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Borussia Dortmund, les raisons du fléchissement

David Lortholary

Mis à jour 04/11/2017 à 15:33 GMT+1

BUNDESLIGA - Euphorique cet été dans la foulée de l'arrivée de son nouvel entraîneur, le Borussia Dortmund a brutalement décliné à l'approche de l'automne. En l'absence de réforme de son système de jeu et dans l'attente d'un groupe au complet, les Jaune et Noir sont à l'arrêt, et la venue du Bayern se profile ce samedi.

Pierre-Emerick Aubameyang (Borussia Dortmund)

Crédit: Getty Images

Ce soir-là, il a renoncé à ses habitudes. Peter Bosz n'a pas eu la force de sortir son ordinateur portable pour revoir le match qu'il venait de vivre sur son banc, ainsi qu'il le fait pourtant régulièrement. Pour l'entraîneur du Borussia Dortmund, assommé 4-2 par les promus d'Hanovre, la déception était trop grande et l'accumulation, bien que récente, des mauvais résultats sans doute un peu pesante. En deux semaines, les deux dernières d'octobre, le BvB venait de voir s'éteindre deux immenses lueurs.
Celle du leadership en Bundesliga, avant Hanovre, une défaite 2-3 à domicile contre le RB Leipzig puis un nul 2-2 chez un Francfort tout sauf effrayant avaient lacéré le matelas de cinq points d'avance accumulés précédemment sur le Bayern. Puis celle d'une qualification pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions par la faute d'un piteux 1-1 à Nicosie contre l'Apoel. Une nette tendance au fléchissement confirmée le 1er novembre, lorsque les Chypriotes venaient refaire le coup du nul, cette fois-ci dans la Ruhr, par la grâce d'un scénario aussi grossier qu'implacable : trente frappes au but pour Dortmund, contre une demi-occasion pour les visiteurs, 1-1 à l'arrivée. Extrême, voire absurde.
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Un Klassiker qui s'annonce bouillant

"Mon but, c'est d'enthousiasmer"

L'époque pourtant récente – c'était au début de l'automne – où le Borussia pulvérisait sur son passage effréné à peu près tous les obstacles semble bien loin. Ribambelle de buts inscrits – 5 contre Cologne, 3 contre Berlin, 3 contre Wolfsburg, 3 contre Hambourg, 6 contre Mönchengladbach – et peu de buts encaissés, le BvB surfait allègrement sur une vague de fraîcheur offensive personnalisée par son nouvel entraîneur, le Néerlandais Peter Bosz, débarqué cet été de l'Ajax Amsterdam. Porté par l'intégration express de l'attaquant ukrainien Andrei Yarmolenko et la réussite toujours un peu surnaturelle du buteur gabonais Pierre-Emerick Aubameyang, le 4-3-3 de gala faisait le bonheur des supporters jaunes et noirs et offrait déjà aux tenants d'un suspense retrouvé en Bundesliga de quoi se lécher les babines après l'inédite série de 5 titres consécutifs glanés par le Bayern. Cette euphorie a depuis été douchée, et les alertes continentales contre Tottenham puis le Real Madrid – défaite 1-3 à chaque fois – en esquissaient l'augure.
Sous la plume des éditorialistes, y compris ceux de la grande presse généraliste, les analyses n'ont pas tardé. Peter Bosz serait un idéaliste. Un idéologue. Remettre en cause son sacro-saint système offensif ne serait pas une option dans son logiciel. L'offensive à outrance fonctionne peut-être aux Pays-Bas mais, en Allemagne, ce serait un peu plus compliqué. Et sur la scène européenne, n'en parlons pas : les fulgurances anglaises et espagnoles ont puni sans attendre la témérité de Borussen aussi généreux que naïfs. Le reproche n'est pas nécessairement infondé. S'il effectue un travail de pro – il a à ce propos longuement expliqué le penchant ultra-offensif de sa tactique dans l'hebdomadaire Sport Bild de cette semaine – Bosz n'en est pas moins en peine de développer un plan B. Pire, sa philosophie semble lui interdire cette idée. "Mon but, c'est d'enthousiasmer nos supporters en pratiquant un beau football“, formule-t-il en bon admirateur de Cruijff et de Guardiola qu'il est. Ou encore : "Même contre le Bayern, nous ne garerons pas notre bus devant le but. Ce n'est pas notre façon de faire.
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Borussia Dortmund nach dem Spiel gegen Nikosia

Crédit: Getty Images

Le Néerlandais de 53 ans n'est pourtant pas sans réagir. Le lendemain matin de la claque reçue par Hanovre, il a réuni ses joueurs à vocation défensive, gardien compris, pour une explication de texte entre quatre murs assortie d'une séance vidéo visant à constater et à corriger les erreurs colossales commises ces derniers temps dans ce secteur. La réponse la plus communément admise pour expliquer les déroutes et déceptions récentes ? Le manque d'engagement. Du directeur sportif aux joueurs, le discours en ce sens est largement partagé. Sa pertinence n'en est pas moins douteuse. Certes, Tottenham, notamment, a renversé les Schwarzgelben comme des quilles. Pourtant, vouloir faire d'artistes comme Mario Götze ou Shinji Kagawa des golgoths de commando apparaît hors sujet. La délicieuse passe décisive du second pour l'ouverture du score contre Nicosie au retour est un indice en ce sens, tout comme la qualité technique du premier.

"0% de doutes sur l'entraîneur"

Certaines circonstances a priori étrangères aux décisions de l'entraîneur épaississent la misère du moment : parmi elles, le fait que le meilleur joueur de l'effectif, Marco Reus, soit absent de longue durée et ne puisse réapparaître avant le mois de janvier ; ou encore les infortunes répétées de Roman Bürki, le gardien international suisse, à un poste très exposé. Mais les défaillances sont aussi collectives qu'individuelles. Le Borussia a perdu son esprit, sa vitesse, sa fluidité, sa profondeur, sa capacité à performer, en un mot sa boussole. Parmi les éléments pouvant lui permettre de la retrouver, deux jeunes joueurs garants d'un certain équilibre sur le terrain : Julian Weigl et Raphaël Guerreiro, tous deux de retour à l'issue de leur convalescence. Leur influence est évidente, le premier par son volume de jeu et sa sérénité dans la récupération comme dans l'organisation, le second par sa polyvalence, sa technique et sa capacité à bonifier les prestations de ses coéquipiers.
Pour les aider à stabiliser son équipe, le technicien néerlandais est appelé par toute une ville, toute une région, et plus largement des centaines de milliers de sympathisants, à réfléchir à un "Doppelsechs“ (le double six, soit la présence en duo de deux milieux défensifs classiques) et donc à casser le système à trois de son milieu de terrain. En attendant cette révolution, la confiance affichée en public par les joueurs à leur entraîneur est totale. "0,0% de doutes“ à ce sujet, selon le milieu de terrain turc Nuri Sahin. Qui avoue cependant que le Borussia „ne traverse pas sa meilleure phase, et il faut en sortir tous ensemble“. Et de réclamer, tel La Palisse, des victoires en guise d'antidote aux maux du moment. Y compris contre le Bayern, ce samedi : „Cela remettrait beaucoup de choses d'aplomb“, avance Sahin. Et pas seulement le fait, symbolique à ce stade de l'exercice, de reprendre le leadership de la Bundesliga.
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