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Mohamed Simakan : "A Leipzig, on est dans un autre monde : c'est vraiment 'la bulle Red Bull'"

Fabien Esvan

Mis à jour 15/12/2021 à 17:48 GMT+1

BUNDESLIGA - Il est l'un des derniers Français à avoir franchi le Rhin. Et avec succès jusqu'à présent. A 21 ans, Mohamed Simakan est l'une des révélations de ce début de saison en Bundesliga et ce, malgré les performances inégales du RB Leipzig. Appelé à remplacer Dayot Upamecano et Ibrahima Konaté, l'ancien Strasbourgeois poursuit sa belle ascension en Allemagne. Entretien.

"Référence tactique", sacré caractère et rôle hybride : Rangnick, ça peut être explosif !

Le nouveau patron de la défense de Leipzig, c'est lui. Déjà plein de promesses en Ligue 1, Mohamed Simakan a bel et bien pris son envol du côté du RB Leipzig. Courtisé par les plus grands clubs européens lors du dernier mercato hivernal il y a un an, le natif de Marseille avait finalement opté pour le club de l'est de l'Allemagne et son contingent de jeunes promesses du football mondial. Pari gagnant.
Car si le début de saison des Rotenbullen est à ranger parmi les déceptions, le joueur formé au RC Strasbourg est l'un des rares à sortir la tête de l'eau, dans la continuité de ses belles premières saisons professionnelles en Alsace. Pour Eurosport, le défenseur revient sur ses premiers mois en Allemagne, ses ambitions et son changement de dimension.
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Mohamed Simakan lors de son premier match de Bundesliga avec le RB Leipzig, contre le VfB Stuttgart, en août 2021.

