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Mönchengladbach, un géant passe à l'action

David Lortholary

Mis à jour 22/11/2019 à 18:46 GMT+1

BUNDESLIGA - Ensommeillé depuis ses succès des années 1970, Mönchengladbach s'est réveillé avec vigueur, cette saison, sous l'impulsion de son nouvel entraîneur Marco Rose. Leader du championnat pour la première fois depuis près de dix ans, il garde les pieds sur Terre mais se donne, méthodiquement, les moyens de créer une sensation.

Marcus Thuram and Alassane Plea of Borussia Moenchengladbach

Crédit: Getty Images

"J'aimerais bien faire partie d'une telle équipe." L'aveu de Rainer Bonhof, icône de Mönchengladbach, quadruple champion d'Allemagne avec le club en 1971, 1975, 1976 et 1977, est frappant. "La façon dont joue l'équipe est hyper attractive et je me réjouis à chaque match", s'enthousiasme le vice-président des Poulains, ainsi qu'on surnomme les joueurs du club rhénan. "Non seulement l'équipe pratique un beau football, mais en plus elle obtient des résultats", constate-t-il dans les colonnes de l'hebdomadaire Sport Bild. "Ça me fait extrêmement plaisir, et les joueurs sont enthousiastes aussi : ils s'identifient pleinement à la nouvelle idée de jeu."
Huit ans qu'ils attendaient de retrouver une place de leader. Quarante-deux ans qu'ils n'avaient pas pointé en tête du championnat trois journées d'affilée. C'était leur âge d'or, c'étaient les années 1970. L'euphorie, dans les travées du Borussia Park, dans la ville aussi, n'en est aujourd'hui que plus grande, portée entre autres par les succès dans les derbies (contre Cologne et Düsseldorf), par le talent des Pléa et autre Thuram, aussi.
À Mönchengladbach, les dirigeants n'en gardent pas moins la tête froide. Si tout ou presque leur réussit, cette saison et depuis quelques temps, ils tiennent à ne pas s'emballer. "On est au tiers de la saison, il va encore se passer beaucoup de choses", atténue Rainer Bonhof. "Gardons les pieds sur Terre, restons réalistes. Cette attitude nous a réussi par le passé." On ne s'étonnera pas, dès lors, d'entendre le champion du monde Matthias Ginter souffler : "Personne, dans le vestiaire, ne rêve de titre ou n'a commencé à planifier une fête à ce sujet... "
Il faut bien chercher, parmi les joueurs, pour entendre la musique de l'ambition devant un micro. Meilleur que jamais, extrêmement sollicité, devenu un pilier au cœur du jeu des Poulains, courtisé un peu partout en Europe, notamment à Arsenal – qui avait déjà sorti 45 M€ pour Granit Xhaka –, l'international suisse Denis Zakaria se prête au jeu : "Il y a beaucoup de qualité dans cette équipe", jure-t-il. "Cette saison, nous pouvons réussir quelque chose de grand."
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Borussia Mönchengladbach (Denis Zakaria)

Crédit: Getty Images

Max Eberl, l'architecte de la réussite

L'architecte de cette réussite ? Le directeur sportif Max Eberl, 46 ans, courtisé avec insistance en Allemagne, notamment par le Bayern. Eberl s'était courageusement décidé au printemps dernier pour un changement d'entraîneur, malgré une cinquième place et une qualification européenne obtenues, en fin d'exercice, par Dieter Hecking, parti depuis à Hambourg pour redresser le HSV. "Il ne s'agit pas de faire mieux ou moins bien, il s'agit de faire différemment", avait-il formulé. Changer quand ça gagne, pas simple. Mais Eberl souhaitait donner une impulsion nouvelle afin que son équipe pratique un autre football. Rose le lui a promis et tient parole. "L'équipe a pris conscience que ce que l'entraîneur et son staff ont mis en place fonctionnent", assène le placide quadragénaire.
Le chef d'orchestre de ce groupe plein d'appétit ? L'entraîneur Marco Rose, 43 ans, que le club a enrôlé l'été dernier moyennant 3 M€ au RB Salzbourg. "Il faut voir, à chaque entraînement, avec quelle méticulosité il s'attache aux moindres détails", s'exclame Rainer Bonhof, "et quelle émotion il peut susciter chez les joueurs. Les séances sont intenses, menées sur un rythme élevé, en un mot vivantes. De sorte que je ne suis pas surpris quand je vois l'équipe reproduire cela en match."
Avec Rose, les joueurs ont fait le plein de confiance et sont capables de renverser le cours d'un match, comme l'ont amèrement constaté, à deux reprises, leurs adversaires romains en Coupe d'Europe cet automne. Rejoints à l'aller sous le déluge de Rome sur un penalty de Stindl dans les derniers instants (1-1), les Giallorossi ont cédé, en toute fin de match là aussi, au retour en Allemagne (1-2). "Les joueurs ont acquis la conviction qu'ils pouvaient tourner les matches à leur avantage", confirme Bonhof. Atout évidemment non négligeable après l'accident de début de campagne (0-4 à domicile contre les Carinthiens de Wolfsberg). "Et puis l'équipe se rebelle plus qu'avant contre la défaite."
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Marco Rose, Trainer von Borussia Mönchengladbach.

