Bayern Munich - Borussia Dortmund I Tous les regards sur Tuchel : Le temps fort du week-end, c'est le Klassiker

Le hasard du calendrier fait bien les choses. Ceux qui ont rongé leur frein pendant la trêve internationale en attendant le retour des championnats vont être servis. Ce premier week-end de la dernière ligne droite propose de sacrées affiches. Un choc entre Manchester City et Liverpool en Angleterre. Un autre entre le PSG et Lyon en France. Un troisième entre Naples et l'AC Milan en Italie. Il y a de quoi ne plus savoir où donner de la tête. Pourtant, c'est l'Allemagne qui attirera tous les regards. Son Klassiker vaut traditionnellement le détour, mais passe parfois au second plan. Pas cette fois.

Ce Bayern - Dortmund est différent. Il avait déjà fière allure au regard du classement du championnat allemand. Mais il a encore pris une autre dimension après le séisme qui a frappé la Bavière durant la trêve internationale. Personne n'avait vu venir le départ de Julian Nagelsmann, lui en tête. Mais tout le monde trépigne d'impatience pour la première de Thomas Tuchel, son remplaçant. Surtout face au club où il s'est révélé avant de conduire le PSG en finale de la Ligue des champions, puis de la gagner avec Chelsea.

Le début du scénario est remarquablement ficelé, avec un acteur principal de retour au pays après ses succès européens. La question de son premier onze brûle déjà toutes les lèvres. "Oui, c'est en effet la grande question, confirme Florian Bogner, journaliste pour la rédaction allemande d'Eurosport. Il n'a eu qu'une véritable séance d'entraînement, c'est peu pour procéder à d'importants changements tactiques. Mais de façon certaine, il a environ 18 titulaires en puissance dans son effectif, et il a déjà dit en conférence de presse que certains joueurs ne seront pas contents de lui jusqu'à la fin de la saison."

Le ton est donné, même si ceux qui attendent une véritable révolution dans l'équipe de départ du Bayern pourraient bien rester sur leur faim. "Nagelsmann préférait un système à trois défenseurs centraux ces derniers mois, et Tuchel privilégiait ce type de schéma à Chelsea, rappelle Florian Bogner. Donc il n'y aura peut-être pas tant de changements que ça dans l'équipe pour son premier match." Mais quels que soient ses choix, Tuchel sait déjà qu'ils seront disséqués, commentés, analysés, critiqués… Même si c'est une première, elle vient à une période trop cruciale de la saison pour que cette pression-là lui soit épargnée.

Elle ne sera pas que sur les épaules du nouvel entraîneur bavarois. Sa direction est aussi attendue au tournant après cette révolution au timing surprenant. Mais le coach est toujours le premier visé. "Tuchel ne sera évidemment pas remercié s'il perd contre Dortmund et City (en Ligue des champions), mais il aura déjà entamé son crédit si ça arrive, avance Florian Bogner. Les fans du Bayern sont restés perplexes devant l'éviction de Nagelsmann, ils ont le sentiment que le Bayern a appuyé sur le 'panic button'. Donc, si Tuchel n'a pas de résultat sur ces matches très importants, il vivra des jours inconfortables et il aura du mal à rallier les fans à sa cause."

Dortmund ne se fera pas prier pour infliger ça à celui qui a été son coach entre 2015 et 2017. Le Borussia a des arguments dans cette optique. Il réalise un parcours phénoménal en championnat en 2023 avec 9 victoires et 1 nul en 10 matches, enfile les buts comme des perles (30 sur cette période) et dispose d'un argument redoutable en attaque depuis le retour de Sébastien Haller. La question est surtout de savoir s'il saura rivaliser avec le Bayern au milieu. "L'entraîneur Edin Terzic a fait un superbe ajustement en installant Raphaël Guerreiro dans l'axe de l'entrejeu avec Emre Can et Jude Bellingham, pour donner un peu de vitesse", souligne Florian Bogner.

Suffisant pour mettre fin à la malédiction face au Bayern et casser la suprématie bavaroise ? L'Allemagne en doute encore. Mais elle est impatiente de voir ça. "Il y a un engouement exceptionnel autour de ce match, mais si la grande majorité pense que le Bayern va encore gagner, explique Florian Bogner. Il reste sur huit victoires consécutives à domicile contre le Borussia, avec un total de 33 buts marqués. Mais quand même. Avoir une course au titre aussi ouverte début avril n'est pas commun en Bundesliga sur la dernière décennie, et c'est grandement apprécié par les fans."

C'est tout le sel qui donne un intérêt supérieur à ce Klassiker. Il ne s'agit pas de dénigrer les autres affiches européennes du week-end. City – Liverpool a moins de saveur tant les Reds sont méconnaissables cette saison. Lyon est sorti depuis trop longtemps du haut du panier en L1 pour que son rendez-vous avec le PSG soit aussi attendu que par le passé. Naples a trop d'avance en Serie A pour que le choc face à l'AC Milan soit réellement considéré comme un sommet. Il n'y a qu'un point d'écart entre ce Borussia prêt à renverser l'ordre établi et ce Bayern tout chamboulé durant la trêve. S'il y a un match à ne pas rater, c'est bien du côté de Munich qu'il faudra regarder.