Sneijder, à l'ancienne

Si le collège électoral était resté le même qu'en 2009, Wesley Sneijder, qui a tout gagné sauf la finale de la Coupe du monde, aurait glané le Ballon d'Or 2010. Le milieu de terrain est celui des 23 nommés qui a regroupé le plus de points sur son nom lorsque l'on détaille le votes des journalistes, qui comptait pour un tiers des voix au final. Sneijder a récolté 7,7% des points attribués par les journalistes, contre 7,53 à Andres Iniesta, 5,96 à Xavi et seulement 4,38 à Lionel Messi, pourtant couronné.

Bien avant la divulgation des résultats, une question s'imposait : les nouveaux critères et le collège électoral élargi aux 208 sélectionneurs et capitaines des équipes nationales allaient-ils changer la donne ? Depuis lundi soir, la réponse est évidente : c'est oui. Le poids des hommes de terrain (deux tiers des voix) a prévalu et imposé sa loi. Depuis 1991, lorsqu'ils élisaient le joueur FIFA de l'année, capitaines et sélectionneurs avaient souvent tendance à choisir le meilleur joueur du monde et/ou celui qu'ils "aimeraient avoir dans leur équipe". Ils ont continué avec le Ballon d'Or nouvelle formule. "Largué" chez les journalistes, Messi s'est refait une belle santé grâce aux capitaines et sélectionneurs, qui l'ont plébiscité. Sneijder, Iniesta et Xavi, qui avaient réussi leur Coupe du monde, en ont pâti.

Invités à se prononcer, le sélectionneur de l'équipe de France, Laurent Blanc, et son capitaine, Alou Diarra, ont donné le même trio. Mais dans le désordre. Quand le Président a accordé le maximum de points à Xavi, classé Sneijder en 2 et Iniesta en 3, Diarra a décidé de l'ordre suivant : Iniesta, Xavi, Sneijder. Oublié par les représentants du football français, Lionel Messi ne l'a pas été par les Brésiliens et notamment le capitaine de la sélection, Robinho, qui l'a classé premier. Même choix pour le sélectionneur auriverde, Mano Menezes. Des Brésiliens qui plébiscitent un Argentin. Joli geste. Mario Yepes, représentant la Colombie, a lui préféré Xabi Alonso à tous les autres joueurs retenus. Peut-être l'avait-il confondu avec Xavi ?

Le règlement du Ballon d'Or permet beaucoup de choses. Mais sélectionneurs et capitaines ne peuvent voter pour un joueur de leur nationalité ou de la fédération qu'ils représentent. Ce que certains, semble-t-il, ont oublié. Notamment Mark van Bommel qui a vu une partie de son classement invalidé. Seul son coéquipier du Bayern, Bastian Schweinsteiger, qu'il avait mis 3e, a glané un point. Qui van Bommel avait-il désigné premier et deuxième ? Deux Néerlandais comme Sneijder et Robben ? On prend les paris.

Trois noms à donner, 23 candidats, il y allait forcément avoir des oubliés dans l'affaire. L'un d'entre eux se nomme Daniel Alves. Le Brésilien du Barça n'a pas été cité une fois par les journalistes ni les sélectionneurs. Que le défenseur se console, il n'est pas le seul à avoir été snobé. Aucun journaliste n'a voté pour Cesc Fabregas, Maicon ou Philipp Lahm. Comme Alves, l'Allemand a réussi le doublé puisqu'aucun des capitaines ne l'a cité. Sympa...

Si Mourinho a été élu entraîneur de l'année devant Vicente Del Bosque (35,92% des suffrages exprimés contre 33,08%), le Portugais le doit avant tout aux capitaines des sélections qui ont massivement voté en sa faveur (12,19% des points attribués contre 8,08 à l'Espagnol). Heureusement qu'il ne comptait pas sur ses confrères techniciens pour l'emporter. Sinon, il serait tombé de haut. Les sélectionneurs lui ont préféré Vicente Del Bosque, l'un des leurs. Un homme de l'ombre dont les méthodes sont à des années-lumière de José Mourinho, qui commence à en exaspérer plus d'un. Parmi lesquels Johann Cruyff. Récemment, l'ancien coach du Barça a dit tout le bien qu'il pensait de Mourinho dans les colonnes de France Football ("Quand je vois la une des journaux, les propos qu'il tient, je me dis qu'il est très bien pour son club, mais qu'il n'est pas vraiment un éducateur").

Quand on épluche dans le détail le résultat des votes, quelques étrangetés sautent aux yeux. D'abord, certains pays n'ont pas participé au scrutin. Parmi lesquels l'Irlande... Les Irlandais bouderaient-ils encore la FIFA plus d'un an après la main de Thierry Henry ? La Guinée Equatoriale, elle, a bien voté. Il est simplement dommage que la Fédération internationale ne connaisse pas le nom du joueur qui s'est attelé à la tâche. Désigné par un simple "Captain of the national team", monsieur X s'est prononcé en faveur d'Iker Casillas.