie du peuple rossonero préférant s’enfoncer dans une exaspérante amertume. Dans ce cas précis, et à mon grand dam, l’héritage moral a été plus inutile qu’impossible.
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Pirlo & Xavi

Crédit: Eurosport

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