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BUNDESLIGA - Bayern - Dortmund, un chassé-croisé d'illusions

David Lortholary

Mis à jour 03/08/2022 à 16:57 GMT+2

BUNDESLIGA - Avec le RB Leipzig en arbitre, Dortmund et le Bayern sont une fois encore les favoris pour le titre en Bundesliga. Mais si le Borussia s'est montré très actif, ces dernières semaines, pour se réformer et recruter, l'ogre bavarois demeure inexorablement la mesure de toutes choses à la veille de la reprise de la Bundesliga. Et ce, même s'il a lui aussi dû se renouveler.

"Les supporters de Dortmund commencent à s'agacer" : Les limites de la politique du Borussia

On a, il faut le concéder, vérifié dans le dictionnaire. Octuple, nonuple, décuple, facile. Mais après ? Quid si le Bayern, tenant du titre en Bundesliga depuis dix ans, conservait le trophée au terme de la saison qui commence ? Il serait alors, on le confirme donc, hendécuple champion d'Allemagne en titre. Beaucoup, et pas des moindres, aimeraient cependant croire le contraire.
À l'approche de l'été, Lothar Matthäus, par exemple, a exprimé des doutes quant au prolongement du règne bavarois. "Le Bayern ne décrochera pas plus de trois championnats sur les cinq prochaines années", a prophétisé le Ballon d'or 1990. "Je suis confiant sur le fait que le règne du Bayern s'interrompra d'ici trois ans", a avancé dans la même veine Hans-Joachim Watzke, le boss du Borussia Dortmund.
Ses joueurs, Süle, Haller et Bellingham en tête, parlent publiquement de titre. Le long feuilleton du départ de Robert Lewandowski, finalement arraché par le FC Barcelone à la quatrième offre de ce dernier – une cinquantaine de millions d'euros, bonus compris –, mi-juillet, a forcément alimenté l'argumentaire des concurrents. Comment remplacer une machine à buts insatiable, l'homme qui a fait tomber en 2021 le record de Gerd Müller le plus célèbre – 40 buts sur les 34 matches d'une saison de championnat ?
La vigoureuse et précoce campagne de recrutement du grand rival de la Ruhr, le Borussia Dortmund, pouvait aussi constituer un argument en faveur d'une fin de règne bavaroise. Les quatre internationaux Nico Schlotterbeck, Niklas Süle (pour la défense centrale), Karim Adeyemi et Sébastien Haller (pour l'attaque), avec en sus le milieu défensif de Cologne Salih Özcan, viscéralement hostile à la défaite, voilà qui avait de l'allure.
Las, fin juillet, l'annonce de la tumeur aux testicules de l'Ivoirien a jeté un immense froid sur la troupe jaune et noire alors en stage de pré-saison dans la touffeur de Bad Ragaz, aux confins des Grisons. Haller, sous réserve d'une guérison dont les chances sont heureusement réelles, ne réapparaîtra sous le maillot du BvB qu'en 2023. Süle, de son côté, s'est donné une blessure musculaire au premier tour de la Coupe d'Allemagne, le 30 juillet, et sera absent pour l'un des chocs de la reprise de la Bundesliga, à domicile contre Leverkusen, le 6 août.
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Sadio Mané

Crédit: Getty Images

Sammer : "Je suis peut-être rabat-joie…"

