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Bundesliga - Dortmund : En gardant Reus, la direction du Borussia a enfin repris la main

Polo Breitner

Mis à jour 13/02/2015 à 23:06 GMT+1

En réussissant à prolonger Marco Reus à Dortmund, le club de la Ruhr a adressé un message clair à l’Europe du football. Sa direction a démontré qu'elle reprenait les rênes d’un club parti à la dérive. Mieux vaut tard que jamais.

Polo - Dortmund

Crédit: Eurosport

La nouvelle a été officialisée ce mardi. Depuis quelque temps déjà, il se murmurait qu’une intervention imminente des sponsors du club permettrait d'aboutir à la décision finale. Loin des rumeurs colportées par les journaux, les mêmes qui envoyaient Pep Guardiola en Premier League à l’époque, Marco Reus a donc lié son avenir au BVB jusqu’en 2019.

Götze : "la prolongation de Reus n’est pas surprenante"

Le ridicule ne tue pas, la communication et la propagande non plus ! Encore que… Comme un seul homme, la presse allemande a salué le geste de l’ailier né à Dortmund et fustigé, bien entendu, la décision passée du transfuge de 2013, Mario Götze au FC Bayern. Une nouvelle version de la guerre "Rolls-Reus" contre "GOTTze", omettant les liens entre les deux hommes mais aussi le lieu de naissance du dernier nommé, Memmingen, une ville située à quelques 100 kilomètres de Munich, finalement son "Heimat", son véritable "chez lui". Mais les contes de fée font toujours rêver et les oppositions systématiques forment le quotidien du ballon rond. Une vision en technicolor entonnée en cœur en Europe, la France en tête, reprenant comme un tube les  "déclarations d’amour" du joueur pour son club…même si elles sont en réalité toutes relatives.
En fait, la situation de Marco Reus ressemble fortement à celle d’un autre de ses coéquipiers, Ilkay Gündogan. Le joueur, monstrueux par son abattage sur le terrain, plus qu’une alternative à Schweinsteiger en équipe nationale, souhaitait partir en Liga espagnole, le Real Madrid avait même fait une offre repoussée par le Borussia Dortmund avant que le milieu relayeur ne se blesse gravement, mi-août 2013, et se retrouve de ce fait absent pour une longue durée de quatorze mois. Il faut oublier les rêves liés aux Merengues. De son côté, la "Rolls-Reus" a déjà été contrainte à manquer la dernière Coupe du monde au Brésil et se retrouve plus souvent qu'à son tour parquée aux soins depuis près d’un an. Cet exercice, par exemple, la cylindrée si légère n’aura disputé que la moitié des rencontres de Bundesliga. Reus n’est pas au top physiquement et le choix de continuer son aventure à l’Iduna Park est donc tout sauf une surprise. Faute de grives, on mange des merles.
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Marco Reus

Crédit: Imago

Comparer le destin de l’international allemand à Seeler avec Hambourg, ou bien Gerrard avec Liverpool, ou encore Totti avec Rome, me semble quelque peu osé, surtout lorsque l’on sait comment s’est déroulé son transfert d’un Borussia à l’autre, de Mönchengladbach à Dortmund lors du mercato d’été 2012. C'est négliger la forte amitié qui le lie à Roman Neustädter, parti libre de toute attache la même année à Schalke 04. Passons sur cette secrète histoire. Mais rappelons tout de même que le BVB n’aurait jamais pu accueillir le joueur si cette clause contractuelle, relativement faible et qui peut faire jaser, de 25 millions d’euros, éligible en 2015, n’avait pas été âprement négociée à l’époque, la condition ultime pour venir.
On surveillera donc de près le prochain mercato estival…surtout si le numéro 11 du BVB se remet à briller de mille feux. Sinon on attendra donc la fin de l’Euro 2016, juste pour voir…

