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BUNDESLIGA - Leipzig - Bayern, concurrence déloyale et loi du plus fort

David Lortholary

Mis à jour 11/09/2021 à 14:53 GMT+2

BUNDESLIGA - Après ceux de Dortmund à l'époque Hummels-Lewandowski-Götze, et d'autres avant eux, c'est au tour des supporters du RB de se sentir dépouillés de leurs meilleurs éléments par le grand rival bavarois. Le Bayern se déplace ainsi à Leipzig, ce samedi soir (18h30), dans une ambiance explosive. Qui relève en partie de la mauvaise foi.

Julian Nagerlsmann et Marcel Sabitzer quand ils défendaient les couleurs de Leipzig

Crédit: Getty Images

On connaissait le refrain sur les joueurs, il se décline désormais jusqu'à l'entraîneur. Depuis qu'il domine son championnat national, le Bayern est accusé d'y faire main basse sur les meilleurs joueurs des équipes concurrentes, les affaiblissant et se renforçant parallèlement dans une spirale sans fin. Cet été, il a aggravé son cas en enrôlant l'entraîneur de son dauphin, le RB Leipzig, en la personne de Julian Nagelsmann, flanqué de trois adjoints Benjamin Glück, Xaver Zembrod et Dino Toppmöller et du psychologue de l'équipe, Maximilian Pelka. Ne se contentant plus des joueurs, il jette à présent son dévolu sur d'autres éminents acteurs du football. Ce qui est, finalement, assez logique, puisque les entraîneurs, les meilleurs en tout cas, ont aujourd'hui une valeur marchande inédite. On parle, dans le cas de Nagelsmann, de quelque 25 millions d'euros.
À l'approche du match au sommet, ce samedi soir, entre le vice-champion d'Allemagne 2021, le RB Leipzig, et le nonuple champion en titre, le FC Bayern, le serpent de mer en question a ressurgi avec éclat. Jusqu'ici, les plaintes émanaient surtout de la Ruhr et du rival Dortmund. Le Bayern s'était payé Mats Hummels, Robert Lewandowski ou Mario Götze, qui faisaient alors les beaux jours du Borussia. Cette année, le vent souffle surtout de Saxe, où Leipzig a vu partir, successivement, trois de ses meilleurs éléments vers la Bavière : l'arrière central français Dayot Upamecano, puis l'entraîneur, donc, et dernièrement le milieu polyvalent autrichien et capitaine Marcel Sabitzer.
Le coup est passé près aussi pour Konrad Laimer, approché par le Bayern mais finalement resté à Leipzig. Aussi bon enfant soit-il, le gentil public saxon restera-t-il sans réaction quand ses illustres anciens pénètreront sur la pelouse de la Red Bull Arena ? Nagelsmann a évoqué sa crainte à ce sujet. "J'ai un peu peur que les supporters de Leipzig m'accueillent d'une manière pas très amicale", a-t-il formulé d'une litote en amont de la rencontre. "Je peux néanmoins leur assurer qu'en deux ans au club, j'ai tout donné. J'espère que les sifflets se cantonneront à une petite minorité."
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Dayot Upamecano (l.) und Hasan Salihamidzic

Crédit: Getty Images

Nagelsmann peut s'attendre avec certitude à des sifflets
En 95 matches dirigés depuis le banc des “Roten Bullen”, il a atteint la finale de la Coupe d'Allemagne et la deuxième place de Bundesliga, bilan plus qu'honorable. Mais Jan Wieland, leader du fan club “Holy Bulls”, ne veut rien savoir. "Nagelsmann va avoir droit à un accueil peu agréable", a-t-il prophétisé dans les colonnes du quotidien Bild. "Chez les supporters, il y a un sentiment de déception parce qu'il avait dit qu'il n'emmènerait personne avec lui au Bayern. Or il y a bien quelques joueurs et dirigeants qui ont pris la direction de Munich. Certes, RB a reçu une somme d'argent décente en retour mais il peut s'attendre avec certitude à des sifflets parce que les supporters sont déçus."
Et pas qu'eux : Oliver Mintzlaff, directeur sportif du RB, a déclaré récemment ne pas avoir déploré un seul instant le départ de Nagelsmann. Ambiance... et pas de cérémonie d'adieux à attendre de la part de ce dernier dans un stade qui accueillera – record depuis le début de la crise sanitaire – 34000 personnes pour le match vedette du week-end.
Les Bavarois, de leur côté, sont désormais habitués au sempiternel reproche de l'assèchement de la concurrence nationale. À l'occasion de la récente trêve internationale, Thomas Müller s'est exprimé sur le sujet. Ménagé pour une alerte aux adducteurs, il s'est entraîné à Munich durant la semaine afin d'être apte pour le match du week-end. "Aucun club n'est obligé de vendre", a répliqué le trentenaire. "Regardez Paris avec Mbappé. Le Bayern, comme tout autre club, porte attention aux éléments de qualité qui entrent dans les limites de son budget. Les clubs qui nous menacent au classement au fil des années ont inévitablement un bon effectif de toute façon", a-t-il estimé. "Il est normal de lorgner ces clubs, dans son propre championnat, parce qu'on s'épargne ainsi d'éventuels soucis d'adaptation. Il y a toujours eu des transferts provoquant de vives discussions. Et c'est bien ainsi."
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Julian Nagelsmann et Kingsley Coman (Bayern Munich), le 17/08/2021, en Supercoupe d'Allemagne face au Borussia Dortmund