Crédit: Getty Images

Vous avez été victime du Covid : comment se passe votre retour après cette période d'indisponibilité ?
Mohamed Simakan : Je suis revenu depuis trois matches et ça va super bien. Je reprends du rythme petit à petit. Bien sûr, c’est une période un peu délicate, mais c’est passé comme un petit rhume pour moi parce que j’étais vacciné. J’avais aussi de quoi m’entretenir à la maison pendant cette période. Je suis très heureux de revenir dans le groupe avec l’équipe.
Comment se sont passés ces premiers mois à Leipzig ?
M.S : Franchement ça se passe super bien. Mon intégration a été super bonne. Après, côté résultats, c’est un peu plus compliqué et ça on le sait. Mais sur le plan personnel, je suis super content, on m’a très bien accueilli. Avec les Français, ça a été très facile et en plus tous les joueurs parlent anglais, donc c’est idéal. Le fait d'avoir été bien intégré, ça s’est ressenti dans mes performances. Dès le début, elles ont été plutôt bonnes.
Est-ce que le fait que le club fasse beaucoup confiance aux jeunes a pesé dans votre décision de rejoindre le RBL ?
M.S : C’est vrai que ça a pesé dans ma décision. C’est un club qui donne la chance aux jeunes, qui forme, qui les met en pleine lumière et qui montre au monde entier leur potentiel. Il y a eu beaucoup d’exemples de joueurs passés par ici, et notamment des Français, qui ont explosé. En venant ici, ils ont pu aller chercher encore plus haut. Quand on m’a dit que Leipzig était là et suivait mes performances, ça a fait "tilt" dans ma tête. Je me suis dit que c’était quelque chose de beau.
Pendant le dernier mercato hivernal, vous étiez suivi par des nombreux clubs et notamment le Milan où Maldini vous adorait. Pourquoi avoir choisi Leipzig ?
M.S : Le mercato a été super long et très difficile. Je pense que c’est une question de destin. Chacun a sa bonne étoile. À partir du moment où il y a eu ma blessure, il y a des clubs qui sont restés et d’autres qui ont hésité voire sont partis. Leipzig n’a pas réfléchi et les dirigeants m’ont proposé quelque chose de vraiment très intéressant dès le début. Surtout, je suis vraiment très reconnaissant envers ce club car leur confiance est restée intacte, que je sois blessé ou non. Ils ont toujours été là.
Votre représentant parlait d'environnement idéal pour la suite de votre carrière…
M.S : Je suis vraiment d’accord sur ça. Leipzig c’est un coin calme, il y a un côté assez jovial chez les gens. Ici tout le monde aime le club. C’est un peu un club familial. Je suis quelqu’un qui me donne à fond, qui est rugueux et quand on gagne, j’aime bien célébrer avec les supporters. Moi-même, j’ai été un supporter et j’en suis toujours un. J’aime le sport, j’aime la vie, j’aime nos supporters. C’est important de leur rendre l’amour qu’ils nous donnent. C’est une ambiance qui colle avec mon caractère.
Vous avez connu la chaleur de la Meinau juste avant. Vous n'êtes pas trop dépaysé en termes d’ambiance en Allemagne…
M.S : Exactement (rires). Je suis parti de Marseille, je suis monté plus au nord et là encore au nord. A chaque fois, c’était quelque chose !
Avez-vous eu l'occasion d'échanger avec Julian Nagelsmann lors de votre signature et avant son départ pour le Bayern ?
M.S : Oui, j’ai eu quelques discussions avec lui avant mon arrivée ici. Il m’a fait part de ce qu’il attendait de moi, de ce qu’il pensait de moi, et franchement c’est une bonne personne avec une bonne "vibe". Il a vraiment une joie de vivre. Quand on m'a dit que j’allais avoir une discussion avec le coach, je me suis dit que c’était assez costaud quand même, et il m'a directement mis à l’aise, on a pu rigoler et avoir de bonnes discussions.
D’où vient ce côté hargneux, mort de faim, dès que vous posez le pied sur le terrain ?
M.S : Il y a deux Mohamed : celui que beaucoup de personnes connaissent, le rigolo, tout le temps souriant, et il y a le Mohamed pendant un match. Dès que l’arbitre donne le coup de sifflet, je suis à cent pour cent dans mon match. Je dirais que c’est tout l’amour que j'ai pour le foot qui rejaillit. Je remercie Dieu chaque jour pour ce qui m’arrive. Là, je joue en Ligue des champions, avec la petite musique et ce sont des moments vraiment exceptionnels, il faut vivre ça à fond. Je ne suis pas quelqu’un qui sait retenir ses émotions sur le terrain, donc je suis concentré au maximum. Toutes les émotions qui me passent dans le corps, je les extériorise. C’est avec cette hargne que j’arrive à avancer tous les jours.