Bien avant ces contrariétés, le conseiller du club Matthias Sammer avait déjà alerté, dans les colonnes du bi-hebdomadaire kicker début juillet, contre une euphorie excessive, expliquant par la même occasion l'échec des Jaune et Noir à aller chercher le titre sur la dernière décennie. "Nous devons améliorer l'esprit d'équipe et la constance", jugeait le Ballon d'or 1996, parlant autant du staff que des joueurs.
"Le Borussia Dortmund doit, à l'avenir, placer le thème de la culture de la performance au centre de sa réflexion, y travailler, faire preuve de stabilité. Et pas seulement quand le soleil brille. Nous devons améliorer cela", formulait-il. "Je suis peut-être rabat-joie mais nous devons travailler plus dur sur nous-mêmes. Nous devons apprendre que ce qui est bon n'est pas suffisant dès lors qu'il est possible de faire mieux." Et de conclure : "Il faut donner à l'adversaire le sentiment que le Borussia Dortmund n'abandonne jamais." Soit très exactement ce qui fait depuis des décennies la force du... Bayern Munich. Facile à dire.
Cette fameuse "culture de la gagne" se décrète-t-elle du jour au lendemain ? Marco Reus et Mats Hummels peuvent-il en faire davantage dans le leadership, sur et en dehors du terrain ? Le nouvel entraîneur Edin Terzic, réputé pour ses qualités humaines, peut-il transformer une troupe de dilettantes en groupe soudé et mentalement solide ?
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"Les supporters de Dortmund commencent à s'agacer" : Les limites de la politique du Borussia

Sammer aimerait voir, autour de Reus et Hummels, un axe fort se constituer avec Kobel, Schlotterbeck ou Bellingham, tous trois effectivement performants la saison passée dans leurs clubs respectifs. Jürgen Kohler, autre champion du monde 1990, estime même qu'avec l'arrivée de Süle et Schlotterbeck, l'objectif affiché par Dortmund ne peut être que le titre. "De belles paroles ne rapportent pas de point", lui rétorque Watzke.
"Le concept, le capital, la compétence, tout cela fait que la domination du Bayern demeurera", scande en écho l'ancien patron du Bayer Leverkusen Reiner Calmund. La fameuse constance après laquelle tout le monde court, en vain, pour rattraper les Munichois. "Si nous continuons sur notre lancée, nous devrions pouvoir gagner le titre d'ici 2032", ironise Oliver Mintzlaff, le boss du RB Leipzig, giflé 5-3 chez lui par le Bayern à l'occasion de la Supercoupe d'Allemagne, le 30 juillet. "Pour cela, il nous faut des performances solides et de la constance. Une saison parfaite de la première à la dernière journée." En conservant cet été ses meilleurs éléments, au premier rang desquels Christopher Nkunku et Dani Olmo, le club de la Saxe a joint, au moins, l'acte à la parole. De là à en faire un favori pour le titre...
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Mats Hummels

Crédit: Getty Images

Les chances du Borussia ? Nulles !
Car baigné dans sa culture du succès, le Bayern ne s'en renouvelle pas moins. Säbener Strasse, les dirigeants ont compris qu'après dix ans de titre(s), il fallait du "sang frais", selon les mots du nouveau président Oliver Kahn. Débarqué de Liverpool pour une quarantaine de millions d'euros (bonus compris) grâce à la cour menée sans relâche par le directeur sportif Hasan Salihamidzic, le Sénégalais Sadio Mané, qui peut jouer dans l'axe, va quoi qu'il arrive revitaliser la concurrence entre Kingsley Coman, Leroy Sané et Serge Gnabry – ce dernier s'est d'ailleurs dit "soulagé" de la prolongation de son contrat jusqu'en 2026.
Le Néerlandais Ryan Gravenberch, en provenance de l'Ajax, va non seulement compenser le départ de Corentin Tolisso, mais aussi l'absence momentanée de Leon Goretzka (opéré du genou cet été pour une absence estimée à 6 à 8 semaines), et offrir à Marcel Sabitzer un nouveau défi pour s'imposer dans ce secteur, si l'Autrichien reste. L'arrivée du Marocain de l'Ajax Noussair Mazraoui, libre, va doper la concurrence à Benjamin Pavard, voire compenser son éventuel départ.
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Sadio Mané