Quand les dépenses supplantent la formation

Revenons au contexte. Le marasme sur le terrain n’est-il pas simplement une crise de croissance ? Pour la première fois depuis des lustres, le triumvirat Watzke-Zorc-Klopp a semblé perdre la main. La stratégie sportive, facilitée par une formidable réussite économique qu’il faut saluer comme il se doit, a dû évoluer au rythme des nouvelles attentes mais aussi des contraintes naissantes. Le "trio magique" aurait-il choisi la mauvaise voie ?
Il semble loin le temps où Jürgen Klopp venait d'être nommé entraîneur du Borussia Dortmund, amenant dans ses valises le Mainzer Subotic. C’était en 2008. Ou qu’un Sven Bender débarquait tout sourire de 2Liga en provenance de Munich 1860. Sans taire le travail du centre de formation local qui nous sortait un Sahin, un Schmelzer bientôt suivi d'un Götze. C’était aussi la période dorée des bonnes affaires : Piszczek récupéré du Hertha Berlin ou, bien entendu, l'illustre inconnu japonais Kagawa, devenu depuis un symbole de réussite et des "années folles".
Ces joueurs, tous très jeunes, avaient tout à prouver. Le groupe était à l’écoute d’un coach emblématique, les "Bubis du Kloppo" étaient à l’œuvre, ils allaient révolutionner la Bundesliga, y apporter une nouvelle fraicheur saluée par tous.
La stratégie a depuis changé du tout au tout. Si le centre de formation continue régulièrement à sortir d’excellents produits (Durm, Hofmann), le coût des achats, pour sa part, a bondi : à Reus et ses 17 millions dépensés en 2012, ont succédé Sokratis, Aubameyang, Mkhitaryan puis Immobile, Ramos, Ginter, Kampl, sans oublier les retours définitifs de Kagawa et Sahin. Soit plus de 50 millions d’euros déboursés l’exercice passé, près de 70 million d’euros cette saison.
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Jürgen Klopp

Crédit: AFP

Strunz : "le climat dans le vestiaire affaiblit le BVB"

L’ancien international allemand Thomas Strunz a fini ce week-end par mettre les pieds dans le plat en regrettant que tout le monde donne son avis dans le vestiaire. Depuis 2011, certains joueurs sont devenus champions d’Allemagne, ont remporté la coupe nationale, ont disputé la finale européenne en 2013 à Wembley contre le Bayern Munich, et certains sont même devenus champions du monde en 2014. Nous avons, aujourd’hui, des professionnels aguerris, soucieux de gérer au mieux leur carrière respective. On est bien loin des débuts de Klopp en 2008.
Les leaders déclarés ou désignés ne manquent pas, au détriment d’une hiérarchie qui semble réduite à peau de chagrin, s'incarnant peu ou plus. Beaucoup de joueurs déçoivent : Mkhitaryan, "l’Özil arménien", ne met pas un pied devant l’autre. Devant le but adverse, Immobile est un fantôme qui arrose. Les blessures ou les longues absences pénalisent Gündogan ou Reus, les seuls potentiels légitimes avec Hummels. Pire, Sahin ou Kagawa n’ont jamais retrouvé leur niveau d’avant leur départ à l’étranger, respectivement au Real Madrid et à Manchester United. Même l’emblématique portier Weidenfeller a été titillé par l’Australien Langerak. Les garnements ne se sont pas vus vieillir et ils renâclent à faire l’effort pour l’autre. On aimait leur extraordinaire inventivité, on découvre les méfaits de l’embourgeoisement.

Cet été, les grandes manœuvres

Au-delà de la prolongation de Marco Reus, qui, selon moi, représente essentiellement un succès d’estime du Borussia Dortmund, rien ne prouve que le joueur restera longtemps et deviendra l’icône totémique du club. Ce que je constate, c'est que la direction a marqué, enfin, des points, et a repris la main. Les clauses de départ n’existeront plus à l’avenir dans les contrats signés, ce qui ne signifie nullement qu’elles ne seront pas autorisées verbalement. La prise de conscience des erreurs stratégiques semble de mise, Gündogan doit prolonger ou partir, la patience envers Immobile et Ramos a ses limites.
Weidenfeller, Schmelzer, Grosskreutz et Subotic ne sont plus forcément en odeur de sainteté. Quant à Mkhitaryan, son futur s’écrit en morse. Même l’"intouchable" Jürgen Klopp pourrait voir son avenir s’assombrir dans la Ruhr s’il n’arrive pas à inverser la tendance actuelle. Des noms circulent déjà pour le remplacer au cas où. Par contre, le profil recherché est le même : ce doit être un formateur dans l’âme. Un signe qui ne trompe pas quant aux nouveaux desseins de Watzke ! Un retour aux fondamentaux.
Il est quasiment acquis qu’une véritable restructuration se prépare et personne ne semble à l’abri. L’absence de participation à la prochaine Ligue des champions, comprenez des euros qui en découleront, va grever le budget. Que vont devenir les joueurs prêtés Hofmann, Leitner et Ducksch ? Que fera le club des cas Bittencourt (Hanovre) et Günter (Galatasaray) dont les contrats stipulent des clauses de rachat ? Cinq exemples qui sentent bon l’ancienne politique du BVB, des pratiques qui gardent apparemment des vestiges dans les bureaux décisionnels.
Clin d’œil du destin, le Borussia Dortmund rencontre Mainz 05 vendredi soir en ouverture de la 21e journée de Bundesliga, le club visiteur qui aura justement révélé un certain Jürgen Klopp au public allemand. Comme si tout pouvait recommencer, qu’un nouveau cycle pouvait débuter… avec Marco Reus ? "Dont le contrat est éligible en seconde division", dixit le président Watzke. On ne rigole pas.
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