Crédit: Imago

Pire début de l'histoire de Leipzig en Bundesliga

C'est lui qui le dit. Car jamais, depuis sa promotion en Bundesliga, le RB Leipzig n'avait aussi mal débuté la saison. Trois points en trois matches, c'est le pire bilan de sa jeune histoire dans l'élite du football fédéral. Les “Roten Bullen” doivent s'adapter au style de leur nouvel entraîneur, l'Américain en provenance de Salzbourg Jesse Marsch. Intégrer, aussi, la recrue star André Silva en pointe. Dans le cas de Sabitzer, pointer son départ comme cause des cafouillages de début de saison serait en revanche de la mauvaise foi : avec Dominik Szoboszlai, Emil Forsberg, Dani Olmo et Christopher Nkunku, le club aux canettes énergétiques est largement armé, au milieu de terrain, pour menacer n'importe quel adversaire, y compris les deux qui arrivent, à savoir le Bayern et Manchester City. Mieux : c'est lui qui a poussé au départ de Sabitzer, craignant que celui-ci ne renâcle à un rôle de remplaçant ou de joueur de rotation.
Oliver Mintzlaff, d'ailleurs, n'est pas dupe et fait contre mauvaise fortune bon cœur, bien conscient du business qu'est le football professionnel, comme l'est Hans-Joachim Watzke à Dortmund. "Notre effectif actuel, à Leipzig, n'est pas inexistant. Les entraîneurs et les joueurs qui se trouvent chez nous sont tout aussi compétents et compétitifs que ceux qui sont partis. Le Bayern ne nous a pas dépouillés, d'autant moins que dans le cas des transferts de Julian Nagelsmann et de Marcel Sabitzer, nous avons donné notre accord."
Le dernier cité est parti vers le sud moyennant 15 M€, une somme raisonnable pour les deux parties en temps de pandémie. Cependant, estime l'éditorialiste Steffen Meyer, "pour le suspense en Bundesliga, ce n'est absolument pas un bon signal que le champion se renforce au détriment de son dauphin ".
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Bereit zum Angriff beim FC Bayern: Marcel Sabitzer

Crédit: Getty Images

Nous ne forçons personne à venir au Bayern
Cette année, pourtant, la critique en direction du Bayern ne s'entend que mezzo voce. Le transfert de Sabitzer, en particulier, n'a guère provoqué de vent de révolte au-delà de la Red Bull Arena. Cette résignation est plutôt inédite pour qui se souvient qu'avant Dortmund, les Bavarois avaient semblablement puisé au Werder (Valérien Ismaël, Tim Borowski, Miroslav Klose) ou à Leverkusen (Robert Kovac, Zé Roberto, Michael Ballack, Lucio), s'attirant du même coup les foudres des supporters des clubs ainsi sportivement affaiblis. Mais le RB Leipzig, lui, ne bénéficie d'aucun lobbying et l'Allemagne du football, de manière générale – médias compris –, ne l'apprécie guère, le considérant comme l'archétype du club commercial.
Le Bayern, lui, aurait tort de passer à côté des possibilités qui s'offrent à lui. Nagelsmann, Upamecano et Sabitzer étaient accessibles. "Nous essayons toujours de renforcer notre équipe via des recrues ciblées. C'est ce que nous avons fait", a justifié le directeur sportif du Bayern Hasan Salihamidzic. "Nous avons toujours une idée claire des joueurs et des entraîneurs que nous trouvons bons", a renchéri le président Oliver Kahn. "Si une occasion se présente, nous essayons toujours de la concrétiser. Ça n'a rien à voir avec le fait d'affaiblir un adversaire. Nous ne forçons personne à venir au Bayern ; nous sommes simplement un club attractif et cela attire joueurs et entraîneurs vers nous." Et entretient le clivage le plus célèbre du football allemand : être soit supporter du Bayern, soit farouchement anti-bavarois. Avec, dans tous les cas, une petite dose de mauvaise foi.
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