Crédit: Getty Images

Marco Rose, le "winner"

Il faut dire que son entraîneur est abonné aux premières places : en deux ans à Salzbourg, il a occupé 51 fois le leadership du championnat sur 68 journées ! Et rebelote en Allemagne. À l'occasion de sa présentation, cet été, Rose a été qualifié de "winner" ; on comprend pourquoi... tel un enseignant en milieu scolaire, il a procédé par étape. Durant la préparation estivale, il s'est agi d'apprendre à mettre l'adversaire sous pression, le repousser loin dans son camp, lui causer du stress quand il a le ballon. Le 0-0 contre Schalke, à l'occasion de la 1e journée, en a été la démonstration éclatante, les deux équipes privant l'adversaire de toute possibilité de respirer et de développer du jeu.
Cet aspect maîtrisé, on a commencé à travailler la technique et le public s'y est aussitôt retrouvé. Le spectaculaire 5-1 contre Augsbourg a ainsi provoqué l'engouement. L'équipe sait ainsi basculer du spectaculaire au laborieux quand le besoin s'en fait sentir, comme à l'occasion de ce 2-2 arraché de haute lutte à Leverkusen en dépit de nombreux titulaires absents. "La façon dont les joueurs se sont jetés sur chaque ballon qui s'approchait de notre but m'a beaucoup plu", se souvient le directeur sportif. De fait, Gladbach peut s'enorgueillir de 214 duels disputés en moyenne cette saison en championnat, l'un des chiffres les plus élevés de Bundesliga, contre seulement 179 l'an passé, chiffre le plus bas des dix-huit clubs de l'élite. "À Leverkusen, c'était le 4e match consécutif à l'occasion duquel nous parcourions plus de 120 km, avec plus de 200 sprints au total", observe Rose. C'est ainsi qu'on transforme un 0-1 en 2-1 en fin de match contre le voisin de Düsseldorf...
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Kevin Volland von Bayer 04 Leverkusen und Nico Elvedi von Borussia Mönchengladbach

Crédit: Getty Images

Si la force mentale du groupe est flagrante, et bien à mettre au crédit du coach, le style, le même qu'à Salzbourg, est un atout aussi évident. Un football rapide, dynamique, agressif, droit au but mais flexible, souvent basé sur un 4-4-2 en losange. "La saison passée, nous jouions relativement bas et dans une position d'attente", décrypte un autre champion du monde, Christoph Kramer. Avec un pourcentage de possession plus élevé. "Là, nous jouons plus haut, ce qui demande évidemment plus d'intensité et de sprints. Ça convient bien à l'équipe. Ce travail a rapidement porté ses fruits, bien que l'évolution ne soit pas terminée."
Toutes les statistiques concernant la vitesse sont en hausse, comme les courses et les sprints à haute intensité. Gladbach est ainsi l'équipe la plus performante de Bundesliga en contre. Alors qu'elle n'avait inscrit que quatre buts de cette manière sur l'ensemble de la saison passée, elle en était déjà à trois au bout de sept journées, cet automne. Un changement permis par la tolérance du groupe aux nouveaux préceptes. "Je suis tombé sur une équipe très ouverte au changement", abonde Rose, qui a ainsi pu tenir les promesses sur la base desquelles il a été engagé. "Elle a rapidement évolué, et le processus est encore en cours."
Les jeunes talents comme Florian Neuhaus sont réceptifs : "On s'améliore de match en match", se réjouit le milieu offensif de 22 ans. "À l'entraînement, déjà, on sent que ça va de l'avant. Nous apprenons à répartir nos forces et nous avons assimilé le système tactique. On se projette vite et les occasions de marquer sont là." Marquer des buts... et les esprits.
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