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Avant Manchester United - Villarreal : A quoi joue Manchester United avec Solskjaer ?

Philippe Auclair

Mis à jour 29/09/2021 à 16:41 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Voilà bientôt trois ans qu'Ole Gunnar Solskjaer est manager de Manchester United. Pour quel résultat ? Pas grand chose, selon notre chroniqueur Philippe Auclair. Son style reste encore à définir, ses résultats sont inégaux alors même que les Red Devils lui ont donné les moyens de réussir...

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Cela fera pourtant bientôt trois ans - ce sera le 19 décembre prochain - qu'Ole Gunnar Solskjaer entama ce qui continue de ressembler au plus long intérim de l'histoire du football, quand bien même il signa un 'vrai' contrat en mars 2019 et le prolongea jusqu'en 2024 en juillet dernier. Ole a déjà duré plus longtemps que David, Louis et José, et sans gagner le moindre trophée, à la différence des deux derniers. Il est toujours au volant, comme le dit sa chanson. Mais pour aller où exactement?
Au delà de quelques principes des plus vagues - un football 'qui va vers l'avant', 'excitant', 'dans la tradition de Manchester United', etc, etc, etc - Solskjaer n'a jamais souhaité expliquer plus en détail le jeu qu'il avait l'ambition de mettre en place avec ce qui est aujourd'hui le deuxième effectif le plus cher - derrière Manchester City - jamais assemblé dans l'histoire de la Premier League. Précisons de suite que cela n'a rien de rhédibitoire en soi, et que le Norvégien n'est d'ailleurs pas le seul manager, de loin s'en faut, à montrer une certaine réticence à entrer dans les détails en la matière.
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Ole Gunnar Solskjaer, Manchester United manager

Crédit: Getty Images

Un football qui tourne trop souvent en rond

La différence, en son cas, est qu'alors qu'il s'apprête à diriger son 160e match à la tête de Manchester United, nous qui observons son équipe ignorons toujours à quel jeu elle entend jouer. Il lui arrive de presser, il lui arrive aussi, le plus souvent, d'être d'une passivité exaspérante ; malheur à qui, comme le Leeds de Bielsa, ose offrir les espaces dans lesquels les fusées de MU pourront contre-attaquer ; mais le Leeds de Bielsa est unique en ceci comme en tant d'autres choses. Et au vu des performances les plus récentes du MU de Solskjaer, ses propres joueurs ne semblent toujours pas en savoir davantage ce qu'ils sont censés exécuter sur le terrain, ce qui ralentit encore un football qui tourne au pas, comparé à ses rivaux immédiats, et qui, trop fréquemment, tourne en rond.
United a des fulgurances, produit parfois - pas nécessairement quand on s'y attend - des enchaînements qui, chez d'autres, feraient penser que des progrès ont été accomplis, et qu'il ne s'agit plus que de trouver une forme d'équilibre dans un effectif qui a considérablement évolué depuis que Solskjaer a remplacé José Mourinho. Mais vite, on déchante, et le problème est que ce qu'on dit aujourd'hui est très exactement ce qu'on disait il y a un ou deux ans.
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José Mourinho, face à Ole-Gunnar Solskjaer, lors du large succès de Tottenham à Old Trafford, face à Manchester United (1-6), le 4 octobre 2020

Crédit: Getty Images

Chaque fois qu'on croit qu'un pas va être franchi pour de bon, United cale, ou fait machine arrière. Et inversement, chaque fois qu'on croit que cette fois, ça y est, Solskjaer va payer les contre-performances de son équipe, celle-ci se réveille juste à temps, enchaîne quelques résultats qui font s'éloigner la tempête en vue. Le chat retombe sur ses pattes, pour trébucher à nouveau, et retrouver son équilibre, d'une manière ou d'une autre. Et ainsi de suite, depuis bientôt trois saisons.

Déboire et défaites gênantes

Une victoire en Ligue Europa en mai dernier aurait pu être un catalyseur (quand bien même celle obtenue par Mourinho face à l'Ajax en 2017 ne l'avait pas été), mais le Villareal d'Unai Emery avait d'autres idées en tête. La présente saison avait bien commencé pour United, qui, invaincu, occupait la troisième place du classement après cinq journées - à égalité de points avec le leader. Cristiano Ronaldo, revenu au club dans lequel il était devenu Ballon d'Or, marquait avec sa régularité coutumière. Harry Maguire disposait désormais d'un partenaire de luxe en défense centrale, maintenant que Rapahaël Varane l'y avait rejoint.
Cela n'a pas empêché que United connaisse déboire sur déboire depuis une défaite des plus gênantes face aux Young Boys de Berne lors de la première journée de la phase de poule de C1. Il y a eu l'élimination par West Ham de la League Cup. Il y a eu la première victoire d'Aston Villa à Old Trafford depuis 2009, toutes compétitions confondues, sans oublier comment West Ham, encore, fut tout près de prendre un point mérité contre les Red Devils en PL, avant que Jesse Lingard ne les crucifie en toute fin de match.
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Ole Gunnar Solskjaer

Crédit: Getty Images

Solskjaer a bien tenté de se réfugier derrière les banalités d'usage - 'c'est le football', etc - et en pointant du doigt des décisions arbitrales selon lui contestables, et qui, au passage, ne l'étaient en rien. Il n'avait pas plus été la victime des circonstances qu'il ne l'avait été celles des officiels. Il n'avait pas non plus eu à gérer une crise soudaine précipitée par suspensions et blessures, comme Klopp avait dû le faire à Liverpool presque tout au long de la saison passée, Arteta à Arsenal au début de celle-ci, ou Rafa Benitez à Everton en ce moment.
Il ne s'agit pas de nier les qualités de Solskjaer. Il n'est pas de ces tacticiens dont on reconnait la patte quels que soient les joueurs qu'ils mettent sur la pelouse. Sa 'philosophie', s'il en a une, est avant tout pragmatique, ce en quoi il est bien un héritier de Sir Alex Ferguson, qui ne mit jamais la fleur au fusil que lorsque le sort de la bataille était décidé. Il a eu le mérite de stabiliser un club à qui le passage tourmenté de José Mourinho avait fait beaucoup de mal. Il a fait revenir Manchester United en Ligue des Champions. Son vestiaire n'est pas ligué et ne complote pas contre lui, et peut-être bien que son approche des plus traditionnelles du métier de manager était celle qui était la mieux adaptée à la situation dans laquelle la pandémie avait plongé le football tout entier.
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Il n'empêche que, chaque fois que Manchester United est face à un adversaire qui le secoue un peu, voire beaucoup, on se pose la question : que se passerait-il si, plutôt que Solskjaer, c'était son adversaire du jour qui dirigeait Cristiano, Bruno, Paul et les autres ? Si c'était Wagner, Dean Smith, voire...David Moyes, quart de finaliste de la Ligue des Champions avec MU, à qui on avait montré la porte au bout de sept mois, et à qui on n'avait pas offert Maguire, Fernandes, Cavani, Ronaldo et Varane en l'espace en deux ans.
La question est sans doute injuste. Mais on ne la poserait pas si on savait à quel jeu jouait ou essayait de jouer Manchester United - hormis se reposer sur les fulgurances de quelques individualités exceptionnelles, le talent de finisseur de Ronaldo, Cavani et Greenwood, le regain de David de Gea ou la présence imposante de Maguire au coeur de sa défense. On reste sur sa faim, tant est si bien qu'on finit par perdre l'appétit.
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