Crédit: AFP

Et celui de Lewandowski constitue, dans cette logique d'aggiornamento, un accélérateur : pour Julian Nagelsmann, qui ne demande que cela, ce transfert emblématique offre de fait un plus grand éventail tactique, une plus grande mobilité, une plus grande capacité de mouvement et de pressing. Tout ce qu'il a toujours développé à Hoffenheim puis à Leipzig lorsqu'il y officiait. Sauf qu'ici, la pression, en particulier cette saison, sera autrement plus forte.
"Les chances que le Borussia devance le Bayern en fin de saison ? Nulles !", résume pourtant sans hésiter un confrère proche du BvB. "Même avec Haller, j'aurais dit cela. Raison de plus sans... Les Bavarois, en investissant nettement plus que Dortmund, ont encore une fois accru l'écart avec leurs concurrents. Et ce n'est pas le départ de Lewandowski qui y changera quoi que ce soit." Celui d'Erling Haaland, en revanche, pourrait être plus difficile à masquer côté Dortmund avec le seul Youssoufa Moukoko (17 ans) à ce poste en attendant le retour de Haller, en dépit des nombreuses autres options offensives dont dispose Terzic.
Meilleur que le Liverpool de Klopp
Reste, en Bavière, la question de la défense. Le Bayern a été davantage marqué par le départ de David Alaba qu'il n'aurait voulu l'admettre. L'Autrichien menait la défense avec charisme, la poitrine et la voix hautes. Il est parti vers le Real et y a illico remporté la Ligue des champions pour la troisième fois, laissant dans l'arrière-garde munichoise un trou béant. Le Bayern pensait combler ce dernier en ouvrant son portefeuille – 42,5 M€ pour attirer Dayot Upamecano après avoir déboursé près du double pour Lucas Hernandez – mais, jusqu'ici, ça n'a pas suffi. Aujourd'hui, les dirigeants bavarois et leur entraîneur clament vouloir faire du jeune Matthijs de Ligt, 22 ans, qu'ils courtisaient depuis 2019, le nouveau chef de la défense.
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Pourquoi le Bayern ne regrettera pas Haaland

Si sa prestation d'une incommensurable lenteur, fin juillet en Supercoupe contre Leipzig, ne suffit pas à le draper de doutes, la question de sa maturité et de sa relative inexpérience se pose néanmoins. Certes, Barry Hulshoff, décédé il y a deux ans, était pour lui un mentor idéal – le stoppeur de l'Ajax avait remporté trois Ligue des champions consécutives de 1971 à 1973. Certes, de Ligt a passé trois saisons à la Juve après avoir porté le brassard à l'Ajax et débuté en équipe nationale si précocement qu'il faut remonter à 1945 pour trouver une telle jeunesse chez les Oranje. Mais, en Italie, il gambadait avec des Chiellini ou des Bonucci à ses côtés et cela ne lui a pas permis pour autant de trouver une constance pourtant bien utile à ce poste.
Même pour le Bayern, l'exercice 2022-2023 est un pari. Simplement plus mesuré que pour ses concurrents, moyens obligent. "Pour ses adversaires, le Bayern sera plus imprévisible encore", esquisse le chef de la rubrique football du Sport Bild Christian Falk. "Son système de jeu rappelle le style de Jürgen Klopp à Liverpool. Le Bayern me fait penser à un nouveau Liverpool, de Ligt pouvant, comme chef de la défense, prendre l'importance d'un van Dijk. Le groupe n'est pas seulement meilleur que la saison dernière, il est meilleur que celui du Liverpool de Klopp."
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237 millions, De Ligt, Mazraoui : Pavard en danger au Bayern ?

À Dortmund, si l'on ne prétend pas être meilleur que l'original, on ne s'en inspire pas moins intensément du Bayern, bien que l'on affirme le contraire. Hummels et Süle y ont joué. L'entraîneur adjoint Peter Hermann y a officié. Matthias Sammer également. Le BvB, comme le Bayern le fait régulièrement, a accentué son recrutement “deutsche Qualität”, enrôlant cinq joueurs du pays, ce qui ne lui était pas arrivé depuis 1998. Et sur des contrats de longue durée (2026 pour les uns, 2027 pour les autres), pour chercher la fameuse continuité qui lui manque tant pour rivaliser. Avec Harry Kane dans le viseur pour 2023, le Bayern regarde lui aussi vers l'horizon. Mais il a un coup d'avance : en remportant fin juillet la Supercoupe, il a déjà un trophée dans l'armoire cette saison...
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