Vous avez largement "boosté" vos statistiques sur ce début de saison : tacles réussis, interceptions, duels gagnés, jeu aérien ou encore dans la passe. Pari réussi pour l'instant donc depuis votre arrivée ?
M.S : Oui j’ai pu progresser, ça c’est sûr. Après, je gagne en âge, en maturité, ce n’est plus ma première saison en professionnel. Je pense que j’ai fait beaucoup de progrès aussi car on m’a donné beaucoup de confiance depuis mon arrivée à Leipzig. Le maximum que je peux faire, c’est de rendre la confiance encore plus. C’est très important de réfléchir comme ça.
Le jeu de Leipzig basé sur un gros pressing, une occupation des espaces, beaucoup de verticalité : c'est idéal pour exploiter votre potentiel ?
M.S : Bien sûr, c’est idéal pour moi. L’un de mes points forts, c’est le duel en un contre un. Harceler l’adversaire, le mettre sous pression, être dans un pressing constant : je m’y retrouve ici. Ce n'est pas parce qu’on est défenseur qu’on doit rester derrière. C’est ça la force de la Bundesliga. C’est vraiment du box-to-box. C’est à haute intensité et c’est quelque chose que je privilégie dans mon jeu. C’est quelque chose que je développe de plus en plus et j’espère qu’un jour ça s’approchera de la perfection.
Est-ce que vous avez la sensation d'être dans un club à part, à Leipzig ?
M.S : Je ne connaissais pas trop les clubs allemands, mais comparé à la France c’est clair que ça n’a rien à voir. Là on est dans un autre monde, c’est vraiment "la bulle RBL". Et c’est assez exceptionnel. Je l’avais déjà vu en vidéo avant d’arriver ici, mais quand je suis arrivé et que j’ai pu commencer à m’entraîner et à utiliser toutes les machines, voir toutes les statistiques d’entraînements et de matches, utiliser encore plus la vidéo… C’est l’ADN RBL. C’est ce que le président, le staff essaient d’insuffler pour qu’on se sente le mieux possible. On est vraiment dans les meilleures conditions.
Il y a des machines, quand je les ai vues pour la première fois, je me suis dit ‘ah ouais, quand même…'
Le club met le paquet dans les nouvelles technologies, dans la continuité de Rangnick et Nagelsmann. Est-ce qu’il y a des choses qui vous ont surpris ou qui sortent du commun ?
M.S : Entre Strasbourg et Leipzig, c’est sûr qu’il y a une progression. Il y a des machines que j’ai découvertes et qu’on n’avait pas à Strasbourg. Quand je les ai vues pour la première fois, je me suis dit ‘ah ouais, quand même’...
Quel genre ?
M.S : Il y a une salle où on est à peu près dans le noir et il y a un programme qui diffuse des points un peu partout dans la salle pour travailler notre réaction et rester attentif de partout. Quand tu es au milieu et que tu dois regarder à droite à gauche, c’est assez compliqué. Mais si tu arrives à t’adapter à ça et à le faire en moins de temps possible, tu le vois sur le terrain car tu es plus réactif notamment pour voir un appel de balle.
Upamecano, Konaté, Nkunku, Mukiele et donc vous : vous vous êtes tous tournés vers le RBL. Pourquoi est-ce si attractif comme environnement ?
M.S : Déjà, quand on voit le championnat allemand, c’est attractif. Et en plus quand on voit des jeunes français qui arrivent à s'adapter et à exploser, évidemment, ça donne envie. Quand on est professionnel, on cherche le meilleur moyen d’atteindre le plus haut niveau. À Leipzig, qu’on soit français, hollandais ou peu importe, n’importe quel jeune arrive à jouer. Si tu arrives avec un potentiel et que tu es là pour travailler, pour apprendre et pour monter le plus haut possible, c’est un environnement qui est très sain. Le fait de voir des Français qui réussissent, ça rassure et nous aussi, on a envie d’y goûter et de voir ce que ça peut donner pour nous.
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Mohamed Simakan et Christopher Nkunku après l'ouverture du score de ce dernier face au Paris Saint-Germain en Ligue des Champions, en novembre 2021.

Crédit: Getty Images

Comment avez-vous vécu ce passage de la Ligue 1 à la Bundesliga ?
M.S : C’est vraiment différent. Je trouve que chaque pays a son point fort. La Ligue 1, c’est assez tactique et technique. En Allemagne, ça va très vite, c'est box-to-box. Par exemple en Ligue 1, si le PSG joue contre l’un des derniers, on sait que ça va jouer en bloc bas et en contre-attaque. En Bundesliga, personne n’a peur de se découvrir.
Tu peux jouer contre le dernier et il va quand même te mettre un pressing… comme si c’était le premier du championnat
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans ce championnat pour l'instant ?
M.S : (Il réfléchit) Je pense vraiment que tu peux jouer contre le dernier et il va quand même te mettre un pressing… comme si c’était le premier du championnat ! C’est quelque chose de rare. Quand j’étais à Strasbourg, il y avait vraiment des tactiques spéciales contre le PSG pour jouer en bloc bas et partir en contre-attaque. Ici, c’est du combat mutuel, du pressing haut, ils n’ont pas peur de se découvrir. En contre-attaque ça part très vite. Il y a des matches où tu peux finir à onze ou douze kilomètres, alors qu’en Ligue 1, tu en faisais huit ou neuf.
Vous avez croisé la route d'un certain Lewandowski cette année. Comment s'est passé votre duel ?
M.S : C’est quelqu’un qu’on respecte avec tout ce qu’il a pu faire et engranger comme titres. C’est un joueur qui peut être décisif à tout moment. C’était un duel assez costaud, j’ai dû rester vigilant tout le match pour ne pas faire d’erreur, pour ne pas qu’il puisse aller au but ou ne serait-ce qu’il reçoive un ballon dans la surface de réparation. C’est pour ces matches-là qu’on joue.
Vous avez connu un début de saison compliqué avec un changement d'entraîneur, des performances en dents de scie : comment l'analysez-vous ?
M.S : C’est un début de saison mitigé parce qu’on a eu des performances assez bonnes et d'autres horribles aussi, il ne faut pas se mentir. Comme cette année il y a eu beaucoup de transferts, avec beaucoup d'arrivées et de départs, il faut que la sauce prenne et que la confiance revienne. Une équipe, ça ne se forme pas du jour au lendemain et il faut un temps d’adaptation pour chacun. Il faut que chacun prenne ses repères de son côté et puis ça va venir. La deuxième partie de saison, ce sera autre chose.
Quelles sont vos premières impressions de Domenico Tedesco (ndlr, l'ancien entraîneur de Schalke a été nommé à la tête du club le 9 décembre dernier) ?
M.S : C’est une personne qui a de bons projets en tête, il sait ce qu’il veut dans le jeu. C'est quelqu’un de sympa, tu le vois direct en discutant avec lui. C’est un coach qui va pouvoir nous pousser dans nos derniers retranchements pour pouvoir passer un cap en championnat, en Ligue Europa et en coupe d'Allemagne.
Le match contre City, c'était vraiment l'âme du club qui était sur le terrain
La victoire contre City en Ligue des Champions, c'est forcément un bon tremplin/déclic pour relancer la machine ?
M.S : Ça peut servir de déclic. Pendant ce match, c’était l’âme du club qui était sur le terrain. Ce qu'on a montré, c'est vraiment ce que le club propose en termes de jeu. On a moins dégagé, on a joué au ballon et on a vu comme ça a pu nous apporter des occasions. Ce sont des choses qu’il va falloir retenir pour les prochains matches.
Votre coéquipier Christopher Nkunku réalise un début de saison XXL. Est-ce que vous pouvez nous en dire quelques mots ?
M.S : C’est quelqu’un d’assez cool dans la vie en général, de rigolo, autant que moi (rires). C’est important d’avoir des gens comme ça dans l’équipe. Il donne de bons conseils. C’est l’un des plus anciens ici et puis sur le terrain il joue son rôle de leader. Tout ce qu’il fait, c’est le travail qui paye. On savait qu’il avait déjà ça dans les jambes et c’est aujourd’hui qu’il s’affirme et qu’il arrive à prendre le leadership de l’attaque. On a vraiment besoin de lui.
Est-ce que ça vous surprend qu'il n'ait pas encore été appelé avec les Bleus ?
M.S : Franchement, ça me surprend. On sait qu’il y a beaucoup de monde chez les Bleus, mais ça me surprend car il a vraiment fait un bon début de saison. Il a cartonné, mais on sait que les choix ne sont pas évidents en équipe de France. Il y a beaucoup de profils, des joueurs de classe mondiale à tous les postes. Ça va arriver forcément. Le coach Deschamps a parlé de lui et avoir son nom qui sort de la bouche du sélectionneur, c’est bon signe.
Vous avez connu les Bleus chez les U20, mais pas encore les Espoirs ou les A. Est-ce que vous pensez à l'équipe de France pour l'avenir ou… à la Guinée ?
M.S : Vraiment, je ne vais pas me cacher, je n’ai pris aucune décision. La priorité c’est le club. Je suis assez jeune, j’ai le temps. Je ne suis pas pressé du tout. On verra ça dans le futur et quand ce sera l'heure, on entamera vraiment les discussions et on verra où ça me mènera.
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